Le coin des pros
Jérémy Giroud défend l'agriculture locale, familiale, humaine

Viticulteur au Perréon (Rhône), Jérémy Giroud a été élu secrétaire général adjoint au niveau national pour deux ans. Une suite presque logique. Rencontre.

Jérémy Giroud défend l'agriculture locale, familiale, humaine
Jérémy Giroud élargit son champ d’action en devenant l’un des quatre secrétaires généraux adjoints des Jeunes agricultures, au niveau national. 

Lundi 26 octobre, 19h30, Jérémy Giroud prend le train. Il reviendra au cœur de son Beaujolais trois jours plus tard. Le nouveau secrétaire général adjoint des Jeunes agriculteurs (JA) national saura alors quelle région de France lui revient. Ce ne sera pas Auvergne-Rhône-Alpes, ni un territoire limitrophe. Lors du congrès national des JA, le 28 octobre au soir, le viticulteur du Perréon a été élu au niveau national. « On m’a proposé d’être sur une liste et j’ai accepté », témoigne simplement le jeune homme de 34 ans. Cette nouvelle responsabilité s’est faite naturellement, comme quand il a rencontré les JA en 2013.

Un investissement d’abord local

Les beaujolais nouveaux approchent et la main-d’œuvre n’est pas de trop. « À l’époque ça se passait place Antonin-Poncet, près de Bellecour. Il y avait besoin de monde pour aider aux préparatifs et c’est comme ça que j’ai intégré cette famille que sont les JA, avec l’appui de Sébastien Mazallon. » L’année suivante, il se donne comme objectif la place des Terreaux afin d’apporter plus de résonnance à la sortie des primeurs. Tous les jours, à la même heure, pendant plus d’une semaine, Jérémy Giroud appellera la mairie de Lyon. À force de ténacité, il obtiendra un rendez-vous avec l’adjoint de l’époque Alain Giordano, aujourd’hui conseiller municipal du 9e arrondissement, qu’il lui donnera son accord. L’événement passera un cap, tant au niveau de la fréquentation que des animations. C’était le début d’une suite prévisible. 

« Aline Lardellier, présidente des JA du Rhône, m’a proposé de devenir son secrétaire général, puis aux côtés de Nicolas Merle à la région Auvergne Rhône-Alpes (Aura) jusqu’en 2019. » La présidence des JA du Rhône ou d’Aura n’aurait pas été une surprise. « Je n’ai jamais demandé, c’est une succession de propositions. Quant à une éventuelle présidence : je crois qu’on est plus libre comme secrétaire général. »

L’installation, un enjeu majeur

Jérémy Giroud souhaite, pour commencer, rencontrer le conseil d’administration, le président et le secrétaire général JA afin de comprendre les différentes problématiques de territoire. « Notre rôle demeure de faire fonctionner la vie du réseau, de suivre les dossiers et de faire remonter les informations de terrain aux principaux décideurs », commente celui qui aimerait par ailleurs suivre la thématique du foncier. Pour lui, tout le monde a sa place dans l’agriculture : conventionnelle, raisonnée, bio. Et l’installation demeure un enjeu majeur. « Je défends l’agriculture locale, du type familial, à taille humaine et jamais une agriculture de firme. Pour moi, un agriculteur monte sur son tracteur et travaille ses champs. Une exploitation doit être viable, vivable et transmissible. »

Jérémy Giroud trouve dans les récentes paroles du ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation, Julien Denormandie, des mots courageux, comme quand il avance que « les agriculteurs sont les premiers écologistes ». Dans son emploi du temps, Jérémy Giroud reconnait que « sans mes parents avec qui je suis associé sur l’exploitation qui compte 15 ha de vignes plus 20 ha de céréales, je ne pourrais pas autant m’investir. D’ailleurs j’ai été assez clair : comme pour les JA en région, je consacrerai deux jours par semaine à mon investissement national », confirme-t-il.

Cédric Perrier

ELECTION / Lors du congrès électif du syndicat Jeunes agriculteurs qui s’est déroulé du 27 au 29 octobre, Justine Fusi a été élue sur la liste JA Auvergne Rhône-Alpes. Elle entre au bureau exécutif national du syndicat composé de 15 membres.

Justine Fusi élue au bureau JA national

Justine Fusi jeunes agriculteurs

La délégation JA Haute-Savoie au congrès national de La Baule : Justine Fusi, Guillaume Léger, Benoît Curt et François Chamot.

 

Âgée de 30 ans, la jeune élue originaire de Haute-Savoie est agricultrice en Gaec à trois associés sur le plateau de Gavot à Saint-Paul en Chablais depuis 2016. « Par goût pour les animaux, je souhaitais au départ devenir vétérinaire, et après mon bac scientifique, j’ai obtenu un BTS productions animales. Puis j’ai travaillé pendant six ans au service de remplacement ce qui m’a donné l’occasion de visiter un grand nombre de fermes, de découvrir différents systèmes et d’attraper la passion de l’élevage et des vaches laitières », confie-t-elle. L’exploitation s’étend sur 90 ha de prairies et compte une soixantaine de vaches laitières. « Nous transformons environ 60 % de notre production en fromage Abondance fermier, le reste est livré à la coopérative de Féternes (Fermiers Savoyards). » Impliquée localement, Justine Fusi a été administratrice départementale JA en 2014, elle est entrée au bureau des JA74 pour le mandat 2016-2018 avant d’en devenir la secrétaire générale en 2018. « Je suis aujourd’hui vice-présidente des JA74. En parallèle, je participe au conseil d’administration des JA Auvergne Rhône-Alpes et c’est à ce titre que j’ai dernièrement rejoint le bureau national », complète l’éleveuse. A propos de son engagement national : « Je veux mettre en avant les spécificités qui font la réussite économique de notre modèle d’agriculture savoyarde : la transformation vers les produits sous signes de qualité en s’appuyant sur des filières collectives organisées », défend-elle. Pour ce faire, « nous avons aussi besoin de pérenniser les soutiens à la politique herbagère et de sanctuariser les budgets dédiés à la compensation des handicaps naturels. » La prédation du loup est aussi, bien évidemment, l’une de ses premières préoccupations.

SD avec BC