Le 8 septembre, le Comité interprofessionnel de la noix de Grenoble organisait son assemblée générale à Chatte. Si la récolte 2022 sera moins importante qu’en 2021, le contexte économique mondial encore flou interroge les nuciculteurs.
Le 8 septembre, la Comité interprofessionnel de la noix de Grenoble tenait son assemblait générale à la Maison de la noix, à Chatte. Face à une récolte exceptionnelle en 2021, en particulier en ce qui concerne les calibres, qui ont été records, la récolte 2022 sera sûrement plus modeste. Mais le contexte mondial incertain qui plane sur la nuciculture pourrait rebattre les cartes.
Récolte exceptionnelle
L’année 2021 a été particulièrement bonne pour la noix de Grenoble car la météo a été bénéfique pour elle : les pluies tombées en quantité en juillet et en août ainsi que les températures leur ont permis de se développer. Les calibres récoltés s’approchent ainsi des standards mondiaux des noix chiliennes et californiennes, qui sont de 32 mm.
En 2021, les sous-calibres de la noix de Grenoble, soit ceux inférieurs à 28 mm, atteignent seulement 10% des volumes collectés contre 24 voire 29% les années précédentes. Et en 2021, force est de constater que le taux de noix de plus de 34 mm est presque trois fois supérieur à celui de 2020 : en 2021, il atteint en effet 17% contre seulement 6% en 2020.
Néanmoins, la qualité des cerneaux n’a pas été au rendez-vous l’an dernier. Sur 73 lots analysés, 13 ont été jugés non-conformes. En 2022, en revanche, la récolte des noix de Grenoble s’annonce plus modeste.
Calibres moyens
En raison des différents aléas climatiques – gel et sécheresse, entre autres – les calibres de noix devraient être « assez moyens, cette année », annonce Nathalie Gaillard, coordinatrice du Comité interprofessionnel de la noix de Grenoble (CING). Il devrait y avoir environ 14% de sous-calibres et beaucoup de 28-30 mm. « Pour résumer les choses, la récolte 2022 devrait être assez semblable à la récolte 2017 », constate-t-elle.
Mais il faudra sûrement compter sur des disparités de calibres en fonction des zones de récolte. Du côté de Vinay, Tullins et Moirans, environ 39% de 30-32 mm sont attendus ; environ 43% le sont pour Saint-Marcellin et la plaine de l’Isère quand du côté de Royans Drôme et Vercors, il ne devrait y avoir que 33% de calibres 30-32 mm. En ce qui concerne les calibres de plus de 34 mm, c’est dans la plaine de la Drôme qu’ils sont le plus espérés, pour environ 12% des récoltes.
Contexte mondial incertain
« L’an dernier, le prix de la noix sur le marché mondial a augmenté car les Etats-Unis ont pratiqué une hausse des prix. L’Europe, dont la France, ont ainsi pu en bénéficier », explique Arnaud Rivière, président du CING. Mais la situation s’est améliorée pour la France lorsque les Etats-Unis n’ont pas exporté autant de noix qu’ils l’avaient prévu. Deux ports sont saturés en Californie, ce qui coûte donc au pays 22 000 euros pour faire voyager ses noix par conteneur, alors que cela lui avait coûté 3 500 euros l’an dernier par bateau.
« Nous pouvons essayer de compter sur le fait que le taux de change entre le dollar et l’euro constitue une force pour la France, car il est presque égal, ajoute Arnaud Rivière, et peut-être les Etats-Unis seront-ils en retard sur leurs livraisons ».
Mais la situation reste tout de même très incertaine pour le marché de la noix, notamment en raison de la hausse des charges (transport, emballages, énergie, intrants, personnel) et du pouvoir d’achat en baisse.
« La notoriété de l’AOP est tout de même un point positif pour nous, c’est un atour par rapport à nos concurrents », explique le président du CING. « Et la saison précoce d’une dizaine de jours, alors qu’elle était tardive en 2021, nous ouvre une fenêtre de commercialisation jusqu’à Noël, ce qui est plutôt positif », ajoute-t-il.
La réactivité des entreprises par rapport à la demande client, leur bonne adaptation, constitue également une plus-value, car « les producteurs de noix sont bien équipés, ce qui leur permet de livrer les structures très rapidement et de ne pas prendre de retard sur les livraisons ».
Morgane Poulet
Le Plan de filière Noix de Grenoble évolue
Créé dans un contexte de reconstruction à la suite d’intempéries de 2019, le Plan de filière Noix de Grenoble a pour objectif d’accompagner les nuciculteurs dans leur changement de pratiques. Ces dernières doivent s’adapter au changement climatique mais également aux enjeux environnementaux et sociétaux.
En 2022, le budget global est d’environ 500 000 euros de dépenses, dont 260 000 sont financés par la Région et par les départements de la Drôme, de l’Isère et de la Savoie. Cette année, deux nouveaux matériels sont entrés dans la liste des investissements éligibles : la tondeuse automotrice pour l’entretien des rangs et le broyeur à bois de taille.
Pour plus d’information sur la Plan de filière, voir l’article « Le plan de filière Noix de Grenoble se développe » de Terre Dauphinoise.
MP
Évolution de l’AOP
Le cahier des charges de l’AOP noix de Grenoble évolue. La variété fernor va être introduite. « Et c’est encore en construction, mais nous souhaiterions également ajouter le cerneau à l’AOP », explique Nathalie Gaillard, coordinatrice au Comité interprofessionnel de la noix de Grenoble (CING).
Si la structure émet ce désir, c’est avant tout pour anticiper les marchés et les demandes des consommateurs. Il n’y a actuellement pas de demande élevée de cerneau, mais « cela pourrait arriver avec l’évolution de la consommation et des habitudes », précise Nathalie Gaillard. Il s’agirait également pour le CING d’une opportunité pour mieux communiquer sur le produit, car la noix de Grenoble ne serait plus seulement perçue comme un fruit en coque mais également comme un produit sous forme de cerneau.
MP
Date de récolte
La commission maturité de l’Appellation d’origine protégée (AOP) noix de Grenoble, réunie le 15 septembre sous l’autorité de l’Inao, a décidé de la date de récolte pour les vergers arrivés à maturité. Il s'agit du lundi 26 septembre 2022.
