Infractions
« Nous sommes poussés à bout »

Morgane Poulet
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Les vols et les dégradations ne cessent de s’accroître dans les exploitations. Face à ce constat, la tension monte parmi les agriculteurs.

« Nous sommes poussés à bout »
Pascal Sauvageon, arboriculteur à Chanas, a retrouvé une voiture brûlée au coeur de son verger.

Si les vols et les dégradations afférentes sont courants dans les exploitations agricoles, ils tendent à s’intensifier, en raison de l’inflation et de l’augmentation du prix du carburant. Les agriculteurs isérois, victimes de ces actes de vandalisme, tirent la sonnette d’alarme.
 
Une organisation bien rodée
 
Lorsque l’un des chauffeurs de Jérôme Jury, arboriculteur à Saint-Prim, part en livraison, le 17 juin, il s’aperçoit qu’environ 150 litres de gazole ont été siphonnés. Plus loin dans l’exploitation, ce sont 20 litres de round-up qui ont disparu. Et aucun suspect. Pourtant, des caméras infrarouges ont été installées dans l’exploitation. Cette fois-ci, avec une telle quantité de produits volée, « plusieurs personnes ont dû venir », remarque Jérôme Jury. Ces dernières devaient « savoir ce qu’elles faisaient et être équipées ». Sans doute ont-elles même coupé à travers champs, car « on ne les voit pas sur les caméras ».
Même son de cloche chez Pascal Sauvageon, arboriculteur à Chanas. Propriétaire de 79 hectares de vergers, il cultive des abricots, du cassis, des cerises, des fraises et des pommes. Ses histoires de vol sont nombreuses… Et audacieuses. « En avril, quatre plateaux de fraises ont été volés quasiment sous le nez de mes salariés », explique l’arboriculteur. Alors que ces derniers avaient déposé les plateaux le long de la route pendant qu’ils terminaient de cueillir des fraises, « des voitures se sont arrêtées et les ont embarqués », raconte-t-il, consterné. Dernièrement, c’est une voiture brûlée qu’il a retrouvée au milieu de ses vergers, détruisant les récoltes alentour.
Même s’il y a « toujours eu du vol dans les exploitations », la situation est devenue telle qu’il a été nécessaire pour lui d’installer un important système de surveillance. « Nous sommes poussés à bout », déplore-t-il.

MP