ALIMENTATION
La MSA veut agir pour la souveraineté alimentaire

Au cours de ses Journées nationales tenues à Biarritz les 5 et 6 novembre la Mutualité sociale agricole (MSA) a organisé différentes tables rondes sur le thème de la souveraineté alimentaire. 

 La MSA veut agir pour la souveraineté alimentaire
Journées nationales tenues à Biarritz les 5 et 6 novembre par la Mutualité sociale agricole (MSA).

La souveraineté alimentaire ne sera pas assurée sans les agriculteurs. Or, tout en étant confronté au changement climatique, le monde agricole doit produire en quantité suffisante, améliorer encore la qualité tout en « réparant » la planète. Dans son message, le ministre Julien Denormandie a rappelé que l’État engage deux milliards d’euros d’ici 2030 pour accompagner cette révolution agricole et annoncé que 33 millions d’euros seront alloués sur le budget du Fonds européen agricole pour le développement rural (Feader) pour aider les installations. L’opinion publique a constaté que la chaîne alimentaire avait fonctionné pendant la crise de la Covid-19. Elle a également pris conscience de la nécessité d’une agriculture performante et des liens entre la santé et l’alimentation. D’où une demande accrue de produits locaux, et un intérêt pour les circuits courts. Marie-Hélène Cazaubon, présidente de la chambre d’agriculture des Landes a rappelé que son département n’avait pas attendu la crise sanitaire pour développer les productions de terroir. L’association « Qualité Landes » a vingt ans d’âge et un millier d’agriculteurs sur des petites exploitations qui fournissent des produits sous signes de qualité). Le premier label rouge est d’ailleurs le « poulet fermier des Landes » créé en 1965. « Qualité Landes » a trouvé son public mais pour Marie-Hélène Cazaubon « si on n’a pas les moyens de s’acheter des produits labels il faut rappeler que les produits standards français sont de bonne qualité sanitaire et gustative ». Une manière de souligner que la solution pour l’agriculture française n’est pas exclusivement dans le haut de gamme.

« Doutes sur la volonté de l’Europe »

Sébastien Abis, directeur général du club Demeter a rappelé l’erreur qu’il y aurait à « faire l’apologie d’une agriculture locale aux dépens d’une agriculture qui voyage ». Pour lui, « la meilleure assurance vie pour le consommateur, c’est de bien s’alimenter. Or si l’espérance de vie a augmenté depuis une trentaine d’années, c’est grâce à la quantité d’alimentation produite. » Il faut donc continuer à produire, pour toutes les tranches de la population. Ironisant sur les nouvelles demandes alimentaires Sébastien Abis a ajouté : « tout le monde veut des produits de proximité mais personne ne veut vivre à côté d’un agriculteur. Il ne faudrait pas non plus dessiner une Europe d‘herbivores dans un monde de carnivores. » Les intervenants se sont accordés sur la nécessité, pour conforter la souveraineté alimentaire, d’offrir une rémunération digne aux agriculteurs. Or les prix payés par les consommateurs sont insuffisants. « Depuis 50 ans, la Pac protège les consommateurs plus que les agriculteurs », estime le directeur du club Demeter, avant d’ajouter : « il y a des doutes sur la volonté de l’Europe de rester une grande puissance agricole et alimentaire. » Rappelant que 8 millions de personnes sont en « insécurité alimentaire » en France, Christian Vaille, de la MSA Alpes-Vaucluse, a souligné les actions engagées dans le cadre des projets alimentaires territoriaux (PAT) par différentes caisses pour éduquer le consommateur et faire connaître l’agriculture : campagnes sur la nutrition avec les enseignants et les plus jeunes, paniers solidaires, éducation à la cuisine. Afin de mieux faire connaître leurs actions, les 36 caisses de la MSA organiseront en 2022, la même semaine, un événement sur le thème de la souveraineté alimentaire articulé autour de la solidarité, de la prévention et de l’alimentation.