LAIT BIO
Jérémy Jallat (JA AuRA) : "Sodiaal doit prendre ses responsabilités en revenant sur sa décision"

En annonçant un déclassement d’une partie du lait bio collecté en lait non-OGM, Sodiaal s’est attiré les foudres des producteurs. Jérémy Jallat, éleveur laitier et vice-président des JA Auvergne-Rhône-Alpes détaille les répercussions de cette mesure.

Jérémy Jallat (JA AuRA) : "Sodiaal doit prendre ses responsabilités en revenant sur sa décision"
Jérémy Jallat, éleveur et vice-président des JA Auvergne-Rhône-Alpes. ©JA AuRA

Quelles sont les conséquences de la décision de Sodiaal pour les producteurs ?

Jérémy Jallat : « En clair, 10 % du volume de lait produit par les producteurs de lait bio sera orienté sur la filière non-OGM, avec pour conséquence une perte estimée à 150 euros / 1000 litres pour les exploitations. Dans un contexte météorologique favorable à la pousse de l’herbe, les éleveurs ont fait leur part du travail pour produire un lait biologique de qualité mais une fois encore, la coopérative n’assure pas sa part du contrat. »

Cette problématique avait-elle été abordée lors des conseils de sections et de régions de la coopérative ?

J.J. : « Ce courrier est la preuve flagrante que. Les conseils de sections et de régions sont censés être des instances permettant à chaque coopérateur de pouvoir s’exprimer mais depuis trop longtemps, les coopérateurs ont l’impression que les décisions sont déjà prises avant les réunions.  Qui est décisionnaire chez Sodiaal ? Est-ce que les valeurs restent les mêmes ou Sodiaal est-elle devenue une entreprise privée ? Nous sommes en droit de nous interroger car les éleveurs, pourtant premiers de cordée, sont ceux qui pâtissent le plus des erreurs stratégiques d’une coopérative. Alors que les installations en lait ont tendance à diminuer, l’ambition de la coopérative est-t-elle d’importer du lait bio pour faire tourner ses outils ? »

A ce stade, qu’attendez-vous des responsables de Sodiaal ?

J.J. : « Sodiaal doit prendre ses responsabilités en revenant sur sa décision. Les conversions en agriculture biologique initiées il y a deux ou trois ans auraient dû leur donner une tendance qui aurait pu éviter cette situation. De plus, en réponse aux attentes des consommateurs ainsi qu’aux objectifs politiques français et européens sur le développement de l'agriculture biologique (Green deal, 25 % de SAU d’agriculture biologique d’ici 2030 en Union européenne), la filière biologique est plus que prometteuse. Ce n’est pas le moment de tout mettre à mal. »

Propos recueillis par Sophie Chatenet