Entreprise
Equip’agri change de génération et de gouvernance

La coopérative ouvrière de distribution de matériel agricole change de gouvernance en passant la main à une nouvelle génération d’associés.

Equip’agri change de génération et de gouvernance
Devanture de la base de Beaulieu. De gauche à droite Bernard Lapierre et Béatrice Marin, deux des cinq associés coopérateurs à l’origine d’Equipagri, à leur droite, Quentin Thoniel et Aurélien Pachot, les nouveaux co-gérants.

L’originalité de l’entreprise Equip’Agri réside dans son organisation sous forme de coopérative et non pas capitalistique comme la plupart des entreprises du machinisme agricole.

C’est en effet l’histoire pour le moins singulière du parcours de quatre salariés d’une concession de matériels agricoles de la région de Saint-Marcellin qui se retrouvent au chômage, début 2006. La marque Case disparaissait brutalement du secteur. Quelques mois plus tard, adossée au site du constructeur de matériel noix AMB, à Beaulieu, naissait la nouvelle concession d’associés au sein d’une société coopérative ouvrière de production (Scop). Elle était composée de cinq membres, Bernard Lapierre, chef d’atelier et cogérant avec Béatrice Marin et Brigitte Guiguet au secrétariat comptable, Franck Effantin, responsable du magasin et enfin Philippe Rousset. Tous retrouvant leurs fonctions d’avant, alors que Philippe Rousset, directeur de la société des Ateliers Mécanique de Beaulieu n’avait pas de rôle opérationnel, mais une fonction de support.

Installée au milieu des ramasseuses à noix

Les premiers pas de l’entreprise furent modestes. Les cinq compères s’installèrent au beau milieu de l’atelier de révision des ramasseuses à noix et obtenaient la confiance de la marque Case pour redistribuer leurs produits sur le secteur vacant. Très vite, l’alchimie de la volonté des cinq quadragénaires, d’une gestion d’associés coopérateurs rigoureuse et la mise en place d’une concession légère ont bien fonctionné. Quelques années plus tard, sur le même site, étaient construits de nouveaux bâtiments entièrement dédiés à la concession, afin de redonner du large aux ateliers de révision du matériel à noix…

Bien partie, la Scop ouvrait une deuxième base à La Côte-Saint-André en 2011 et intégrait de jeunes salariés, pour arriver aujourd’hui à un rythme de croisière de 23 collaborateurs.

Deux trentenaires aux commandes

La forme coopérative ouvrière permet d’embaucher des salariés associés. S’ils le souhaitent, ils peuvent détenir du capital social de l’entreprise, avec bien sûr l’assentiment des gérants. C’est ainsi que parmi les embauches au fil des années, deux jeunes se sont distingués : Quentin Thoniel qui a été recruté en 2011 comme vendeur et Aurélien Pachot, qui travaille à l’atelier. Tous deux ont été nommés comme cogérants d’Equipagri en juillet 2022, en remplacement de leurs aînés.

Après un an de gouvernance avec l’appui des initiateurs, le relais s’est bien passé. Le binôme travaille aux côtés de leurs aînés tout en insufflant le dynamisme de leur jeunesse pour porter l’entreprise encore plus loin avec des projets plein la tête qui devraient naître dans les prochains mois.

Démarrer en pleine crise de la noix

L’entreprise n’est pas nouvelle avec ses dix-sept ans de fonctionnement, mais pour les deux jeunes dirigeants, démarrer leur gouvernance en pleine crise de la noix en étant justement située au cœur du bassin de production, représentait un défi supplémentaire. Heureusement, 2022 avait commencé sous de bons augures : « Quant à 2023, nous avons quelques difficultés en secteur noix, bien évidemment et des problèmes de livraisons. Nous attendons notamment un tracteur de forte puissance depuis des mois parce que les manufacturiers de pneus ne peuvent pas fournir la monte nécessaire, mais les difficultés, c’est un peu le quotidien de n’importe quelle entreprise… », analyse Bernard Lapierre.

Le suspens des nouveautés sera à découvrir à Beaucroissant, ce week-end, où la Scop exposera son matériel sur un stand partagé avec Mécagri, leur collègue du Nord-Isère.

Roland Saint-Thomas