Calamités agricoles
Les vergers du Grésivaudan durement touchés

Isabelle Doucet
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Comme dans le reste du département, il n’y a pas de fruits à noyaux dans la vallée de l’Isère cette année suite à l’épisode de gel d’avril dernier.

Les vergers du Grésivaudan durement touchés
Aux Vergers de la Peyrat, à La Buissière, la production de fruits à noyaux a été entièrement détruite.

Une nouvelle mission d'enquête de la DDT s'est déplacée dans le Grésivaudan afin d'estimer les dégâts sur vergers liés à l'épisode de gel du 30 mars au 2 avril.
Au Gaec Verger des Isles, au Cheylas (6 ha de poires, 4 ha de pommes, 4 ha de pêches, un ha d’abricots, 80 ha de céréales), le constat est sans appel. « Nous avons 100% de pertes sur les pêchers », explique Patricia Brunet-Manquat. Les poiriers sont tout aussi décimés.
Tout au plus, quelques poires sont visibles sur les premiers arbres des rangs. « Il en reste 5%, selon l’estimation du technicien d’Oxyane », déclare Cyril Brunet-Manquat.


Quant aux variétés de pommes, la proportion de fruits restants varie entre 0 et 50% en fonction des variétés. « Celles qui ont fleuri le plus précocement ont souffert », notent les exploitants.
Constitué en 2010 avec un salarié devenu associé, le Gaec Verger des Isles est un des premiers à avoir obtenu la certification HVE. Les arboriculteurs, qui commercialisent leur production en vente directe, renouvellent régulièrement les arbres des vergers. Mais cette année, ils ont décidé de diversifier leurs cultures avec du maraîchage. 

Protéger avec de l’eau

La situation est tout aussi catastrophique aux Vergers de la Peyrat, à La Buissière (8 ha de pommes et poires, 1 ha de kiwis, 30 ha de noyers, 12 ha de céréales), sur l’autre rive de l’Isère.
La famille Grange avait planté des kiwis sur une ancienne parcelle de pommiers. « Nous avons 50% de production en moins, tout ce qui n’a pas été arrosé a gelé, témoigne Alain Grange. Lorsque le froid a été annoncé, nous avons passé une journée à installer des asperseurs en pensant que c’était peine perdue. » Ce geste a sauvé la moitié de la récolte.
La production de poires a été détruite à 90%, estime là encore le technicien Oxyane. S’il reste quelques petits fruits çà et là issus de la deuxième fleur, ils ne donneront absolument rien.
Enfin, selon les variétés, la perte globale sur pommier est estimée à 30%.
Les producteurs des Vergers de la Peyrat, qui sont aussi en vente directe à la ferme et avec le premier distributeur automatique de produits du département, envisagent également de diversifier les productions en développant les légumes et les fraises. Ils projettent de construire une nouvelle serre pour les tomates. 


Mais se posent pour ces exploitations diversifiées la question de l’éligibilité au régime d’indemnisation pour calamité agricoles. Les pertes de récoltes sont immenses et dépassent le plus souvent le seuil minimum de 30% de pertes par espèces requis.
De plus, ces exploitations mixtes doivent enregistrer au moins un taux de perte de 11% sur leur produit brut d’exploitations. De sorte qu’en se diversifiant pour limiter la casse sur certaines productions, elles risquent s’éloigner du régime d’indemnisation pour calamité agricole.

Des pertes spectaculaires

La mission d’enquête conduite par la DDT a terminé sa visites aux exploitations Chez Bechet à la Terrasse. Le verger de 7 ha est planté de prunes, de pommes, de poires, de cerises, de pêches, de coing de groseilles et de cassis. «
Les pertes en coings sont spectaculaires, il ne reste rien »,
déclare Claire Bechet. L’exploitation a été durement touchée par le gel, puis la grêle.
Le tableau est tout aussi désolant dans les poiriers où les fruits sont totalement absents, hormis en bout de rang.


Les pêches ont aussi complètement disparu, de même que les cerises.
« Les pommes ont eu les étamines et les pistils entièrement grillés », poursuit l’exploitante. Il reste entre 30 et 50% de fruits en fonction des variétés. C’est la même choses pour les prunes. Enfin, la production de petits fruits sera 50% inférieure à son potentiel.
La plupart de ces exploitations emploient un personnel saisonnier local pour les récoltes et regrettent de ne pouvoir embaucher autant de personne qu’à l’accoutumée, tout en poursuivant les travaux d’entretien dans les vergers pour notamment limiter la pression des ravageurs. 

Isabelle Doucet