Elevage
« Nous faisons attention à ne pas maltraiter nos canards »

Morgane Poulet
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Le 22 novembre, l’Élevage de Santalé, qui produit du foie gras, a accueilli les représentants du Département pour montrer les conditions dans lesquelles sont élevés ses canards.

« Nous faisons attention à ne pas maltraiter nos canards »
Gaëlle Bouvet et Iusef Touabtia sont les gérants de l'Elevage de Santalé, fondé par Jean-Jacques et Hélène Bouvet en 1984.

Alors que la journée mondiale anti-foie gras était proclamée le 25 novembre, l’Élevage de Santalé, situé à Saint-Hilaire-de-Brens, a accueilli les représentants du Conseil départemental le 22 novembre pour leur faire visiter l’exploitation.
« Nous aimons nos animaux et nous ne leur faisons pas mal, nous veillons vraiment au bien-être animal », a expliqué Iusef Touabtia, co-gérant de l’exploitation d’une quinzaine d’hectares avec Gaëlle Bouvet. Éleveurs de canards gras, ils élèvent également une quarantaine de porcs ainsi qu’une soixantaine de brebis pour la viande d’agneau afin de diversifier leur activité et compenser les éventuelles pertes liées à l’élevage de canards. Ils préfèrent d'ailleurs augmenter légèrement ces cheptels chaque année plutôt qu’augmenter le nombre de canards gras.
 
Une année difficile
 
Chaque année, 3 000 canards mulard sont élevés dans cette exploitation. « Mais cette année, nous n’en avons eu que 2 000 car nous connaissons des difficultés pour nous fournir en poussins », explique Gaëlle Bouvet. Même si les éleveurs se sont regroupés avec d’autres exploitants pour commander des poussins, il a été difficile d’obtenir des animaux* en raison de la grippe aviaire qui a affecté l’élevage de Vendée dans lequel ils se fournissent habituellement.
Pour pallier ce manque et donc compléter leur offre, les agriculteurs ont décidé d’élever également des pintades et des poulets. Car cette année, il ne sera pas possible pour eux d’approvisionner les restaurants et les commerçants, seuls les particuliers pourront l’être. Comme l’illustrent des cages de gavage vides, pour la première fois depuis la création de l’exploitation, il n’y a pas de canard au gavage au mois de novembre.
 
Un processus respectueux
 
Un lot de canards devrait néanmoins pouvoir commencer à être gavé à partir de la fin du mois de novembre dans ces cages accueillant quatre individus à la fois, les cages individuelles ayant été abandonnées depuis une quinzaine d’années. « Nous les gavons uniquement lors des quinze derniers jours de leur vie, explique Gaëlle Bouvet. Nous n’avons pas l’impression de les maltraiter et nous faisons attention à cela, nous ne voulons pas les voir souffrir ». La seule chose pouvant les faire souffrir étant, selon les éleveurs, les fortes chaleurs. Il convient donc de s’y adapter et de ne pas gaver lors de pics importants de température, donc en été.
Les deux premiers jours de gavage, les canards « se débattent un peu », précise Iusef Touabtia, car ils « n’aiment pas être attrapés mais ils n’ont pas mal ». Et d’ajouter : « notre objectif est de bien nous en occuper, nous ne poussons pas nos canards, nous ne voulons pas faire de l’industriel et nous sommes dégoûtés lorsque nous en trouvons un mort, cela arrive rarement ». « Une fois, nous sommes montés à 5 500 canards, mais cela ne nous a pas plu, ajoute Jean-Jacques Bouvet, ancien propriétaire et fondateur de l’exploitation en 1984. Nous ne pouvions pas maîtriser suffisamment les choses et nous n’étions pas assez nombreux, tout en ne souhaitant pas déléguer ».
L’avantage de la salle de gavage est qu’elle se trouve à côté de celle d’abattage, remarquent les éleveurs, ce qui évitent à leurs canards de vivre le stress du transport. Mais cela permet également de réduire les pertes car « il y a toujours des morts lors du transport d’animaux jusqu’à l’abattage », explique Gaëlle Bouvet.
 
Un modèle à suivre
 
Jean-Pierre Barbier, le président du Département, souligne que le Département soutient la production de foie gras en Isère, « dans la mesure où cela a lieu dans des exploitations comme l’Élevage de Santalé, pas dans des exploitations qui élèvent les bêtes en batterie, sans se soucier du bien-être animal ».
Une position qui s’oppose au choix de grandes métropoles comme Grenoble, Strasbourg ou encore Lyon, d’interdire le service de foie gras lors d’événements municipaux, de réceptions officielles. A Grenoble, le foie gras est également banni des assiettes des écoliers depuis 2014.

Morgane Poulet

* L’Association Rhône-Alpes Foie Gras rassemble une dizaine d’éleveurs. En mai 2022, une réunion s’est tenue à l’Élevage de Santalé et a débouché sur un regroupement des commandes de canetons. Cela a fortement aidé les exploitants car l’association a pris en charge les frais de transport, qui sont actuellement astronomiques.