FORÊT-BOIS
Les coopératives forestières veulent reboiser « durable »

La Coopération agricole organisait récemment, avec l’Union de la Coopération forestière française (UCFF), un webinaire sur le thème « Les enjeux de la filière bois au regard du changement climatique ». Comme l’agriculture, les forêts constituent une solution efficace pour la captation carbone. 

Les coopératives forestières veulent reboiser « durable »
Le ministre de l’Agriculture, Julien Denormandie, avait dévoilé fin décembre, la feuille de route de la filière forêt-bois pour les prochaines années, dans le cadre de France Relance, avec une enveloppe de 200 millions d’euros (M€) dont 150 consacrés au renouvellement forestier. ©SD

Les rapports sur la forêt et le changement climatique se sont multipliés ces derniers mois avec la publication de celui de la Cour des comptes sur la structuration de la filière (avril 2020), celui de la députée Anne-Laure Cattelot (LREM, Maine-et-Loire) en septembre 2020 ou encore celui du Conseil économique, social et environnemental par les conseillers Marie-Hélène Boidin-Dubrule et Antoine d’Amécourt (octobre 2020). Le ministre de l’Agriculture, Julien Denormandie, avait dévoilé fin décembre, la feuille de route de cette filière pour les prochaines années, dans le cadre de France Relance, avec une enveloppe de 200 millions d’euros (M€) dont 150 consacrés au renouvellement forestier. 

« Éviter la monoculture »

L’Union de la Coopération forestière française (UCFF) s’inscrit totalement dans cette démarche résiliente, a en substance indiqué son secrétaire général, Tammouz Eñaut Helou car les forêts françaises devront anticiper des hausses estimées entre + 2 °C et + 4 °C à l’horizon 2100. Il faudra avant tout régénérer une partie des 17 millions d’hectares (Mha) qui connaît « deux à trois fois plus de mortalité sur toutes les essences », a précisé Lionel Piet, directeur général de Coforêt. Beaucoup d’arbres sont en effet victimes de ravageurs comme le scolyte, car le changement climatique affaiblit les arbres et ces insectes nuisibles en profitent pour proliférer. En tout, ce ne sont pas de 200 millions de mètres cube d’arbres en Europe centrale qui sont touchés, dont 10 à 12 millions en France.

Selon Lionel Piet, deux voies sont possibles : laisser faire ou intervenir. Dans le premier cas, « la forêt s’adaptera », a-t-il certifié mais la filière perdra une part importante de sa production de bois d’œuvre : « Sans bois d’œuvre, pas de bois énergie, or 40 % de la chaleur renouvelable est produite par la biomasse forestière », a-t-il ajouté. Dans le second cas, il faut « accompagner la nature » et revoir les itinéraires culturaux de la forêt, en s’orientant vers un peuplement en mélanges. « Il faut éviter la monoculture », a plaidé Lionel Piet. 

Renouvellement pas assuré

Tancrède Neveu, directeur délégué du fonds de dotation Plantons pour l’avenir, acquiesce. Il rappelle que 27 % des gaz à effet de serre (GES) nationaux sont captés par les forêts, dont les deux tiers par l’écosystème forestier et le tiers restant par la sphère socio-économique. « Les meubles, les charpentes, etc. stockent naturellement le carbone. La charpente de Notre-Dame de Paris l’a stocké pendant presque 700 ans (…) Un mètre cube de bois stocke une tonne de carbone », a-t-il rappelé. Il plaide d’autant plus pour le repeuplement diversifié des forêts que « le renouvellement n’est plus assuré aujourd’hui ». En effet, 130 millions d’arbres étaient plantés par an en France en 1990. Moins de 70 millions l’ont été l’an dernier, soit une baisse de 46 % en trente ans.

Créé en 2014 à l’initiative des coopératives forestières, en collaboration avec les principales organisations professionnelles de la filière, Plantons pour l’avenir, a d’ores et déjà conduit plus de 300 projets en France et reboisé 1 800 ha de forêt avec 2,2 millions de plants dans 20 essences différentes. Avec l’espoir que l’aval bénéficie aussi de ce renouvellement. En France, il reste environ de 1 000 scieries qui vivent correctement de leur activité. Elles étaient environ 15 000 dans les années 1960. 

Christophe Soulard