Gestion des conflits en alpage
En Suisse, les chiens passent leur « permis de protéger »

Marianne Boilève
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En Suisse, avec la hausse de la fréquention des alpages en été ces dernières années, les situations conflictuelles se sont multipliées. Les pouvoirs publics ont réagi en mettant en place des campagnes de sensiblisation et une politique audacieuse pour contôler la qualité des chiens de protection.

En Suisse, les chiens passent leur « permis de protéger »
En Suisse, les conditions de détention des chiens de protection sont encadrées par l'Office fédéral de l'Environnement.

En 15 ans, la fréquentation estivale des alpages suisses a doublé. Cet afflux de touristes, souvent peu expérimentés, a provoqué une augmentation des situations conflictuelles, surtout avec les vaches allaitantes et les chiens de protection. Face à cette situation, la Confédération helvétique a mis en place une politique ambitieuse, combinant formation, information et gestion rigoureuse des chiens de troupeau.


 
Une vaste campagne de formation et d’information a été menée auprès des alpagistes, des éleveurs et des touristes, via différents canaux de communication (panneaux et flyers en plusieurs langues, bandes dessinées, clips vidéo, cartes en ligne…). Objectif : prévenir les accidents graves, sensibiliser les touristes et contrôler leurs peurs, mais aussi former les alpagistes à avoir une «influence positive sur le comportement de leurs animaux». Des actions sont également menées sur la gestion des pâturages, de façon à ce que «l’utilisation des sentiers de randonnées et des pâturages soit la moins conflictuelle possible».

Contrôles

Les pouvoirs publics ont par ailleurs déployé des moyens pour contrôler la qualité des chiens de troupeaux. Races reconnues, élevage, éducation, condition de détention, les chiens de protection sont quasiment « institutionnalisés » dans le cadre du programme national de protection des troupeaux. «Tout est écrit dans la loi pour légitimer les subventions», indique Daniel Mettler, conseiller agricole à l’Agridea de Lausanne.

Chiens bien élevés

Les chiens doivent être élevés, éduqués et employés conformément aux directives de l’Office fédéral de l’Environnement et doivent réussir une évaluation avant d’être autorisés à garder. «C’est plus strict et moins libre qu’en France, explique Daniel Mettler. Le but, c’est d’avoir des chiens efficaces qui posent le moins de problème possible.» Financée par les cantons et le ministère de l’Environnement, la démarche est coûteuse, mais apparemment fructueuse : la fréquentation des espaces pastoraux continue de croître, le nombre de chiens aussi. Mais le nombre d’accidents avec morsures reste stable.
MB