Initiative
Vercors : fédérer les agriculteurs du plateau

Isabelle Doucet
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Pour relancer la dynamique agricole du Vercors et porter leurs projets, une nouvelle association va être créée par et pour les agriculteurs du plateau.

Vercors : fédérer les agriculteurs du plateau
Dans le Vercors, les agriculteurs, toutes générations confondues, disent leur volonté de partager des projets communs.

Les choses bougent dans le Vercors.
Toutes générations confondues un groupe d’agriculteurs s’est réuni, mercredi 4 janvier à Villard-de-Lans, bien décidé à relancer une dynamique sur le plateau.
Leur objectif est de fédérer un maximum de professionnels pour porter des projets en commun, pour mieux se connaître et aussi mieux communiquer.
« On voulait faire cette réunion depuis deux ans », expliquent Guy Durand et Patrick Gaillard, les présidents de syndicats agricoles locaux de la FDSEA de l'Isère.
Autour de la table, de nombreux JA ont fait part de leur motivation. Il faut dire que depuis 2016, les jeunes agriculteurs du Vercors ont de leur côté réussi à reconstruire un réseau que d’autres territoires leur envient.
Un nom a été avancé pour cette nouvelle entité : Association des agriculteurs des Quatre montagnes. Les pistes de travail sont nombreuses.

Du concret

Installation de panneaux photovoltaïques et appels d’offres groupés, achats groupés de paille, de carburant, foncier, production laitière, installation, lien social font partie des thèmes transversaux.
Les JA apportent leur pierre à l’édifice : « On a monté un syndicat avec pour objectif de quantifier les départs à la retraite, les installations, anticiper le manque de lait à Vercors lait, avance de son côté Dylan Rochas. Les installations dans le secteur sont compliquées en raison du coût du foncier et des problèmes de logement. »
Autant de questions sur lesquelles les agriculteurs veulent rester partie prenante.



« Notre projet commun, insiste Quentin Argoud-Puy, est de faire survivre l’agriculture sur le plateau. »
Alain Francoz, qui est aussi élu à Engins, ajoute : « Il faut du concret, il ne s’agit pas seulement de se réunir ».
Les quinze agriculteurs présents ont fait part de leur souhait de travailler avec les élus et la Communauté de communes du Massif du Vercors.
La rencontre s’est d’ailleurs déroulée en présence de Jean-Paul Uzel, adjoint à Villard-de-Lans en charge de l’agriculture et Lorraine Agofroy, conseillère communautaire. « Les agriculteurs ont beaucoup d’idées et nous avons besoin de les formaliser avec la communauté de communes », reprend Guy Durand.

Adhérer et être actif

Fédérer, attirer le plus grand nombre, certes, mais en restant pragmatique. Lors du débat, les initiateurs font valoir les avantages pour que le syndicat majoritaire reste support.
« On ne communique pas assez pour inciter les jeunes à adhérer et à être actifs, déclare Quentin Argoud-Puy. Ne pas cotiser, c’est un manque de prise de conscience », estime-t-il.
« Les JA bénéficient du service juridique de la FDSEA, cite en exemple Dylan Rochas. Et le jour où j’ai un problème, la FDSEA répond ».
« Quelle que soit la structure, s’il y a un intérêt pour les exploitations, tout le monde adhérera »
, reprend Alain Francoz. Sur le plateau, il s’agit plus de défendre des intérêts communs, que de faire de la politique.
Là où les plus anciens apportent leur expérience, les plus jeunes défendent l’utilisation d’outils numérique comme WhatsApp qui apportent une plus grande réactivité dans l’action.
Organiser une mobilisation en 48 heures, faire une veille des vols dans les fermes et prévenir la gendarmerie, organiser l’entraide : « C’est aussi un outil de la vie de tous les jours », déclare Quentin Argoud-Puy.
Le message est passé. Tous les agriculteurs présents ont prévu d’organiser une nouvelle réunion, à la mi-mars, après le Salon de l’agriculture. Ils présenteront une feuille de route.
Ils se sont engagés à mobiliser leur réseau et ont demandé aux élus de compléter les listes de professionnels afin que tout le monde soit contacté.

Isabelle Doucet


Le photovoltaïque et le foncier
Beaucoup d'idées ont été lancées lors de la rencontre. Elle ne demandent qu'à être formalisées.

Le photovoltaïque et le foncier

Face à l’augmentation du coût de l’énergie, les agriculteurs du plateau ont échangé sur les possibilités d’alléger les factures.
« Il faudrait augmenter l’autonomie du secteur agricole car nous sommes tous de gros consommateurs d’énergie et nous ne pouvons pas nous en passer », a souligné Quentin Argoud-Puy.
Son idée ? « Se regrouper pour passer de gros appels d’offres sur des panneaux solaires. »
Les toits des fermes sont en effet propices à ce genre d’installation, à ceci près que les investisseurs recherchent désormais de grandes superficies, de quoi produire 100 kWh minimum.
« Attention au montage juridique, si vous êtes propriétaire ou locataire, attention aux baux emphytéotiques proposés par les constructeurs, aux conditions et aux contrats présentés, si la durée de vie des panneaux est inférieure à celle des baux… », a mis en garde Bernard Navet, le juriste de la FDSEA.
Il a aussi indiqué la règle qui interdit d’installer des panneaux au sol en zone agricole, le PLU faisant foi.
« Mettez vos propriétaires dans le coup de toutes les démarches », a-t-il exhorté. Il n’est pas rare en effet que des propriétaires âgés soient abusivement démarchés par des promoteurs pour l’installation de panneaux.

Des terrains inconstructibles

Quant à l’agrivoltaïsme, il ne peut concerner que des zones non productives et de toute façon, la communauté de communes n’y est pas favorable.
Il a aussi été question de spéculation foncière.
Là aussi, la règle est claire : les terrains classés en zone agricole dans le PLUI, ne seront jamais constructibles.
Une certitude qui peut favoriser l’évolution des baux sur le plateau, bien trop souvent verbaux et versés en liquide. « Pour changer le classement d’un terrain, il faudrait une révision du PLUI », déclare Lorraine Agofroy, élue communautaire. Or celui-ci vient juste d’être approuvé et il se passera de longues années avant une nouvelle révision.

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