Portrait
Accueil et écoute à la Ferme du paysan

Depuis des années, Thierry Blanchet développe dans son exploitation, La Ferme du paysan, une hospitalité bienveillante. Il est candidat au conseil d'adminstration de la MSA Alpes du Nord.
Accueil et écoute à la Ferme du paysan

Quand il présente sa ferme, Thierry Blanchet a une formule : « mon exploitation c'est 40 hectares, 40 vaches, 40 lits, 40 kwc photovoltaïques ». La formule est lapidaire mais pédagogue. On la retient.

Coincé

De l'élevage, il y en a toujours eu dans cette ferme de La Murette, à quelques kilomètres de Voiron. Depuis son grand-père au moins. Mais aujourd'hui elle est enchâssée dans une périurbanité qui la bloque même dans cette petite commune. « Nous sommes au bord du village, mais au sud du siège d'exploitation j'ai vu progressivement les maisons se construire », explique l'éleveur. Seulement deux hectares d'un tenant lui permettent de faire évoluer ses vaches. « Le reste des mes surfaces est plus éloigné, morcelé, plus difficilement accessible avec le troupeau. J'autoconsomme les productions et les vaches doivent se contenter de ces surfaces proches ». Une situation qui ne lui permet pas de valoriser son lait dans l'IGP saint-marcellin, ni de se convertir en bio comme il y avait songé à un moment. Ses 195 000 litres de lait partent donc à Vienne chez Sodiaal.
Son penchant pour la pédagogie, Thierry Blanchet a su en faire un atout : il a développé un accueil à la ferme. « Dans les années 1990, j'ai créé le camping à la ferme et ai accueilli beaucoup de centres aérés. Les enfants adoraient venir traire les vaches ou découvrir l'environnement et l'agriculture. » Mais depuis 2007 et les difficultés économiques du moment, ce type de séjour s'est tari. « Il faut ajouter une inflation de normes qui a fini par tout freiner », regrette l'éleveur qui y voyait un bon appoint financier mais aussi une transmission de valeurs et de connaissances. Depuis les visites de classes ont remplacé ces camps, mais « alors que je reçois environ 2 000 élèves par an, cette année je n'ai eu qu'une classe, en mars... »

Gîtes et camping

Sa soif de rencontres, Thierry Blanchet l'a également concrétisée par la mise en place de gîtes ruraux, tous dans les bâtiments de la ferme. « J'ai souvent des travailleurs des chantiers dans le secteur qui passent de quelques semaines à quelques mois ». Avec différentes nationalités souvent, tel ce couple de roumains dont le mari travaille sur l'autoroute en amont de Grenoble.
Le camping comme les gîtes permettent aussi pendant la belle saison à des grands-parents de retrouver leurs petits-enfants dans un cadre tranquille. « Il n'y a pas d'animations locales, il faut se déplacer un peu, mais la proximité de l'échangeur d'autoroute offre une étape à des touristes transhumants. »
Pour Thierry Blanchet, ces activités sont une porte ouverte sur le monde. « J'ai toujours aimé voyager mais n'en ai pas toujours la possibilité. Si je ne peux visiter le monde, c'est le monde qui vient à moi », estime-t-il avec un sourire.
Et il y consacre du temps : « quand je ne suis pas trop occupé, je peux passer une heure le matin et une heure le soir avec mes hôtes. Les gens ont besoin qu'on les écoute et de se confier. »

Présence de proximité

Ce n'est pas étonnant que cet éleveur baigne depuis déjà 15 ans dans la MSA. « La Mutualité sociale agricole, c'est d'abord de la prévention et l'écoute des gens, affirme-t-il, convaincu. Les délégués ou les administrateurs ont un rôle primordial. Je ne passe pas une semaine sans faire remonter deux ou trois dossiers auprès des services, que ce soit sur la maladie, la retraite, les accidents, l'installation ou d'autres cas délicats. » Le téléphone de La Murette est connu localement. « C'est pour cela que je me suis présenté, car contrairement à ce que certains veulent faire croire, la MSA est indispensable, a un vrai rôle à jouer en tant que démocratie sociale. Certains en prédisent la fin, mais ils ignorent le travail de proximité réalisé. Les directives publiques sont de nous faire diminuer notre présence ? Mais la présence sur le terrain passe par la conservation de représentants élus ou des salariés dans les territoires. Un contrôle médical ne doit pas être centralisé à Grenoble et quand on veut rencontrer une assistante sociale, c'est déjà psychologiquement difficile pour certains, on ne doit pas y rajouter de la distance. »
En termes de représentation, le délégué fraîchement renouvelé fait remarquer qu'en tant « que candidat au conseil d'administration, il a toujours été le plus jeune. Dorénavant, il est le plus vieux, à 54 ans, des candidats isérois présentés par la FDSEA. On est sur la bonne voie car le rajeunissement est indispensable. Pour reconquérir les adhérents, les convaincre de l'importance de s'impliquer dans le régime social agricole, il faut le faire avec des projets à moyen terme. »

Jean-Marc Emprin