Prédation
Loup abattu le 5 juillet dans les Hautes-Alpes : une polémique, des explications

Une vidéo prise par des membres d’une association de protection des animaux sauvages montre le comportement du loup et le tir des lieutenants de louveterie. Elle est devenue virale et illustre le clivage entre ceux qui rêvent la montagne et ceux qui la vivent.
Loup abattu le 5 juillet dans les Hautes-Alpes : une polémique, des explications

Un loup a été abattu le 5 juillet au soir au col du Lautaret, sur la commune du Monêtier-les-Bains, « dans le plus strict respect des lois et réglementations », a indiqué, le 9 juillet dans un communiqué, la préfecture des Hautes-Alpes.
Ce tir a été effectué par des lieutenants de louveterie dans le cadre du plan national d'actions sur l'animal et les activités d'élevage.
« Le renfort des lieutenants a été demandé le 3 juillet par les éleveurs après avoir aperçu à plusieurs reprises des loups à proximité de leur troupeau, dont plusieurs en action de chasse repoussés par les patous. Des faits confirmés par les lieutenants le même jour, ainsi, leur appui a été prolongé de 48h », a précisé la préfecture.
Une vidéo prise par des membres d'une association de protection des animaux sauvages montre le comportement du loup et le tir des lieutenants de louveterie. Elle est devenue virale sur les réseaux sociaux.

Cette association qui dénonce un loup devenu « présumé coupable » s'interroge : « ce tir est légal. Mais est-il normal ? »
Les lieutenants de louveterie ont fait l'objet d'insultes diverses et de menaces de mort qui les ont conduits à porter plainte. L'AFP indique qu'une enquête a été ouverte « pour outrages et menaces de mort sur personne chargée de mission de service public. » La brigade de recherches de Briançon tente d'idientifier les cinq personnes auteures des actes à l'encontre des louvetiers. 

« Bien que l'émotion soit légitime, il est important de garder son calme et cela ne doit pas conduire les défenseurs de la nature à enfreindre la loi », a rappelé Martine Clavel, préfète des Hautes-Alpes.

D'après Réussir et AFP

 

Voir la vidéo réalisée par l'Aspas et envoyée au journaliste Hugo Clément :

 

 

 

Voir la vidéo de Joseph Boussion alias Carnet de berger invitant ceux qui le veulent à le rejoindre et travailler avec lui dans les alpages : « Viens mouiller la chemise »

 

https://www.facebook.com/watch/?v=555067795187774

 

Carnet de berger invite les journalistes à venir l'accompagner dans les alpages.

 

Point de vue / Suite aux échanges sur ce sujet des plus clivants, le collectif d'associations d'éleveurs impactés par la prédation des loups sur leurs troupeaux souhaite « donner des éléments de fond concernant ce problème très complexe où l'émotion ne doit pas prendre le dessus sur la raison ».

Loup tué, l'émotion contre la raison

Les éleveurs expliquent notamment « qu'un loup qui s'approche d'un troupeau n'est jamais totalement innocent car il fait du repérage probablement au bénéfice de sa meute. Cette vidéo conduit aussi à attiser la haine jusqu'à générer des menaces de mort envers des Louvetiers, pourtant assermentés et nommés par le préfet. »
Dans sa réponse (ci-dessus) Joseph Boussion, berger, « invite le chroniqueur à venir " mouiller la chemise " en venant faire un reportage pour connaître la réalité du terrain au lieu de rester dans un studio pour commenter une situation qu'il ne connaît pas. »
Hugo Clément a répliqué en attaquant le berger sur sa vie d'avant, (mais rappelons que les bergers ne sont pas des professionnels hors-sol ndlr). 
Le collectif d'éleveurs regrette cette façon d'isoler « de son contexte une situation pour jouer avec l'émotion » et qu'il n'y ait pas de traitement de fond du problème, comme le ferait un journaliste.
92 % des troupeaux attaqués sont des troupeaux protégés
En réaffirmant leur soutien à Joseph Boussion, ils saluent sa force de communication. « En effet des éleveurs et bergers de France et d'Europe tentent depuis des dizaines d'années d'attirer l'attention sur l'injustice que nous vivons en retrouvant nos animaux déchiquetés, éventrés, et souvent consommés encore vivants, mais le dossier est complexe et il est tellement plus facile d'émouvoir sur le sort d'animaux "sauvages" tués alors qu'ils seraient innocents ! »
Ils apportent aussi leur soutien aux lieutenants de louveterie. Et font valoir leurs arguments : « La prédation par les loups menace gravement l'élevage de plein air qui fournit des produits de grande qualité aux consommateurs. (... ) Nous rappelons que le tir de ce loup était légal comme l'a précisé la préfecture des Hautes Alpes, et qu'à ce jour seuls les tirs ont une efficacité pour faire diminuer la prédation. Le nombre d'attaques imputées officiellement aux loups n'a cessé d'augmenter pour atteindre en 2019 le chiffre de 3742 pour 12451 (1) animaux domestiques tués en France, principalement des ovins mais également des caprins, des bovins, des chiens, des alpagas et des équins, sans compter les animaux blessés et disparus (environ 6000). Le département des Hautes Alpes a totalisé à lui seul 379 attaques et 1528 animaux domestiques tués officiellement par les loups rien qu'en 2019, soit une progression d'environ 20 % par rapport à 2018 ! Depuis une dizaine d'années des moyens de protection ont été massivement déployés par les éleveurs et les bergers avec le soutien financier de l'État et de l'Europe, pourtant le nombre d'animaux tués a été multiplié par quatre dans le même temps. Les données officielles démontrent que 92 % des troupeaux attaqués sont des troupeaux protégés, comme l'était celui de la vidéo. Le problème de la surprotection des loups, en France et partout en Europe, est d'avoir habitué les loups à déjouer les mesures de protection puisqu'ils ne rencontrent pas de danger létal à se nourrir dans les troupeaux domestiques. Depuis quelques années des autorisations de tirs de loups sont données par les préfets mais il faut savoir qu'elles ne sont accordées qu'après plusieurs attaques sur les troupeaux. »
Les éleveurs, bergers et bergères invitent eux aussi les journalistes à les accompagner dans leur travail quaotidien en alpages et «  pour vous faire découvrir une réalité difficile à appréhender tant qu'on n'a pas vécu d'attaque soi-même ». Ils conseillent également « de visionner le film documentaire « l'Heure des Loups » de Marc Khanne qui pose le problème en respectant toutes les parties prenantes. »
Le Cercle 12, Ass. d'éleveurs de l'Aveyron. L'AebV, Ass. des éleveurs et bergers du Vercors.
Association Préservons nos Troupeaux des Loups en Limousin Collectif L113
(1) données Dreal Auvergne –

 

Pour aller plus loin avec Terre Dauphinoise  :

- 52 bêtes disparaissent en Chartreuse

- Marche avec les Loups, le film qui dérange

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