David Portalès, co-fondateur du groupe d’agrivoltaïsme GLHD, est confiant dans l’avenir de l’agrivoltaïsme, parce qu’il est compétitif avec le nucléaire et le sera encore plus demain, tout en produisant des denrées.
Dans le débat sur l’énergie, la question de la rentabilité des énergies renouvelables reste à clarifier. L’agrivoltaïsme est-il compétitif par rapport au nucléaire ?
David Portalès : « Le solaire en général est l’électricité la plus compétitive au monde, et grâce à l’amélioration technologique, le solaire creuse l’écart tous les jours un peu plus. Malgré la nouvelle loi et le décret sur l’agrivoltaïsme qui vient renchérir le prix de cette production, l’électricité agrivoltaïque restera toujours deux fois moins chère que celle de l’EPR, et ce sera donc une électricité compétitive et décarbonée. »
Il est souvent reproché au solaire son caractère intermittent. N’est-ce pas un frein à son développement ?
D.P. : « Ce sera de moins en moins le cas, car les énergéticiens prévoient sur chacun de leurs sites un espace pour y installer des blocs de batteries. Celles-ci peuvent stocker 10, 20 ou 30 mégawatts-heure. Les Britanniques ont une longueur d’avance, avec des batteries capables de stocker 500 mégawattheures, soit la moitié de la production d’un réacteur nucléaire. Et les rendements, les coûts et la qualité environnementale des batteries continuent de s’améliorer. Ce qui fera de l’énergie solaire non plus une énergie intermittente, mais une énergie prédictible, par des systèmes hybrides de production/stockage pilotables. »
Le bail agrivoltaïque étant complexe, entre le fermier, le bailleur et l’énergéticien, une question vient à l’esprit : à qui appartiendront les batteries ?
D.P. : « Les batteries comme le reste de l’installation appartiennent à la société de projet (dans le modèle classique français) qui est celle qui réalise l’investissement et qui gère la production, le stockage et qui opère la ferme photovoltaïque. Le solaire sera piloté grâce au stockage. Le stockage et l’arrivée à grande échelle de la voiture électrique permettront de grandes avancées dans ce domaine. »
Pouvez-vous préciser en quoi consistera la nouvelle donne des heures creuses et quels en seront les avantages ?
D.P. : « C’est une grande avancée qui se profile. Le solaire, qui produit de l’électricité le jour, pourra déclencher des heures creuses sur le réseau dans la journée. Les nouvelles technologies devraient y concourir : il est de plus en plus à la portée des énergéticiens de prédire la production d’électricité dans les heures qui viennent et donc d’envoyer un signal au réseau que la production va augmenter ou diminuer. Les progrès de la météorologie, notamment grâce à des systèmes optiques, sont capables de détecter l’arrivée d’un nuage ou d’une éclaircie, et de faire de la prévision à un quart d’heure, pour anticiper la luminosité et donc les sursauts de production électrique. Ces outils sont en train d’être développés. Voilà pourquoi je crois beaucoup à l’avenir du photovoltaïque, et notamment de l’agrivoltaïsme, qui rappelons-le, permet aussi de maintenir, voire d’améliorer la production agricole, comme nous sommes en train de le tester sur notre pilote dans les Landes. »
À ce propos, avez-vous des résultats agronomiques de ce pilote ?
D.P. : « Oui, nous avons des premiers résultats agronomiques pour la première année d’expérimentation, 2023, sur ce pilote situé à Haut-Mauco sur un terrain qui appartient au département des Landes. Nous avons noté plus d’enherbement sous les panneaux que sur la parcelle témoin. Si la prolificité de l’herbe est une concurrence en culture céréalière, elle est un avantage en élevage ovin et en culture de maïs non irrigué en zone sèche. Notre responsable innovation et agriculture, Sylvain Mouche, a ainsi noté une production cinq fois plus élevée en masse fraîche de chanvre sous les panneaux perchés à 1,70 mètre que sur la parcelle témoin. Une référence intéressante pour les régions qui n’ont pas accès à l’irrigation. »