Prix de l'excellence agricole et rurale
Pluie d'innovations

Le PEAR connaît un engouement de plus en plus grand au fil de ses éditions car le succès attire le succès. Les innovations et initiatives portées par de nombreuses exploitations montrent le renouveau des fermes iséroises.

Pluie d'innovations
Les lauréats 2022 du Prix de l'Excellence agricole et rurale organisé par Terre Dauphinoise.

C’est dans une ambiance extrêmement joyeuse que le Prix de l’Excellence agricole et rurale s’est déroulé, vendredi 9 septembre en fin d’après-midi sous le chapiteau Agrivillage en plein cœur de la Foire de Beaucroissant.
L’évènement organisé par Terre Dauphinoise a pour objectif de mettre en valeur des candidats désignés par un certain nombre de partenaires du journal.
La manifestation a réuni dix partenaires et bénéficié du soutien de la Région Auvergne-Rhône-Alpes.
« C’est une mise en avant de l’ensemble des métiers liés à l’agriculture et aux conseils dans la filière », affirme Jérôme Crozat, gérant du journal. 

Cercle vertueux

Le premier trophée, celui de la Performance technique et de la transition, a été remis par le Crédit agricole Centre Est à la ferme de Pré Levey. Les trois associés Stéphane Taconnet, Alain et Marine Guinet vendent toute la production à la ferme à Aoste. Ils élèvent 80 mères limousines et des porcs. Les associés cherchent depuis des années à investir dans des bâtiments photovoltaïques, à diversifier ses revenus et à améliorer son efficience avec des investissements techniques lui permettant productivité et rentabilité. « Nous sommes dans une démarche HVE et toujours engagés dans une diminution des intrants, explique Stéphane Traconnet. Mais ce que nous faisons, tous les agriculteurs peuvent le faire, ils méritent le prix autant que nous. » « Il y a des gens qui travaillent bien, il faut le dire haut et fort, souligne Gilles Dumoulin, le représentant du Crédit agricole Centre Est. Dans ce modèle, les anciens ne sont plus aux manettes, mais coachent les jeunes, tandis que ces derniers poussent et bousculent. C’est un cercle vertueux. »

Soleil et eau

Le deuxième prix, celui de l’Innovation en énergie renouvelable a été décerné par le GDS / Agro Direct au profit u Conservatoire des espaces naturels. Le CEN met en œuvre la restauration de sites naturels et remarquables dans le département de l’Isère. Il travaille souvent avec des agriculteurs locaux pour l’entretien ou certaines interventions dans le milieu naturel (pâturage ou fauche). Quatre sites sont gérés directement par le Conservatoire en raison de l’isolement de ces zones protégées. A Panossas, une difficulté d’abreuvement des animaux sur place a été résolue par la mise en place d’une pompe électro-solaire permettant la mise en eau de l’abreuvoir en permanence. Une solution technique et écologique, sans impact sur l’environnement couronnée par Agro Direct et son président Sébastien Simian.

Alléger les investissements

Le troisième prix remis au cours de cette cérémonie, celui de la Performance économique, l’a été par Cerfrance Isère à la pépinière Damien Vivier de Penol. Cette entreprise vend des jeunes plants de vivaces et d’arbustes à des clients professionnels de la France entière. La végétalisation des villes dynamise particulièrement ce marché. La société vient de s’équiper d’une serre de deux hectares sans bourse déliée grâce à la prise en charge de la construction par une société spécialisée dans le photovoltaïque. La serre couverte de panneaux solaires permet à la pépinière de réaliser son activité à l’abri des intempéries, tandis que la société photovoltaïque se rémunère sur la vente de l’électricité pendant 30 ans. La pépinière assure ainsi une sécurité de la production face aux aléas climatiques sans investissement financier lourd. 

Autonomie

Adice et son président ardéchois, Patrick Ribes, ont remis le prix de l’Autonomie alimentaire et protéique à l’EARL des Sim (comme simmental), de Maxence Meunier-Carus. L’exploitation située à Saint-Sulpice-de-Rivoire est à la recherche permanente de l’autonomie alimentaire de son troupeau. Ainsi pâturage dynamique, fabrication d’aliment à la ferme, organisation du travail réfléchie pour optimiser les actions, permettent au jeune exploitant d’atteindre ses objectifs. 

Prévention et contention

Le cinquième prix, celui de la Santé sécurité au travail, a été remis par Françoise Thévenas, présidente de la MSA Alpes du Nord à Marie-Christine Veyret, dont l’exploitation est à Monteynard. 
L’exploitante a réalisé de nombreux aménagements pour faciliter la contention des bêtes lors de soins ou pour améliorer la prévention des accidents lorsque l’éleveur travaille dans son troupeau. « Un regard d’expert est apporté par la MSA qui indique également des moyens de financement publics pour aider les aménagements préconisés », explique la présidente de la MSA. L’exploitation va être reprise par le fils de l’exploitante en 2023, actuellement salarié de la ferme.

Filières complémentaires

C’est la coopérative Oxyane qui a octroyé le prix de la Complémentarité de l’autonomie alimentaire régionale. Les éleveurs recherchent des fourrages (matières protéiques), surtout avec la pénurie consécutive à la sécheresse. Les producteurs de maïs, eux, ont fait davantage d’ensilage que d’accoutumée en raison de la sécheresse. Ils ont trouvé des débouchés chez les éleveurs locaux. Des solutions locales pour des problématiques locales. Jean-Yves Collomb souligne cette complémentarité entre éleveurs et céréaliers qui permet d’éviter la décapitalisation des animaux tout en faisant travailler des agriculteurs à proximité. La coopérative va mettre en place des circuits de luzerne ou issus de la trituration du soja dont une usine va apparaître à La Côte-Saint-André.

Vie facilitée

Le septième prix a été proposé par Groupama Rhône-Alpes Auvergne au profit de Denis Joubert, dans le cadre de l’Innovation dans la prévention des risques. Seul dans l’élevage, le jeune éleveur a opté pour l’installation d’une contention fixe lui permettant de soigner ses animaux avec de moindre risque d’accident. « Il est important de se faciliter la vie, de faire attention à soi et de jouer également sur le bien-être animal par la même occasion », indique l’éleveur. 

Insuffisance de production

Un nouveau venu comme partenaire dans le PEAR a remis le trophée de la plus Forte progression commerciale collective à l’Association des viandes agropastorales. L’association œuvre depuis plusieurs années à trouver des débouchés aux agneaux produits dans les fermes ovines iséroises. Action bénéfique mais dont le véritable envol a été pris lors de l’adhésion de l’association au Pôle agroalimentaire. Ce dernier trouve des débouchés dans la restauration collective ou les grandes et moyennes surfaces. Pari gagnant car de cinq agneaux par semaine, la demande est passée, grâce à la force de persuasion de Céline Royer, commerciale du PAA, à 35 agneaux par semaine. « Nous n’avons plus assez de production pour satisfaire toutes les demandes, alerte Roland Bouvier, président de l’Association des viandes agropastorales. Tous les éleveurs ovins peuvent nous contacter, nous les attendons. » Les bêtes certifiées « Agneau d’alpages » n’ont eu que du lait de leur mère et de l’herbe d’alpage comme nourriture. Ils sont abattus et commercialisés en ce moment pendant quelques semaines lors des descentes des pâturages d’altitude. Ensuite, les agneaux qui broutent dans les vallées sont commercialisés sous la dénomination « Agneau de nos fermes ». 

Allonger la saison

Le neuvième trophée a été remis par le Crédit agricole Sud Rhône-Alpes au titre d’une « Stratégie innovante » au profit de Thomas Rozier, installé en 2022 avec son père dans une exploitation fruitière, maraîchage et petits fruits à Anjou. Les deux exploitants ont investi dans une serre multi chapelle de 7 500 m2 et dans des équipements en Tubutub. Ces derniers servent à stocker de la chaleur solaire au plus près des rangées de légumes afin de la restituer la nuit. La serre permet également de mieux maîtriser les conditions climatiques pour une partie de la production. 

Une filière sort de terre

Enfin le dernier trophée, celui de l'Initiative collective, création de filière, a été remis par la Chambre d’agriculture de l’Isère à l’association Terre d’Isère, une association de producteurs de pommes de terre. La volonté de développer cette filière spécialisée les a fait se rapprocher du PAA afin d’avoir un appui dans la commercialisation. La commerciale, Céline Royer, a travaillé avec eux sur des emballages mieux adaptés à la demande. La commercialisation connaît une vraie progression passant à 20 tonnes de tubercules écoulés en 2021 à près de 100 tonnes prévues pour la prochaine saison.  

JME

Cet événement a bénéficié du soutien de la Région Auvergne-Rhône-Alpes