Grâce à l’exposition intitulée « Le rêve blanc », le Musée dauphinois revient sur un siècle de sports d’hiver dans les Alpes. De la peur qu’elles inspiraient au développement du ski et de nouvelles activités alternatives, les différentes évolutions sont mises en lumière à la faveur de nombreux objets et documents.

Les sports d’hiver dans les Alpes, d’hier à demain
Crédit photo : Musée dauphinois Grâce à l’exposition « Le rêve blanc », le Musée dauphinois revient sur un siècle de sports d’hiver dans les Alpes.

La montagne n'a pas toujours eu le succès qu'on lui connaît aujourd'hui. Auparavant, elle était considérée comme un milieu hostile, un lieu de contraintes et de dangers. La neige apparaissait comme un fléau qui entrainait d'importantes difficultés pour se déplacer et son abondance était synonyme d'isolement pendant l'hiver. Mais à partir du XIXème siècle, elle va être vue autrement. Elle devient l'or blanc et elle est considérée comme une manne. Les Alpes se muent alors en un vaste espace récréatif et attirent un public de plus en plus nombreux qui vient s'adonner aux plaisirs de la glisse. Pour satisfaire ces touristes en mal d'espaces purs et de sensations, c'est tout l'environnement alpin qui va être reconsidéré et adapté. « Le rêve blanc » – est l'exposition permanente qui raconte l'épopée des sports d'hiver dans les Alpes, le plus grand domaine skiable au monde. 

Proposée par le Musée dauphinois de Grenoble, elle est visible jusqu'en 2025. Alors que les lieux de culture n’étaient pas ouverts, la visioconférence organisée le 20 avril dernier via l'office de tourisme de Grenoble a permis d’en faire découvrir certaines facettes. De quoi donner l'eau à la bouche pour se précipiter l'apprécier dans son intégralité quand les musées rouvriront leurs portes.

« Quête d’un ailleurs »

C'est pendant les années folles que la montagne a connu son premier âge d'or. Les touristes venaient faire de la luge, du patinage, du curling. Les sports d'hiver étaient alors associés au plaisir et à la joie des glissades. Mais son grand essor a eu lieu après la deuxième guerre mondiale, durant les années 1950, 1960 et 1970, quand le ski s'est développé. Grâce à différents supports tels que des affiches, des photos et autres cartes postales, les visiteurs sont invités à s'imprégner de la façon dont la montagne est « vendue » à l'époque. « Conscients de la quête d’un ailleurs et du droit à la neige, les publicitaires modèlent le concept de « sports d’hiver ». Sur les illustrations, les performances des skieurs promettent sensations et liberté. La neige, blanche, froide, pure, fait preuve de bonne santé et de vigueur. Les massifs grandioses plantent le décor de ce rêve blanc », indique la présentation du musée.

Plan neige

Une partie de l'exposition est dédiée à l'explication et au développement des stations de ski. Les premières étaient des stations-villages, comme celles de Megève en Haute-Savoie, de Villard-de-Lans dans le Vercors ou de Saint-Pierre-de-Chartreuse dans le massif éponyme. Mais, entre 1964 et 1971, les pouvoirs publics ont mis en place le Plan neige, qui accompagne les acteurs locaux et les communes dans la construction de stations dites intégrées, c'est-à-dire qu'elles sont conçues pour que les skieurs n'aient pas à reprendre leur voiture durant leur séjour. Pendant cette période, 150 000 lits sont créés. « Les sites d’implantation de ces stations sont déterminés par le seul tracé du domaine skiable. La haute altitude, un enneigement garanti pendant quatre mois, un dénivelé d’environ 1 000 mètres, une topographie en cuvette, sont les critères nécessaires et suffisants », explique Sophie Baillarguet, guide conférencière à l’office de tourisme de Grenoble en charge de la présentation de l’exposition, qui ajoute : « Il s'agit d'un savoir-faire typiquement français, envié dans le monde entier ». Le développement du ski dans les montagnes alpines s'est aussi réalisé grâce à l'adaptation du transport par câble. D'abord réservés aux fourrages, aux matériaux et aux denrées, les concepteurs l'ajustent pour le transformer en remontées mécaniques. « De la simple perche au télésiège, du télébenne jusqu’à la télécabine high-tech, les concepteurs ne cessent d’innover pour augmenter le débit et le confort de ses usagers », précise Sophie Baillarguet. Deux entreprises iséroises s'illustrent dans ce domaine : Poma du nom de son créateur Jean Pomagalski et GMM (issu du regroupement des sociétés Gimar et Montaz Mau no). 

De nouvelles offres

Au-delà de la présentation de l'évolution des stations, l'exposition aborde également leur avenir, potentiellement remis en cause par le changement climatique. S'il se fait ressentir depuis la fin des années 1980, il ne cesse de s'accroître ces dernières années. Photos à l'appui, la dernière partie de l'exposition permet ainsi de visualiser la situation. Avec le calcul du seuil de « viabilité » des stations de ski face à ce changement, c’est leur avenir qui est discuté et scénarisé par les climatologues. « Même si la plupart sont dotées de canons à neige, cet équipement pose problème. Il est onéreux, il nécessite des aménagements importants et coûte beaucoup en ressources », commente la conférencière. La neige de culture est donc davantage une réponse transitoire vers un autre modèle de tourisme de montagne que comme une fin en soi. Aujourd'hui, les stations de ski alpines sont contraintes d’inventer et d’exploiter leur propre singularité. De nouvelles offres sportives, ludiques, gastronomiques, festives et de bien-être se multiplient parallèlement pour également s'adapter à l'évolution de la société concernant son rapport à la nature et à des aspirations d'activités plus authentiques. « On sait que les jeunes skient moins qu'avant. Les stations vont devoir s'adapter à ces nouvelles envies. Le tourisme alpin n’a pas fini son épopée ! », assure Sophie Baillarguet.

Crédit photo : Musée dauphinois Grâce à différents supports tels que des affiches, des photos et autres cartes postales, les visiteurs sont invités à s'imprégner de la façon dont la montagne est « vendue » à l'époque.

Les skis sous le feu des projecteurs

Il s'agit d'une belle collection dont dispose le Musée dauphinois. D'une très belle collection même, composée de plus de 1 000 paires de skis. Et c'est grâce à elle qu'il a pu consacrer une partie de son exposition permanente « Le rêve blanc » à toutes ces planches qui se sont succédées depuis les débuts du ski. Installées dans une clairière scénographiée, les 21 types de ski, de monoski ou de snowboards sont associées à des personnes qui ont marqué de leur empreinte chacune de ces disciplines. Les amateurs de ski de piste, de descente, de fond, de snowboards, et même de patinettes, tous trouveront leur bonheur. Collant aux époques et aux attentes de leurs pratiquants, le ski – les skis – se sont adaptés et même renouvelés pour continuer d’attirer de nombreux adeptes. Par exemple, en réponse à la crise sanitaire et à la fermeture des stations de ski alpin, le skating (technique du pas de patineur en ski de fond) a suscité un remarquable engouement cet hiver.

La mode : haut sommet et haute couture

Les premières tenues de sports d’hiver sont des adaptations des vêtements de ville ou de travail. Mais très vite, les touristes apportent dans leurs bagages des tenues autant adaptées au froid qu’à leur image sociale. À partir des années 1930, des stylistes proposent même des lignes de vêtements de sports d’hiver. Une vitrine permet l'exposition de ces échantillons de vêtements. 

Source : Musée dauphinois

Informations pratiques

Exposition de longue durée depuis le 18 avril 2018

L’entrée au musée est gratuite pour tous.

Ouvert tous les jours de 10h à 18h et de 10h à 19h le week-end

Fermeture le mardi et les 1er janvier, 1ermai et 25 décembre

Informations au 04 57 58 89 01 www.musee-dauphinois.fr