Depuis quelques jours, les cas de fièvre catarrhale ovine se multiplient en Isère, avec des mortalités à la clé. La désinsectisation est une première réponse d'urgence.
Instants critiques pour l’élevage isérois : la fièvre catarrhale ovine (FCO) et son variant 8 font des ravages dans le département. La maladie peut toucher les ovins comme les bovins. « Les mortalités concernent les deux espèces », confirme Aurore Tosti, directrice du GDS Isère. Les chiffres d’animaux touchés ne sont pas encore connus, mais un éleveur aurait perdu 15 de ses bovins depuis jeudi dernier. Jean-François Gourdain, éleveur à Saint-Siméon-de-Bressieux, président de l’association des éleveurs ovins de l’Isère a perdu 25 animaux dans le même laps de temps. « Nous sommes le premier troupeau à avoir été déclaré touché. Le vétérinaire est venu lundi 5 août, il émettait des doutes quant à cette éventualité. Les prises de sang réalisées ont confirmé les craintes de FCO 8, jeudi 8 août. C’est une déflagration. En 24 heures, l’animal peut mourir. Le seul traitement possible est un anti-inflammatoire, mais il n’agit que sur les symptômes, pas la cause. »
Attente
L’éleveur comme l’ensemble de ses confrères se sent démuni. « On ne peut pas vacciner maintenant parce que si la bête est porteuse il y a beaucoup de chance de la tuer. Dès vendredi, nous avons désinsectisé directement tous nos animaux. Il faut donc attendre. Nous vivons au jour le jour et attendons que l’épisode passe pour vacciner le troupeau. »
6 semaines pour l’acquisition de l’immunité
Car une vaccination existe, mais il faut deux injections à trois semaines d’intervalle indique Aurore Tosti. L’immunité est obtenue au bout de 6 semaines. Mais la vaccination doit être entamée avant toute apparition de symptômes. La directrice du GDS rappelle aussi que « la maladie se transmet uniquement par les moucherons culicidés, pas d’animaux à animaux. » Alors pour une protection maximale, l’éleveur peut tabler sur une désinsectisation des bâtiments, des animaux individuellement (bovins ou ovins) et des moyens de transport.
Seul le département de l’Isère semble touché actuellement. Il n’y a pas d’alerte dans les départements voisins.
Jean-Marc Emprin
Une réunion d’information vitale
Mardi 20 août, une réunion d’information est proposée par le Groupement de défense sanitaire de l’Isère (GDS 38) à la mairie de Saint-Siméon-de-Bressieux pour répondre aux interrogations des éleveurs.
Contact : 09 74 50 85 85 ou [email protected]
Les ovins ne seront pas à Beaucroissant
« En ce qui concerne Beaucroissant, les ovins n’iront pas cette année ». Jean-François Gourdain, président de l’association des éleveurs ovins de l’Isère fait part de la décision prise très récemment. « Les mortalités sont importantes et imprévisibles. Un animal qui paraît sain peut être mort en 24 heures. Dans ces conditions, nous ne nous voyons pas prendre ce risque. » Certains ont suggéré l’idée de tenir une buvette et d’expliquer la situation, mais en réalité les éleveurs ont tous le moral dans les chaussettes. « Certains viennent d’investir dans des bâtiments et sont en train de perdre du cheptel. Ça va être dur », poursuit l’éleveur.
Président de l’association des Eleveurs de l’Isère, organisatrice du concours départemental d’élevage du 23 au 25 août, Guillaume Noël-Baron, se montre rassurant : « le concours départemental ne sera pas annulé. Nous avons informé les éleveurs de pratiquer une désinsectisation immédiatement, puis au milieu de la semaine prochaine. Il ne faut pas céder à la panique parce que les rumeurs vont vite. »
Le GDS de l’Isère préconise cette désinsectisation par l’éleveur avec une attestation de sa part comme quoi elle a bien été réalisée. « Nous pouvons fonctionner sur la confiance et la responsabilité des éleveurs parce que tous connaissent l’importance du sujet », souligne Aurore Tosti, directrice de l’organisme.
JME
Signes cliniques de la FCO
La cavité buccale est touchée par des ulcères sur les gencives et la face interne des lèvres, hypersalivation.
œdème de la face : des lèvres, de l’auge, de la langue, des paupières, des oreilles.
Cyanose de la langue : langue bleue
Boiterie et œdème des membres
Forte température : 42°, abattement, anorexie, amaigrissement
Chez les bovins, il peut y avoir des lésions ulcéreuses sur le mufle, des croûtes. Des jetages mucopurulents.
Des éleveurs ont remarqué chez les ovins un comportement anormal pour l’espèce : les animaux s’éparpillent et se tiennent loin les uns des autres.
Une technicienne s’interroge sur la température corporelle élevée et le risque d’infertilité passagère des béliers.
Pour en savoir plus sur la fièvre catarrhale : la FCO en 5 questions
En bref : Yannick Neuder au chevet des éleveurs
Le député Yannick Neuder vient d’indiquer dans un communiqué qu’il « suit avec la plus grande attention la réapparition de l’épidémie de fièvre catarrhale ovine et caprine qui affecte les éleveurs de sa circonscription. En lien étroit avec le préfet de l’Isère et les services compétents, il s’engage à informer et soutenir les éleveurs durement touchés par cette crise sanitaire. »
Il veut « répondre aux alertes formulées par les éleveurs au sujet des mesures d’indemnisation par l’Etat en cas de pertes ou de prise en charge des frais de vaccination mais aussi la conduite à suivre notamment en matière de vaccination. »