Filière bois
Le plan forêt-bois reconduit

Morgane Poulet
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A l’occasion de la visite de la scierie Bois du Dauphiné, au Cheylas, Philippe Meunier, vice-président de la Région Auvergne-Rhône-Alpes, a présenté le nouveau plan forêt-bois.

Le plan forêt-bois reconduit
Marinette Feuillade, de Fibois Auvergne-Rhône-Alpes, Michel Cochet, président de Bois du Dauphiné et Philippe Meunier, vice-président de la Région.

Le plan forêt-bois 2017-2022 a été reconduit pour les années 2023-2027. Après avoir bénéficié d’un peu plus de 52 millions d’euros de fonds régionaux, dont 15 millions d’euros provenant du fonds européen Feader, 51 millions d’euros seront octroyés au plan, dont 25 millions du Feader.
Lors de la visite de la scierie Bois du Dauphiné, Philippe Meunier, vice-président de la Région Auvergne-Rhône-Alpes, a annoncé les objectifs du nouveau plan forêt-bois.
 
Gestion pérenne
 
Il s’agit de protéger et de gérer durablement les forêts en prévenant les incendies, notamment en installant des points d’eau, en réalisant des pistes avec une bande coupe-feu pour l’accès aux pompiers ou bien en installant des équipements de surveillance des massifs. Ce dispositif, qui est nouveau, complètera ceux déjà mis en place : effectuer des travaux sylvicoles dans les forêts publiques comme privées devant favoriser la production d’un bois de qualité et élaborer un document de gestion durable. Pour les propriétaires privés, ce document définit les objectifs de gestion de la forêt, planifie un programme précis de coupes et de travaux inscrit sa gestion forestière dans la règlementation.
 
Logistique adaptée
 
Pour mobiliser plus et mieux les bois des massifs de la région, il s’agira d’investir dans les entreprises forestières, notamment en soutenant l’acquisition de grumiers, d’abatteuses, de porteurs forestiers, de débusqueurs ou encore d’équipement de production de bois énergie. « Les entreprises de travaux forestiers (ETF) sont très importantes, explique Philippe Meunier. C’est pourquoi la Région accompagne leur création à hauteur de 50 % des coûts pour une ETF installée depuis un an et jusqu’à un plafond de 10 000 euros. Il est possible de faire une deuxième demande d’aide, mais les 10 000 euros s’applique aux deux années. Cette aide est bonifiée à hauteur de 60 % si l’ETF est nouvellement installée. » Pour investir dans son entreprise de travaux forestiers manuels, des aides seront aussi apportées pour l’achat de petits matériels de qualité, comme des tronçonneuses et des élagueuses. Des dessertes forestières doivent aussi être créées et, deuxième nouveauté du plan, la Région s’engage à maintenir une exploitation par câble forestier. Les deux tiers de la forêt d’Auvergne-Rhône-Alpes étant située en zone de montagne, la Région souhaite que les dernières entreprises de débardage de bois par câble aérien soient maintenues. Les Alpes sont principalement concernées par cette mesure.
 
Valorisation du bois
 
Pour valoriser le bois régional avec des outils de transformation adaptés à la ressource locale, il s’agit pour la Région de continuer l’aménagement des plateformes logistiques en encourageant celui de zones de stockage ou bien en arrosant les bois. Pour investir dans les scieries, la Région propose également de soutenir l’investissement de ces entreprises pour maintenir leur compétitivité tout en les incitant à aller vers plus de valeur ajoutée. A ce titre, les scieries peuvent bénéficier de 20 % d’aides du Feader sur leurs coûts si le bois utilisé provient de la région et de 30 % d’aides proportionnelles à leurs coûts si le bois prélevé est celui de feuillus ou de sapins. « L’objectif est de valoriser ce type de bois qui l’est actuellement assez peu », précise Marinette Feuillade, déléguée générale de Fibois Auvergne-Rhône-Alpes.
L’investissement dans les entreprises de seconde transformation du bois est également prévu pour accompagner les menuisiers, les constructeurs bois ou encore les charpentiers dans l’achat de matériel productif. L’objectif est de les inciter à valoriser le bois local.
 
Construction locale et innovation
 
La Région souhaite soutenir les projets de construction ou de rénovation qui valorisent le bois local. Mais il s’agit aussi pour elle de soutenir des projets partenariaux en matière de progrès, comme des expérimentations, de la recherche et de l’innovation. Elle s’engage à financer des projets de recherche et d’innovation ayant des enjeux collectifs jugés intéressants pour la filière bois.
« En ce qui concerne le réchauffement climatique, nous travaillons sur les essences à planter, ajoute Philippe Meunier. Il faut absolument anticiper cela, il faut donc planter des essences multiples pour ne pas miser sur une mauvaise, car nous ne nous en rendrions compte que bien trop tard. »
 
Favoriser les stratégies locales
 
Pour déployer une stratégie locale de développement, il faudra soutenir les stratégies territoriales de développement de la filière, par exemple par le biais de la mise en place de chartes forestières. Les acteurs forestiers du territoire doivent être mis en relation pour garantir ce développement.
Enfin, pour soutenir des programmes portant une ambition régionale, la Région Auvergne-Rhône-Alpes souhaite financer la mise en œuvre de plans d’actions opérationnelles, comme l’appui aux ETF et la mise en place d’un réseau de suivi d’essences forestières.

Morgane Poulet

Bois du Dauphiné

Chaque année, la scierie prélève 200 000 mètres cubes de bois en Auvergne-Rhône-Alpes. Il s’agit de sapins et d’épicéas à 80 % et de douglas à 20 %, « car c’est ce que l’on trouve le plus dans les Alpes », précise Michel Cochet, président de Bois du Dauphiné et de Fibois Auvergne-Rhône-Alpes.
Ces arbres sont principalement achetés sur pied et la scierie travaille avec l’ONF, différentes coopératives et propriétaires forestiers. Elle réceptionne les bois et ils sont payés grâce à un cubeur certifié qui détermine la configuration du bois – son diamètre par exemple – ainsi que ses singularités. Le bois est ensuite coupé en billons, triés par essence et sa qualité est vérifiée, de même que son diamètre.

La forêt française

2 600 000 hectares, soit 36 % du territoire
Plus de 20 000 entreprises
64 000 emplois
80 % des forêts sont privées et appartiennent à plus de 650 000 propriétaires
2/3 des forêts se situent en zone de montagne