Pastoralisme
Montée en alpage dans le Vercors

Les 15 génisses de la ferme des Rapilles d'Engins ont gagné l'alpage de la Molière dans le Vercors, samedi 6 juin. D'un bon pas et dans une ambiance décontractée.
Montée en alpage dans le Vercors

Crise sanitaire oblige, aucun rassemblement n'a été organisé pour accompagner la montée en alpage des génisses du Gaec des Rapilles, d'Engins jusqu'à la Molière, dans le Vercors.

Cela n'a pas empêché une vingtaine de personnes originaires de la commune d'être, samedi 6 juin, aux côtés d'Alain Francoz et de Philippe Moinier, les deux associés du Gaec, pour participer à l'évènement inscrit dans la tradition de l'exploitation montagnarde.

Car Alain Francoz l'assure : « Les bêtes ne sont jamais montées en bétaillère. Cela fait des générations que nous procédons ainsi ».

Facilement accessible

La météo annoncée était peu avenante, la probabilité pour que la pluie soit de la partie, forte.

Mais peu importe. A 9 heures du matin, armées de bâtons, de sac-à-dos et de leur motivation pour accomplir les 600 mètres de dénivelé nécessaires, toutes les personnes présentes avaient le sourire aux lèvres pour accompagner les 15 abondances prendre leurs quartiers d'été.

Une fois le départ donné, ce sont les génisses qui ont imposé leur rythme, un rythme soutenu mais dénué de trop d'énervement comme cela a pu arriver certaines années.

En deux heures de temps, sans la moindre goutte de pluie, la mission était accomplie.

Les bêtes sont arrivées à bon port et n'ont pas boudé leur plaisir de pâturer les verts espaces de la Molière.
Selon Alain Francoz, « il est important de communiquer avec le grand public. L'alpage de la Molière est facilement accessible en voiture du côté d'Autrans, ce qui conduit à une forte fréquentation. Les visiteurs se promènent partout. Ils ne tiennent pas forcément leur chien en laisse. Maintenant, ils viennent même avec des drones. Il faut que nous leur expliquions pourquoi nous sommes là, ce que nous faisons, comment nous entretenons le paysage. Nous devons leur dire que si c'est joli, c'est grâce à nos bêtes qui pâturent. Ici, nous sommes à proximité de Grenoble. S'il est vrai que de nombreux promeneurs respectent les lieux, il y en a aussi qui ne font pas attention ».

Les occasions pour échanger sur le métier d'éleveur sont donc les bienvenues.

Au grand air

Au gré de la montée, Alain Francoz a donc raconté la vie de l'exploitation et celle de l'alpage.

Il a expliqué comment les 33 abondances et les deux villardes du Gaec produisent 200 000 litres de lait bio, dont une partie (50 000 litres) est livrée à la coopérative Vercors Lait et le reste sert à la transformation en bleu du Vercors-Sassenage, gruyère, raclette et autres tommes.

Il a indiqué comment leurs produits étaient vendus, à la ferme, dans des magasins de producteurs et biologiques. Il a fait part du lien étroit qui, dans le Vercors, unit l'agriculture et le tourisme. « Sans agriculture, les paysages ne seraient pas ceux qu'ils sont. Mais le tourisme permet de bien valoriser le bleu », estime-t-il.

Il a aussi répondu aux questions relatives aux bêtes : « Combien de litres d'eau boivent chaque génisse par jour ? Entre 50 et 60 litres ».
La sortie a été appréciée. Certes, les personnes qui y ont participé ont plutôt bien vécu le confinement, mais toutes ont aimé se retrouver au grand air, avec les vaches.

Pour certains anciens, la ballade a été l'occasion de renouer avec la tradition, et pour les jeunes, l'opportunité de passer un moment ensemble.

Isabelle Brenguier

L'alpage de la Molière

Sept kilomètres de l'extrémité nord à l'extrémité sud. 450 hectares, dont 280 à pâturer : telles sont les dimensions de l'alpage de la Molière situé entre Autrans et Engins, dans le Vercors.
En rassemblant une vingtaine d'éleveurs venant du massif et de la Valdaine, il permet de nourrir 300 génisses de début juin à début octobre.
Durant toute cette période, elles sont gardées par Nicolas Moussu, berger pour la troisième année consécutive.
La date de la montée est choisie par les éleveurs avec finesse.
« Nous portons une grande vigilance au pâturage effectué dans l'alpage, car la sécheresse se fait ressentir avec de plus en plus d'acuité. Il faut donc veiller à ne pas faire sur-pâturer les bêtes pour ne pas empiéter sur le capital de l'année d'après », insiste Alain Francoz, président du groupement pastoral de la Molière.
IB