Activité économique
Une petite mousse ne brassera plus

Après quatre mois d’arrêt pendant le confinement, la brasserie Une petite mousse met la clé sous la porte. La start-up va désormais se concentrer sur d’autres activités, notamment la livraison de box de bières.
Une petite mousse ne brassera plus

C'est un pur produit grenoblois qui ferme ses portes cet été. La brasserie Une petite mousse à Echirolles a effectué son dernier brassage fin juillet. En raison de l'arrêt complet de l'activité pendant le confinement, le bilan comptable est « sans appel ». « Avec un chiffre d'affaires nul, les pertes ont été colossales. Et comme notre bailleur ne nous a pas fait de réduction de loyer, nous avons dû payer les quatre mois d'un coup », soupire Clément Fichot, responsable événementiel de la start-up.

250 000 passionnés de bière

En 2013, Une petite mousse s'impose sur le marché de revente de bière artisanale, grâce à des box mensuelles. L'équipe décide, trois ans plus tard, de lancer sa propre brasserie à Echirolles. Depuis 2016, elle a brassé 500 hectolitres par an : plus de cent recettes, avec une gamme permanente de dix bières. « Nous avons obtenu 16 médailles à Paris, Bruxelles, Barcelone... et sommes arrivés parmi les 50 brasseries françaises les mieux notées », affirme l'équipe sur les réseaux sociaux.

« La brasserie a toujours été expérimentale », raconte Clément Fichot. « Les gens notaient chaque bière, donnaient leur avis et nous les produisions sur mesure pour notre communauté. » Aujourd'hui, les abonnés sont 250 000, dont 7% d'Isérois et environ 20% de Parisiens. La vente en ligne des box, elle, ne s'arrêtera pas : elle représente plus de 100 000 colis envoyés par an.

« Limiter les dégâts »

Le bar-restaurant Une petite mousse, créé en 2019, est resté fermé pendant le confinement. Il écoulait la majeure partie de la production de la brasserie. « 80% de la production est restée bloquée pendant quatre mois », explique Clément Fichot. Face à un chiffre d'affaires nul et un probable prolongement des règles sanitaires, l'entreprise a préféré fermer sa brasserie dès maintenant et licencier le brasseur.

« Si la situation devait se reproduire à cause d'une nouvelle vague, il serait trop tard pour limiter les dégâts. L'avenir est très incertain pour la brasserie, nous préférons anticiper », regrette le responsable événementiel. Les cuves, les fûts et le reste du matériel sont mis en vente. La houblonnière bio à Saint-Martin-d'Uriage, qui approvisionnait la brasserie, a été cédée à l'exploitant en 2018. « C'est toute la chaine de production qui s'arrête », déplore Clément Fichot. « Nous sommes très déçus par la fermeture de la brasserie, qui donnait son identité à notre bar. » Néanmoins, l'entreprise reste une start-up dynamique et compte se repositionner différemment sur le marché de la bière.

Recentrer l'activité et accroître les partenariats

Une petite mousse se concentre aujourd'hui sur ses autres activités, notamment son bar et la vente de produits en ligne. L'entreprise se fournira désormais auprès d'autres brasseries artisanales. Outre les bières, il est possible de commander des box de vin, pâtisseries, chocolat ou fromage. Pendant le confinement, l'équipe a mis en place un service de « click and collect » pour la vente de bières à emporter. Grâce à une extension de droit de terrasse accordée par la mairie et une météo favorable, le bar tourne à plein régime depuis juin. Les box ont continué à être envoyées, malgré quelques problèmes logistiques avec les transporteurs.

« Toute cette énergie, mise jusque-là dans la brasserie, va nous permettre de redéfinir nos missions et de développer certaines activités », annonce le responsable. L'équipe va notamment tenter de renforcer ses partenariats, son service événementiel et ses relations avec les entreprises, afin de créer des « box cadeaux » pour les professionnels. La vingtaine de salariés souhaite également continuer à brasser de la bière : « L'objectif est de collaborer avec d'autres brasseries, prêtes à nous accueillir pour réaliser des recettes ponctuellement. » Il sera donc possible de boire, de temps à autre, de la bière Une petite mousse.

Coline Mollard