Prédation
S'accorder sur la prédation

Morgane Poulet
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Le 3 octobre, le Parc naturel régional du Vercors a restitué ses travaux sur l'instauration un dialogue pour vivre avec la prédation, à Saint-Jean-en-Royans, dans la Drôme.

S'accorder sur la prédation
Le Parc naturel régional du Vercors a présenté sa nouvelle charte concernant la prédation le 3 octobre dans la Drôme.

Depuis 1992, le loup figure parmi les espèces protégées, en Europe. Lorsqu’un bilan de santé a été effectué en 2016, cette législation a été jugée toujours d’actualité. C’est pourquoi le Parc naturel régional (PNR) du Vercors a mené des travaux de concertation avec les différents acteurs concernés par la prédation. L’objectif : créer un « récit commun » pour, à terme, trouver des solutions pour vivre avec le loup.
 
Préserver le pastoralisme
 
Jacques Adenot, président du PNR du Vercors, constate les difficultés à préserver les activités humaines liées au pastoralisme dans un territoire dans lequel le loup est installé durablement.
« Le Vercors possède tous les aspects qui facilitent le retour de grands prédateurs, remarque-t-il. Il y a une faune sauvage abondante, un pastoralisme dynamique et qui aimerait le rester, mais aussi des espaces pastoraux diversifiés et difficiles à protéger. »
Depuis 1997, le loup est fortement présent dans le Vercors. « Cela a des conséquences sur les équilibres en place, des pâturages sont obligés de fermer », constate Jacques Adenot. Pour lutter contre ce phénomène, des mesures de protection ont d’ores et déjà largement modifié les modalités d’usage des territoires, notamment avec la mise en place de filets de protection et les retours quotidiens en bergerie de certains troupeaux. Mais d’autres questions se posent alors, comme la gestion des chiens de protection lors de la descente des alpages.
« Le Vercors est un territoire façonné par l’homme et par ses pratiques multiples, rappelle Jacques Adenot. Il est important de se rappeler que c’est le pastoralisme qui a créé les paysages, que les loisirs constituent un des fondements de l’économie locale et que les chiens de protection interrogent beaucoup d’acteurs. »
C’est pourquoi il est devenu de plus en plus urgent de trouver des solutions et donc de commencer par créer un dialogue entre les acteurs concernés par la prédation.
 
Créer un dialogue
 
La Commission européenne joue un rôle vis-à-vis du loup. Elle s'occupe des directives « nature » en France, tout en faisant le lien avec la PAC. Au fil du temps, elle prend conscience des enjeux liés à la présence du loup et des difficultés que celui-là pose aux agriculteurs.
C’est pourquoi une plateforme européenne traitant de la coexistence entre les hommes et les grands carnivores a été créée en 2014. Il s’agit de trouver des solutions pratiques pour « minimiser les conflits ». Mais pour y parvenir, il y a un fort « besoin de s’appuyer sur les territoires et sur leurs initiatives », explique Guillaume Gontard, sénateur de l’Isère.
 
Démarches vertacomicoriennes
 
C’est pour cette raison que le PNR du Vercors s’est pronnoncé en 2017 pour trouver des solutions pour gérer la prédation. Un plan local d’actions territorialisées en trois axes stratégiques a été construit. De 2020 à 2022, 40 entretiens avec différents acteurs ont été menés pour établir une liste des problèmes rencontrés. Cela a mené à l’aboutissement d’une charte de coopération des acteurs.
Si de plus en plus d’éleveurs se protègent de la prédation, la situation se complexifie car le loup change ses pratiques, notamment en se rapprochant des habitations. Or, la charte met en valeur le fait que la prédation ne concerne plus seulement les éleveurs mais aussi les riverains, que le loup ne s’attaque pas seulement aux brebis mais également aux animaux de compagnie.
« Il était important de créer un récit commun pour, à terme, trouver des solutions, car avant 1997 et l’apparition massive du loup dans le Vercors, il y avait un certain équilibre entre les usages agricoles, pastoraux ou encore touristiques du territoire, explique Michel Vartanian, vice-président du PNR du Vercors. Cet équilibre a été rompu avec l’apparition du loup et un déséquilibre est désormais entièrement porté par les épaules du chien de protection alors qu’il doit l’être par un récit commun. Si le pastoralisme disparaît, nous ne trouverons plus jamais d’équilibre. »

Morgane Poulet