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Changement de style, mais pas de ligne à la tête du CING

Marianne Boilève
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Arnaud Rivière. Le négociant de Vinay succède à Yves Borel pour présider le Comité interprofessionnel de la noix de Grenoble.

Changement de style, mais pas de ligne à la tête du CING
Élu à la présidence le 4 juin, Arnaud Rivière réamorce l'alternance entre producteurs et négociants à la tête du CING, évolution souhaitée par Yves Borel.

Après quatre mandats comme vice-président du CING, vous prenez la suite d'Yves Borel. Comment vous définiriez-vous ?

J'ai 39 ans et suis fils de négociant. J'ai toujours baigné dans le milieu de la noix, mais comme commerçant. Mon père a monté son entreprise en 1983. J'y suis entré en 2003, mais ne gère l'entreprise familiale que depuis une dizaine d'années. Dans la famille, nous avons toujours travaillé pour faire avancer la noix de Grenoble au quotidien. Mon père a été président du CING avant Yves Borel. Yves souhaitant jouer l'alternance à la tête du CING, il a fait évoluer les statuts de façon à ce que la présidence soit assurée à tour de rôle par les producteurs et les metteurs en marché. Il y a quatre ans, quand la question de la succession d'Yves Borel s'est posée, je me sentais trop jeune pour assurer la présidence. J'ai préféré être vice-président, le temps d'accumuler de l'expérience, de connaître les équipes et de me familiariser avec les dossiers.

Votre élection à la présidence de l'interprofession marque-t-elle un changement d'époque, ou tout au moins une nouvelle manière de voir les choses ?

Non, car la noix reste un produit de terroir. C'est toujours le même : ce n'est pas un produit innovant. Mais le monde qui l'entoure change. Il faut s'adapter, tenir compte de nouvelles contraintes et de nouvelles perspectives. L'ancienne génération n'était peut-être pas très à l'aise avec certaines choses, comme la digitalisation ou la dématérialisation. Le bureau, qui a été renouvelé et rajeuni, va porter de nouvelles idées pour faire évoluer l'organisation du travail. Mais pour ce qui est du produit que nous défendons, nous restons dans la droite ligne de nos prédecesseurs. Quand on lit le livre d'Edouard Lynch sur l'histoire de l'appellation, on voit bien que le produit est resté le même depuis 140 ans. On produit plus, la production est plus mécanisée, mais la noix est toujours la même.

Quels sont les dossiers chauds du moment ?

Notre première préoccupation, c'est la rémunération des producteurs. Il faut qu'ils puissent vivre de leur métier. Les cours mondiaux n'aident pas. Malgré tout, le fruit sec reste tendance. A une échelle plus locale, nous devons également prendre en compte la pression des riverains. Il faut trouver des terrains d'entente pour que chacune des parties - les producteurs comme les riverains - puisse y trouver son compte. La charte de bon voisinage, plus restrictive que la réglementation elle-même, est un premier élément de dialogue. Il faut continuer d'aller dans ce sens. Mais aussi expliquer que la conversion au bio n'est peut-être la seule option à poser sur la table. Il faut en effet veiller à ne pas arriver à une surproduction de bio, car les prix risquent de ne pas suivre. On constate malheureusement que les marchés de la noix bio ne s'ouvrent pas aussi vite que le rythme des conversions. Le problème, c'est qu'on a déjà un signe de qualité avec l'AOP. Le consommateur n'est pas forcément prêt à payer plus cher pour un produit AOP bio. Nous subissons par ailleurs une concurrence très rude des pays de l'Est. Il faut donc être vigilant.

Comment envisagez-vous l'avenir ?

Nous menons de front plusieurs dossiers de fond. Il y a bien sûr la révision du cahier des charges qui permettrait de faire rentrer dans l'appellation la variété Fernor, plus productive et d'un calibre plus conforme au standard mondial. Nous menons aussi des travaux pour renouveler l'inventaire verger, dont une partie est vieillissante et très abîmée, et mettre au point une nouvelle méthodologe de prévision de récolte. Nous travaillons également sur le plan filière activé en début d'année et sur l'ouverture de nouveaux marchés avec le developpement de la certification environnementale.

Et comment se présente le marché cette année ?

L'horizon s'éclaircit. Le Chili a une jolie récolte, les prix ont l'air de se stabiliser. Les noix américaines ont également l'air de bien se maintenir. Ça laisse présager une reprise économique. Si on évite une nouvelle crise sanitaire à l'automne, le marché va repartir de façon correcte.

Propos recueillis par Marianne Boilève

 

Le conseil d'administration du CING

Président : Arnaud Rivière
Vice-Président : Julien Borel
Secrétaire : Rémi Picat
Trésorier : Grégoire Limone

Section interprofessionnelle

Producteurs : Rémi Picat, Yves Renn, Jean-Luc Revol
Metteurs en marché : Marc Giraud, Grégoire Limone, Arnaud Rivière

Section ODG

Producteurs : Julien Borel, Bernard Gaillard, Christian Nagearaffe
Metteurs en marché : Thierry Arnaud, Guillaume Cael, Sébastien Desbrus