Viticulture
Le vignoble isérois en forte croissance

Des plantations, des animations, des installations : les viticulteurs isérois ont des projets et des ambitions.
Le vignoble isérois en forte croissance

« La filière est sortie de la zone rouge, constate Wilfrid Debroize, le président du syndicat des vins de l'Isère. Il y a une émulation. Les viticulteurs retrouvent de l'intérêt à échanger entre eux, qu'ils soient bio ou pas ».

Ils n'avaient jamais été aussi nombreux, réunis fin février pour l'assemblée générale du syndicat.

La relance de la filière passe par celle de la plantation et de l'installation. Le Département devrait accorder une aide aux viticulteurs « afin d'arriver le plus proche possible du coût zéro pour la plantation », espère le président. De quoi favoriser les installations, à l'image des trois porteurs de projets venus échanger avec les viticulteurs isérois à l'issue de leur assemblée générale.

« Les vins de l'Isère connaissent une belle progression, indique Wilfrid Debroize. Il y a de plus en plus de demandes locales ainsi qu'une reconnaissance à l'export. »

Le syndicat n'a pas ménagé ses efforts pour que le petit vignoble gagne en notoriété. Les viticulteurs sont présents à l'occasion des animations autour de la marque IsHere et dans les salons grand public ou professionnels.

Concours et Millésime

Le retour sur le Concours des vins de l'Isère, piloté par la chambre d'agriculture et qui s'est déroulé cette année à l'automne, en même temps que le festival Le Millésime, a été globalement positif.

« Qu'allons-nous faire cette année avec Le Millésime ? », a demandé Wilfrid Debroize. Le fondateur du festival, Alain Gatheron, est en effet décédé accidentellement en octobre dernier. Cependant, l'événement devrait être réconduit et les vignerons s'interrogent sur l'organisation d'un salon professionnel avec les restaurateurs et les sommeliers à l'issue de la matinée de dégustation à l'aveugle au Clos des Capucins. « Cela permettrait aux vignerons de faire connaître leurs vins et d'ouvrir de nouveaux marchés », explique le président qui indique que « les sommeliers lyonnais et de la vallée du Rhône mettent de plus en plus les vins de l'Isère en avant. »

Zones de non traitement

Par ailleurs, sur le plan agronomique et dans le cadre de la politique de replantation des cépages patrimoniaux en Isère, le syndicat soutient les demandes d'obtention de bois de cépages sérénèze et bia blanc.

Enfin, les vignerons sont très préoccupés par l'application de la règlementation sur les zones de non traitement ou ZNT.

Maxime Dacoine, vigneron à Pontcharra et conseiller viticole au syndicat des vins de Savoie, est intervenu pour rappeler le principe d'une mise en application des textes le 1er juillet 2020 et la nécessité de mettre en place des chartes de bonnes pratiques.

La règle de base est de ne pas traiter à moins de 20 mètres des habitations. Cette distance peut être réduite à 5 ou 3 mètres dans le cadre de l'élaboration d'une charte qui prévoit par exemple l'utilisation de systèmes de buses antidérives etc.

A noter, les ZNT ne s'appliquent pas aux produits de biocontrôle. De plus, en cas de lutte obligatoire (cicadelle, flavescence dorée), la règlementation ne s'applique pas. Le conseiller recommande « de prendre ses dispositions. On est au début d'un mouvement de fond. Mieux vaut que le problème soit pris en amont par le viticulteur. Monsieur et madame tout le monde sont totalement irrationnels », rappelle-t-il.

Une charte départementale a été déposée par la FDSEA auprès du préfet de l'Isère qui en a accusé réception. Elle s'applique à titre dérogatoire jusqu'au 30 juin et permet de réduire les distances de traitement.

Isabelle Doucet
Installations / L'IGP vins de l'Isère fédère de plus en plus de viticulteurs.

Trois futurs viticulteurs

L'IGP des vins de l'Isère pourrait bien s'étendre sur 100 hectares d'ici trois ans. Son périmètre est déjà de 65 hectares. De nombreux projets sortent de terre dont trois présentés lors de l'assemblée générale du syndicat des vins de l'Isère.
Christian Monnet a ainsi repris des terres familiales à Montagne, près de Chatte : 25 ha de céréales, luzerne et noix. Cet amoureux des oliviers se lance dans la plantation de 1,4 ha de syrah. Son objectif est de planter 5 hectares de vigne à terme.  « Ce sont d'anciennes parcelles à vigne à défricher. Une d'elles s'appelle Les petites vignes. Mon grand-père faisait du vin. Pour moi, c'est un nouveau parcours », déclare le futur vigneron.
Steve Chapelin était agent de sécurité incendie en établissement psychiatrique et a souhaité effectuer une reconversion professionnelle. « Je voulais travailler avec la nature », explique-t-il. Son BPRA vigne et vin et son BTS viticulture et œnologie en poche, il fait un stage dans les côtes-roties, puis les vendanges chez Stéphanie Loup, rencontre Wilfrid Debroize et Thomas Finot avant de planter les 200 premiers pieds à Beauvoir-de-Marc. « Je prépare deux parcelles pour 2021 avec des cépages altesse, verdesse et étraire de la Dhuy. L'altesse est sur une parcelle familiale, les autres parcelles sont des prairies en fermage, précise-t-il. J'ai eu des opportunités sur des coteaux en friches. » Il envisage de planter entre 4 et 5 hectares et confie qu'il se sent « bien entouré » des viticulteurs de l'Isère. « C'est encourageant. »
Isabelle Bonzy-Ferron et Wilfrid Debroize.
Enfin, Isabelle Bonzi-Ferron a acquis une propriété agricole au Fontanil-Cornillon. Elle compte y planter « un hectare de vigne dans un premier, puis entre 3 et 4 hectares » qu'elle espère pouvoir exploiter en métayage en confiant les cultures à un vigneron. Les cépages choisis sont la verdesse et l'étraire de la Dhuy.
ID