Noix
Une rentabilité retrouvée grâce au trieur optique

En réponse à de nouveaux besoins, les associés du Gaec de Grande grange à Saint-Bonnet-de-Chavagne ont fait l'acquisition d'un trieur optique utilisé lors de cette campagne pour le tri des noix sèches et des cerneaux.
Une rentabilité retrouvée grâce au trieur optique

A l'échelle de l'exploitation, c'est une petite révolution que la famille Martin, installée à Saint-Bonnet-de-Chavagne, est en train de vivre. Ce n'est pas la première. La plantation des noyers à la place des cultures de maïs et de tabac dans les années 1990 fut déjà un changement d'envergure. Mais quand même. L'arrivée d'un trieur optique  dans la chaîne de production de noix représente une nouvelle avancée dans le développement de l'exploitation nucicole.

Pallier la main-d'oeuvre

« C'est un matériel dont nous avions besoin pour pallier un problème de main-d'œuvre», explique Jean-Pierre Martin, associé du Gaec de Grande grange, avec son frère Philippe et son fils, Raphaël. Jusqu'à présent, la récolte de noix s'est toujours faite en famille. Mais l'arrivée en production de nouvelles parcelles plantées, qui a généré une augmentation des volumes (98 tonnes ramassées cette année malgré 30% de pertes), a conduit les Martin à réfléchir à l'évolution de leur exploitation. « Nous avons préféré l'acquisition d'un trieur optique à l'embauche de personnel. C'est plus rentable, car nous pouvons l'amortir sur le long terme. Et nous pouvons l'utiliser pour le tri des noix sèches comme des cerneaux ».

A la recherche d'un matériel performant, disposant d'une capacité de débit suffisante, et d'un service après vente et de proximité, les associés du Gaec de Grande grange ont acheté leur trieur optique auprès des Etablissements Rousset à Beaulieu. « En compagnie d'une personne qui l'alimente et d'une autre qui supervise le tri effectué à l'arrière, le trieur optique que nous avons choisi est capable d'absorber trois tonnes/heure de noix sèches », précisent Jean-Pierre et Philippe Martin. La machine remplace le travail de quatre à sept personnes selon les moments. Pour optimiser son utilisation et sa durée de vie, le trieur a été installé à l'abri d'un hangar propre et sec dans une partie protégée du soleil et des variations de luminosité. Equipé de 200 programmes types qui peuvent être facilement ajustés manuellement, l'outil a donné satisfaction aux nuciculteurs du Gaec, lors de cette première campagne d'utilisation en noix sèches. La mise en place du trieur leur a fait gagner un temps considérable, puisqu'ils n'effectuent plus aucun tri de noix fraîches. Quand elles arrivent dans l'exploitation, toutes les noix ramassées intègrent la chaine de lavage, puis de séchage. Le tri n'est réalisé qu'une seule fois par le trieur optique. La qualité du produit demeure. « Faisant partie du groupe Sica Noix, nous commercialisons notre production à différents metteurs en marché de la région, et notamment à Coopenoix à Vinay. Nos premières livraisons étaient noté à 98 % de blanc et entre 0 et 1 % de déchets », indique Philippe Martin.

Impressionnant

Début novembre, le trieur optique n'a pas terminé sa saison. Il commence le tri des cerneaux. Car si les Martin ont fait son acquisition, c'est aussi parce qu'ils ont intégré dans leurs perspectives de développer la vente d'un volume plus important de cerneaux. De cinq tonnes vendues il y a cinq ans, ils sont passées à vingt tonnes l'année dernière et envisagent d'en commercialiser 30 à 40 dans les années à venir. « Vu le prix de vente de la noix en coque et sa baisse de consommation, nous estimons que le cerneau peut être à l'origine d'un nouveau débouché intéressant. A condition de ne pas y passer trop de temps », explique Jean-Pierre Martin. Les premiers moments d'utilisation du trieur optique sur les cerneaux s'avèrent plutôt concluants. « Ce que nous trions habituellement en une semaine à trois, la machine le fait en deux heures », expose Philippe. « Le gain de temps est impressionnant ». La valorisation du produit aussi. Car tous les écarts de tri et les sous calibres sont intégrés. Leur difficulté maintenant est d'arriver à alimenter la machine. Une nouvelle réflexion doit donc être conduite pour améliorer le cassage qui ne va plus assez vite au regard des capacités du trieur optique et de leurs perspectives d'évolution.

Isabelle Brenguier

Stockage et recyclage des eaux de lavage

« Nos priorités d'investissement aujourd'hui ne sont plus celles d'il y a dix ans. Elles correspondent aux attentes de la société », indique Jean-Pierre Martin du Gaec de Grande grange, à Saint-Bonnet-de-Chavagne. D'oú l'investissement réalisé l'an dernier dans un bassin de stockage des eaux de rejet.
Les noix récoltées dans l'exploitation des Martin suivent un parcours relativement classique. Elles sont déposées dans une fosse de réception, envoyées dans une pré-laveuse, puis dans un ébrancheur, un bac-à-pierre, des laveuses-jumelées écalleuses, et une soufflerie qui enlève tous les corps étrangers. Elles passent ensuite sur un premier tapis de triage, puis montent dans les tours de séchage. Leur parcours prend fin lors de leur passage au trieur optique qui sépare les bonnes des mauvaises.
Encadré
Les Martin ont fait construire un bassin de stockage des eaux usées et mis en place un système de recyclage.
Encadré Les Martin ont fait construire un bassin de stockage des eaux usées et mis en place un système de recyclage.
La singularité de ce parcours provient de l'eau utilisée, car une bonne partie est recyclée. « Auparavant, nous avions des problèmes de rejet d'eau. Pour les pallier, nous avons voulu mettre notre installation aux normes. Nous avons donc fait construire un bassin de stockage de ces eaux usées (en béton pour qu'il soit plus pérenne) et mis en place un système de recyclage. Cette nouvelle façon de procéder nous a permis de diminuer notre consommation d'eau et de réduire au maximum la pollution engendrée », explique Jean-Pierre Martin. En pratique, la pré-laveuse utilise de l'eau recyclée. Il n'y a qu'en fin de chaîne, au moment oú les noix passent dans les laveuses, que les Martin emploient de l'eau potable. L'économie réalisée est conséquente. Avant d'être équipés de la sorte, ils consommaient, chaque saison, entre trois et quatre mille mètres cube d'eau. Cette année, leur compteur a chiffré 192 mètres cube. L'eau stockée dans les bassins est aussi revalorisée, puisqu'elle est épandue dans les parcelles et sert de fertilisants. L'installation d'un montant global de 69 000 euros a été subventionnée à hauteur de 40 % par l'Union européenne.
IB