Volailles
La filière pintade en danger ?

Marianne Boilève
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Le Comité interprofessionnel de la pintade (CIP) a tiré le signal d’alarme le 27 octobre sur le devenir d’une filière qui a souffert de la crise du Covid et qui aimerait bien pouvoir rebondir. 

La filière pintade en danger ?
Autosuffisante à plus de 120%, la filière pintade souffre de méventes depuis le début de l'année 2020.

« Notre filière qui est dépendante à 52 % de la restauration hors domicile a souffert de la Covid-19 entre mars et juin dernier et la consommation à domicile a, dans le même temps, chuté de 14 % », a affirmé Jean-Louis Zwick, président du Comité interprofessionnel de la pintade (CIP). Ce n’est pas le rebond de 21 % des ventes en juillet qui pourrait lui redonner le sourire, car la crise sanitaire a fait baisser les commandes de découpes de 20 % sur les sept premiers mois de l’année.

Recul des exportations

A cela s’est ajouté, pour ce secteur autosuffisant à 125 %, un recul de presque 30 % des exportations en volume (29,4 exactement), toujours sur la même période (janvier à juillet 2020 inclus). Les bons chiffres de juillet 2020 vers le Royaume-Uni (+8,5 %), la Belgique (+17,6 %) et les Pays-Bas (+19,6 %) ne compensent pas non plus les pertes enregistrées. D’ordinaire, l’Union européenne absorbe 74 % du total (6 000 tonnes) des exportations de pintades, ses trois principaux acheteurs étant la Belgique, l’Allemagne et le Royaume-Uni. Ces trois pays représentent plus de la moitié (environ 2 500 tonnes) des volumes exportés par la France sur l’ensemble des destinations. 

Niche avicole

Le résultat des méventes du début 2020 s’est traduit par le fait que les abatteurs ont été contraints de congeler beaucoup de pintades. « L’objectif c’est maintenant de les sortir et de les valoriser », a dit Jean-Louis Zwick, qui en appelle aux consommateurs pour sauver cette « niche avicole ». En effet, aujourd’hui il n’existe que 926 élevages de pintades en France, dont les ¾ sont basés dans les Pays-de-Loire. « Or ces élevages ne sont pas spécialisés et il s’agit souvent d’un complément à leur activité principale. Beaucoup d’entre eux, après cette difficile année 2020, pourraient abandonner leur activité ».

Une seule entreprise de sélection au monde

Preuve supplémentaire que cette niche reste fragile : « Il ne reste dans le monde qu’une seule entreprise de sélection avicole impliquée dans le travail de sélection de pintades et elle est française », a souligné le président du CIP. En 2019, il existait encore deux entreprises de sélection. Pour faire comprendre l’importance de ce secteur, « pour positionner la pintade à sa juste valeur » et faire rayonner cette viande « qui inspire confiance aux consommateurs et aux restaurateurs », le CIP mise sur une campagne de communication et la 2e édition de son jeu concours « Un jour / une étoile ». Avec le secret espoir que certaines familles préféreront la pintade à la dinde pour Noël… 

Source : ActuAgri