Portrait
Aurélien Miguet, contemplateur du ciel

Chasseur d’orages, Aurélien Mirguet est un peu plus qu’un météorologue amateur. Son expérience lui vaut reconnaissance dans le milieu agricole et auprès de tous les « météo sensibles ».

Aurélien Miguet, contemplateur du ciel

Depuis trois semaines des orages frappent quotidiennement le département. Aurélien Miguet fait partie de ceux qui ne s’ennuient pas. « Je suis toujours à l’affût d’un quelconque phénomène violent », explique-t-il.
Ce passionné de météorologie est à l’origine de la création de la première station de relevés de Voiron.
En marge de son activité professionnelle, le trentenaire alimente sa passion, si bien qu’il a proposé à son employeur, le maire de Voiron, d’installer en 2017 une station météo en ville. Elle a été rapidement appréciée tant dans la gestion des risques pour les travaux dans les espaces verts.

Une passion d'enfance

Cette passion pour le temps, les intempéries et la météo lui est venue très tôt. « C’est à l’école maternelle que la météorologie m’est tombée dessus. Un jour, alors que je me rendais à la cantine, j’ai été pris dans un orage. S’en sont suivies de multiples questions sur la façon dont les éléments se formaient. J’avais envie de comprendre », explique-t-il.
L’autre raison se trouve du côté de sa famille et plus précisément chez de son oncle, Dominique Guillet-Lomat.
Eleveur à Miribel-les-Echelles et aujourd’hui président de Chartreuse élevage, ce dernier a joué un rôle déterminant dans la vocation de son neveu.
« J’ai passé ma jeunesse en Chartreuse, à ses côtés. Comme les agriculteurs sont très dépendants de la météo, je cherchais à l’aider », raconte Aurélien, le sourire aux lèvres.


Très vite, Aurélien s’est construit une réputation de celui qui était capable de prédire la météo des prochains jours. « Mes amis me demandaient sans arrêt quel temps il allait faire, certains professeurs aussi », se souvient-il.
En 2002, alors âgé de 14 ans, Aurélien commence à faire des relevés météo à Miribel-les-Echelles. Il poursuit sa scolarité en tant qu'interne à Chambéry et ce sont ses parents qui continuent les relevés à sa place.
Après avoir obtenu son CAP horticulture, bien loin donc de sa passion, Aurélien se tourne vers le paysagisme.
Technicien en gestion de l’environnement, des risques naturels et de défense contre les incendies, il trouve du temps pour se consacrer à la météorologie et ainsi alimenter sa page Facebook.

Une ascension grandissante

Crée en 2014, cette page est dédiée aux différents relevés météo qu’Aurélien effectue chaque jour. Les aléas météorologiques font connaître peu à peu ses travaux et les gens intéressés sont de plus en plus nombreux. En 2022, ce ne sont pas moins de 20 000 personnes qui étaient abonnées au contenu d’Aurélien. Parmi elles, les agriculteurs et les collectivités territoriales. Face à la demande croissante, il décide, en 2023, de couvrir l’ensemble du territoire Isérois au travers de sa page  Facebook Météo Centre-Isère.
« Ce que j’aime dans la météorologie, c’est le fait que tout soit inconnu, qu’il n’y ait pas de routine avec le temps, cela change tout le temps », confie-t-il.
Le jeune homme s’est formé seul, apprenant par cœur les modèles météo, leurs codes couleurs, leurs significations et les paramètres en jeu.
« Lorsque l’on sait comment les différents phénomènes se produisent, en lien avec les modèles, on peut fournir des prévisions », explique-t-il.
Une activité à laquelle il consacre environ 1 h 30 par jour.

Une modification des flux

Au fil des années, il a pu mesurer les effets du changement climatique. « La sécheresse 2022, c’est le climat de demain », avance-t-il.
« Les Alpes sont le secteur de France et d’Europe où l’augmentation des températures est la plus importante. On assiste à une fonte des glaciers ultrarapide et le changement risque d’être plus flagrant que dans le reste du pays avec des été très chauds, des hivers plus rudes et des transitions brutales », reprend-il.
Il constate également « une modification des flux en altitude avec des dégradations orageuses venant de plus en plus du Sud-Ouest et de plus en plus intenses », à l’image des orages subis depuis début juin.
Sa fierté ? Avoir prédit les 15 cm de neige lors de la foire de Beaucroissant en avril de 2022.
Même s’il se défend d’être un amateur, l’expertise d’Aurélien Mirguet fait désormais référence, si bien qu’il est de plus en plus sollicité pour des interventions. 
Cependant, si le jeune homme, père de deux enfants, souhaite privilégier sa vie de famille, il garde tout de même la volonté de pouvoir, un jour, vivre de sa passion et de réaliser son rêve.
« Je voudrais, un jour, partir au Texas pour y faire la chasse aux tornades ». Alors, il ne manque plus qu’à Aurélien Miguet d’avoir le vent en poupe…

Constance Huilié et ID