L’actu vue par Alain Merlin
La rentrée des MFR met en avant une bonne insertion des jeunes en alternance

Isabelle Brenguier
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Alain Merlin, directeur de la Fédération départementale des MFR de l’Isère, à l’occasion de la rentrée scolaire. 

La rentrée des MFR met en avant une bonne insertion des jeunes en alternance
Alain Merlin est le directeur de la Fédération départementale des MFR de l'Isère.

Alain Merlin, directeur des MFR de l’Isère, fait état d’une bonne dynamique pour les établissements isérois, qui profitent d’un intérêt plus prononcé pour le modèle de pédagogie de l’alternance. Auparavant décrié, il est aujourd’hui mieux reconnu et valorisé. 

Le responsable constate également que les MFR sont encadrées par des conseils d’administration et des directions engagés, à même de porter de nouveaux projets. Il rapporte aussi la nouvelle dimension des établissements qui comptent plus d’élèves qu’avant et qui sont confrontés à des évolutions sociétales importantes. Entretien. 

La rentrée scolaire 2023-2024 est en cours. Comment s’annonce-t-elle ?

« Elle se présente bien. Les équipes pédagogiques ont déjà repris et les 13 MFR du département accueillent progressivement leurs élèves depuis la semaine dernière. Nos effectifs restent constants par rapport à l’an passé puisque nous accueillons cette rentrée environ 1 500 jeunes au sein des formations en alternance et le même nombre d’élèves sur celles en apprentissage ».

L’alternance est au cœur du projet pédagogique des MFR. Le gouvernement a cherché à le « booster » par la mise en œuvre de plusieurs dispositifs incitatifs. Ont-ils fonctionné ? 

« L’apprentissage se porte bien en effet. Nos effectifs ont augmenté de 20 % dernièrement. Les entreprises sont plus enclines à prendre des apprentis. Et dans le même temps, les financements se sont améliorés. Tout cela concourt à sécuriser nos établissements et crée de la valeur ajoutée. Cela nous aide à améliorer nos structures et la qualité de notre accueil et de nos hébergements. Le regard sur l’apprentissage est également bien meilleur. Les idées reçues qui étaient autrefois mises en avant sont beaucoup moins présentes aujourd’hui. Les familles n’hésitent plus à faire ce choix. Elles sont rassurées par le travail accompli et par les résultats de l’insertion professionnelle. Dans ce contexte de marché de l’emploi tendu, les jeunes qui sortent de nos établissements n’ont pas de problème pour trouver du travail. On assiste à une montée en compétences… et même en niveaux de rémunération ».

Les équipes des MFR de l’ensemble de la région Auvergne-Rhône-Alpes se sont retrouvées le 24 août dernier à Saint-Etienne (42) pour échanger sur leurs pratiques et réfléchir aux évolutions sociétales et notamment à celle du rapport au travail. Est-ce une question importante pour vous ?

« Bien sûr. Nos équipes d’encadrement sont confrontés à de nouvelles attitudes des jeunes, des parents, des employeurs. Cela nous oblige à développer de nouvelles compétences pour nos formateurs pour qu’ils puissent mieux comprendre et apaiser les situations auxquelles ils sont confrontés. Ainsi, nous avons commencé à travailler avec l’association Totem (1) sur les compétences psycho-sociales qui peuvent aider nos formateurs dans leur quotidien, dans les domaines de la mise en relation, la bienveillance, l’écoute adaptée. Entre les équipes éducatives, les familles, les entreprises, il faut arriver à « faire prendre la mayonnaise », entre des personnes de profils et de générations différents. Ces sujets de management sont complexes. Ainsi, nous passons beaucoup de temps à faire de la médiation entre les différentes parties. Les missions de nos formateurs ont vraiment évolué. Elles nécessitent une plus grande professionnalisation de leur part ».

Depuis longtemps, les Maisons familiales et rurales (MFR) iséroises ont noué des partenariats avec des établissements et des entreprises implantées en différents lieux d’Europe et du monde. De quelle nature sont-ils ?

« Ils sont très divers, les MFR ont toujours eu une volonté d’ouverture sur les autres. Pour l’année à venir, nous avons envisagé des projets de développement axés sur la mobilité européenne avec des étudiants qui vont partir réaliser des stages en entreprise pendant trois semaines en Irlande. Nous avons également créé des échanges à distance avec des Maisons familiales implantées au Brésil, qui ont vocation à créer des jumelages pour former des jeunes à l’agriculture paysanne. Leurs parents n’ont pas eu la chance d’avoir accès à une quelconque formation. C’est un enjeu important que les nouvelles générations le soient ».

(1)   Totem est une structure spécialisée dans la prévention du harcèlement et la sensibilisation aux nouveaux paradigmes éducatifs.

Propos recueillis par Isabelle Brenguier

« Presque 100 % d’insertion professionnelle »
Crédit photo : MFR de Crolles Les élèves de la MFR de Crolles ont fait leur rentrée lundi 4 septembre.

« Presque 100 % d’insertion professionnelle »

En évoquant l’engagement de ses élèves pour la maintenance, Véronique Page, la directrice de la MFR de Crolles, porte un regard positif sur des jeunes qui choisissent leur avenir professionnel.

Lundi 4 septembre, jour de rentrée à la MFR de Crolles dans le Grésivaudan. Dans le calendrier d’une directrice d’établissement scolaire, la date et le moment sont importants. Ce fut le cas pour Véronique Page, la directrice de la MFR de Crolles, qui vient d’accueillir ses 180 élèves et leurs familles.

Cet établissement spécialisé en maintenance de matériels (1) permet à ses jeunes apprentis d’apprendre à réparer autant des tracteurs que des mini-pelles et des tracteurs-tondeuses. Les élèves peuvent intégrer des formations de CAP (1ère et 2ème année), de Bac pro (seconde, première et terminale) et un module professionnel de 300 heures de travaux pratiques dans les options A et B. Depuis la rentrée 2022-2023, l’école accueille aussi, en lien avec la MFR « Le village » de Saint-André-le-Gaz, un groupe de troisième en enseignement agricole qui obtiennent ainsi l’accès à la réalisation de trois stages, leur permettant de mieux construire leur parcours professionnel.

30 étudiants supplémentaires

« La maintenance attire les jeunes, c’est incontestable », assure Véronique Page, en indiquant compter 30 élèves de plus que l’année dernière. « La maintenance des matériels est un secteur en bonne santé. Nous avons un bassin d’emploi qui recrute. Car, si on compte 30 étudiants de plus que l’an passé, c’est que nous avons dans le même temps, 30 contrats supplémentaires. CQFD. En matière d’insertion professionnelle, nous sommes proches des 100 %. Car, soit les jeunes continuent leurs études, soient ils sont embauchés dans des ateliers, des garages de réparation ou de maintenance, des services techniques de collectivités… », poursuit la directrice.

Jeunes ambitieux

Selon la responsable, les étudiants de la MFR sont des jeunes qui veulent entrer dans la vie active et devenir autonomes rapidement. Ils savent ce qu’ils veulent faire, ont envie de s’assumer et de se prendre en charge. « Passionnés par la mécanique depuis longtemps – ils réparent des motos dans le garage de leurs parents depuis leur plus jeune âge - , ils se révèlent bons dans le monde professionnel car ils ont envie d’apprendre, ont beaucoup d’appétence et de motivation. Nous déplorons peu de rupture de contrat. Ce sont aussi des jeunes ambitieux dans leur projet professionnel. Certains se voient bien à leur compte et créer leur propre entreprise », assure encore Véronique Page. Pour les accompagner dans leurs desseins, la MFR leur propose un atelier de simulation de création d’entreprise leur permettant d’appréhender en plus de la mécanique, des notions de gestion, de réalisation de budget, de prospection, de relation clients… Les jeunes en MFR veulent du concret. Ils ont du concret.

(1)   L’établissement compte trois options : une agricole (A), une destinée aux travaux publics (B) et une autre aux travaux paysagers (C)

Isabelle Brenguier

Parcours adapté
En Bac pro « Maintenance des matériels » à la MFR de Crolles, Gabriel Broc réalise une alternance dans un atelier de mécanique agricole implanté à Chirens, dans le Voironnais.

Parcours adapté

Jeune étudiant en deuxième année de Bac pro « Maintenance des matériels » à la MFR de Crolles, Gabriel Broc évoque ses études et son futur professionnel.

Il a 16 ans et il a trouvé sa voie : il veut faire de la mécanique agricole. Parce qu’il n’aimait « pas trop » aller à l’école, parce qu’il était intéressé par l’agriculture et parce qu’il avait fait son stage de troisième en mécanique et que l’expérience lui avait plu, Gabriel Broc a tout conjugué et a intégré un Bac pro « Maintenance des matériels » à la MFR de Crolles.

Lundi 4 septembre, le jeune étudiant a fait sa rentrée en deuxième année. Il a retrouvé son rythme, partagé entre son établissement scolaire et son atelier de mécanique agricole implanté à Chirens, dans le Voironnais.

« La formule me convient bien parce qu’en plus d’apprendre les matières générales telles que le français, l’histoire-géographie…, elle permet aussi d’apprendre un métier. Je la trouve plus adaptée qu’une filière générale parce qu’elle me permet de construire dès maintenant ma vie future », explique Gabriel Broc, qui a connu les MFR lorsqu’il était en troisième grâce sa conseillère d’orientation. Le jeune homme apprécie aussi la vie en internat, qui selon lui, « est propice à une bonne cohésion d’équipe entre étudiants et avec les encadrants de la MFR ».

Plus spécifique

Pour Gabriel Broc, la mécanique agricole est plus spécifique que celle de l’auto ou de la moto, avec plus d’hydraulique et des tailles d’engins très différentes. Il apprécie.

Son projet professionnel n’est pas encore tout à fait défini mais il ne manque pas d’idées. Entre l’envie de créer sa propre entreprise de mécanique agricole ou la possibilité de suivre quelques formations complémentaires relatives à la conduite d’engins ou à la sécurité incendie, il se laisse encore du temps pour choisir et parfaire son parcours.

IB