Produit local
Le lait 100% Isère est en rayon

Isabelle Doucet
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Les producteurs de lait de Matheysine et du Trièves ont lancé Plein lait yeux, la première brique de lait 100% Isère. Elle est en rayon dans une quinzaine de supermarchés depuis fin janvier. Reste maintenant à convaincre les consommateurs. 

Le lait 100% Isère est en rayon
Orlane Arthaud, adhérente de l'association Plein lait yeux Isère, Stéphane Bonnois, son président, jean-Pierre barbier, président du Département et Jérôme Crozat, président de la FDSEA de l'Isère.

Le 2 février 2022 est plus qu’une date symbolique pour les producteurs laitiers du Trièves et de Matheysine.
En ce jour de Chandeleur, ils fêtent la sortie de la première brique de lait iséroise Plein lait yeux.
L’événement se déroule dans deux des onze premiers supermarchés du département qui ont accepté de commercialiser ce lait segmenté. Pour Stéphane Bonnois, producteur à Villard-Saint-Christophe et président de l’association Plein lait yeux Isère (PLYI), c’est « un très grand jour ».
Le processus, démarré en 2018, a été un peu plus long que prévu, car rien n’est jamais facile quand il est question de relocaliser une production. Des rebondissements, des questions, des doutes parfois.
Mais à l’arrivée, une grande fierté pour les producteurs laitiers qui sont enfin parvenus à mettre en production cette première brique de lait locale.

75 000 litres

Ce lait collecté dans les fermes de l’Isère est conditionné à l’usine Candia/Sodiaal de Vienne.
La première ligne de production concerne 75 000 litres, soit 96 palettes. L’objectif, d’ici la fin de l’année 2022, est d’avoir produit 300 000 litres et d’atteindre un million de litres d’ici trois ans.
Le lancement a réellement débuté le 24 janvier par une première livraison dans une dizaine de points de vente, mais une vingtaine de magasins devraient proposer le lait Plein les yeux au printemps. 



La nouvelle brique de lait est facilement reconnaissable à son format square, c’est-à-dire carré. De couleur bleue, son habillage met en valeur les producteurs du Sud-Isère, initiateurs du projet.
Ils s’en expliquent : compte tenu de la structuration de la filière laitière en termes de collecte et de transformation, où sont présents de grands opérateurs agroindustriels, la meilleure solution, pour que ce produit voie le jour, a été de racheter le lait à Sodiaal.
La coopérative en garantit la traçabilité et son origine 100% Isère.

Une marge de +5 centimes

En tant que porteurs du projet, c’est à eux que revient la promotion du produit, notamment avec leur présence sur le visuel des briques. Ils s’engagent aussi à réaliser des animations dans les points de vente.
Les 23 producteurs de l’association bénéficient en retour de la marge dégagée, soit environ 5 centimes supplémentaires du litre, comparé au prix moyen observé sur le marché.
Concrètement le lait leur rapporte 0,38 centimes du litre et ils espèrent atteindre 0,40 centimes, à l’image des producteurs de C’estQuiLePatron ?!

Un contrat avec Sodiaal

Pour mener à bien ce projet, les producteurs du Sud-Isère ont bénéficié du soutien financier et humain de la Chambre d’agriculture de l’Isère, du Département et de la Communauté de communes de la Matheysine. Ils ont également été éligibles à une aide du Plan France relance et ont contracté un emprunt pour l’achat du lait.
« C’est un travail de longue haleine, explique Thomas Huver, le conseiller de la chambre d’agriculture qui a accompagné le groupe. Nous avons été épaulés par les services juridiques de la FNPL et de la FDSEA de l'Isère. »
Il fait part des nombreuses rencontres qui se sont déroulées en 2021 avec la coopérative Sodiaal afin de conclure un contrat global d’achat du lait et de la crème.



En même temps, l’association Plein lait yeux Isère est devenue adhérente du Pôle agroalimentaire (PAA) de l’Isère et de la marque IsHère.  A ce titre, PLYI est reconnu comme local et équitable.
De plus, ce lait est produit sous la charte des bonnes pratiques d’élevage.
Le produit bénéficie des actions de communication du PAA et du soutien de sa responsable commerciale, Céline Royer, notamment pour la distribution en supermarchés.
Son rôle : faire référencer un produit déjà situé dans une tranche de prix sypérieure, ce qui limite la possibilité de marge de l’enseigne.
Beaucoup jouent le jeu, convaincues de l’intérêt de soutenir une démarche locale, qui correspond aux attentes des consommateurs. Car le prix de vente conseillé est à 1,20 euros. En revanche, Céline Royer assure que PLYI ne viendra pas prendre la place en rayon d’autres laits locaux.

Prix de l’excellence

« C’est la phase de lancement, avance prudemment Stéphane Bonnois, le président de l’association Plein lait yeux Isère. Si tout se passe bien, nous lancerons une nouvelle production d’ici deux mois. »
Les producteurs du sud département ont initié cette démarche en réponse à la déprise laitière en Isère – le nombre d’exploitations laitières a été divisé par quatre en vingt ans -, pour dégager une meilleure rémunération et pour inciter les consommateurs à boire du lait isérois.
« Nous souhaitons mettre en valeur la loi Egalim et que chacun respecte ses marges », souligne encore Stéphane Bonnois.
Si la brique Plein lait yeux Isère reçoit un accueil favorable du consommateur, il n’exclut pas la possibilité d’ouvrir la structure à de nouveaux adhérents.
Enfin, cette initiative a été distinguée par le Département, qui lui a remis le trophée de la Stratégie filière, lors du Prix de l’Excellence agricole et rurale organisé par Terre Dauphinoise et décerné en septembre 2021, à l’occasion des Rendez-vous de l’agriculture à Beaucroissant.

Isabelle Doucet

(1)         La marque IsHère garantit la provenance géographique du produit, ses ingrédients agricoles et la juste rémunération des producteurs. 

Lancement / Jour de fête
Lors du lancement de Plein les yeux Isère à l'Intermarché de La Côte-Saint-André.

Lancement / Jour de fête

Des œufs, de la farine et désormais du lait : pour la Chandeleur, la marque IsHère fait le plein dans l’intérêt des producteurs et des consommateurs. 

Le matin à La Mure, l’après-midi à La Côte-Saint-André : le 2 février, les producteurs de l’association Plein lait yeux Isère ont lancé officiellement leur nouveau lait dans deux grandes surfaces.
Ils étaient entourés des élus - Jean-Pierre-Barbier, président du Département, l’après-midi, et Fabien Mulyk, le matin -, mais aussi des représentants du Pôle agroalimentaire et du président de la FDSEA de l'Isère, Jérôme Crozat.
Tous avaient revêtu une doudoune bleue aux couleurs de la brique de la marque IsHère, comme pour mettre l’accent sur la coopération qui avait présidé à la création de ce nouveau produit. 
« C’est un long chemin et pour tous ceux qui l’ont parcouru c’est un beau jour de voir cette brique de lait IsHère, avec des œufs et de la farine de l’Isère, c’est tout un symbole », lance Jean-Pierre Barbier. La collectivité a accompagné le projet tout au long de son développement.
« Nous sommes le principal contributeur du Pôle agroalimentaire et avec les autres collectivités, nous sommes convaincus de l’intérêt de cette démarche. Pour que la marque IsHère se porte bien, il est nécessaire d’avoir des produits de grande consommation. »
Le président du Département espère que le consommateur sera au rendez-vous et atteindre que le million de litres de lait embouteillé soit rapidement atteint.

Relocalisation de la production

« En vendant ce lait à 1,20 euros, tout le monde s’y retrouve, producteur et consommateur, commente Jérôme Crozat, président de la FDSEA de l’Isère. C’est un produit d’excellence, un vrai produit d’ici, avec du vrai calcium, bien plus équilibré qu’un lait de soja vendu entre 1,60 et 2,40 euros et ne comprenant que 8% de soja français ! »
Le responsable souligne l’efficacité du travail réalisé de concert entre le Département et la profession pour voir ce projet aboutir.
« Cela répond aux attentes de relocalisation de la production, avec des produits de confiance, de qualité, une juste rémunération et des emplois non délocalisables. » Jérôme Crozat va plus loin en posant la question de l’échelle des investissements stratégiques agroalimentaires « pour rester rentable et cohérent vis-à-vis du consommateur ». Car ce qui est possible avec la viande et les abattoirs de proximité devient plus complexe, d’un point de vue économique, lorsqu’il s’agit d’embouteillage.
En l’occurrence, Jean-Pierre Barbier se félicite de l’accord trouvé avec l’usine Candia de Vienne.

Avec la grande distribution

Car la grande distribution manifeste un intérêt de plus en plus appuyé pour les productions locales. C’est le cas des magasins Intermarché de La Mure et de La Côte-Saint-André où se déroulaient les opérations de lancement. 
« C’est un souhait du groupement, assure Gilles Tournade, directeur de l’Intermarché de La Côte. Nous traitons en direct avec les producteurs locaux, contrairement aux autres produits qui passent par la base. Nous nous approvisionnons aussi localement pour la viande avec un producteur de Viriville. Nous intégrons de plus en plus de produits locaux et nous privilégions les circuits courts, y compris pour le maraîchage. C’est une demande du consommateur, qui veut manger des produits locaux. »
Le directeur de l’Intermarché traite soit en direct avec les producteurs, soit par l’intermédiaire du Pôle agroalimentaire, depuis que la structure a recruté une vraie force de vente pour mettre en relation producteurs et distributeurs. 

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