Aisance orale
Verbal et non-verbal, les deux visages d’une bonne communication

Les agriculteurs peuvent être amenés à s’exprimer en public. Mais entre le manque de confiance en soi, le stress et la peur de ne pas savoir quoi dire, nombreuses sont les raisons de les en dissuader. Jean-Claude Viou, consultant formateur et coach dans le domaine du développement des ressources humaines et des relations humaines, partage quelques astuces pour y remédier.

Verbal et non-verbal, les deux visages d’une bonne communication
Lié au monde de l’agriculture et à celui de la communication, Jean-Claude Viou partage quelques conseils pour améliorer son aisance à l’oral. Copyright : Jean-Claude Viou

Natif de Saint-Étienne, Jean-Claude Viou est consultant formateur et coach dans le domaine du développement des ressources humaines et des relations humaines, en profession libérale depuis 25 ans. Pourtant, notre homme est issu de l’agriculture, ayant été durant six ans ouvrier agricole et vacher, avant d’être conseiller d’entreprise à la Chambre d’agriculture pendant douze ans. En parallèle, il est comédien professionnel et clown de théâtre depuis quinze ans, activités artistiques annexes à son activité d’accompagnement.

Bien conscient de la difficulté que peut engendrer la prise de parole en public, en général et chez les agriculteurs en particulier, il définit, selon lui, le « bien s’exprimer » : « C’est être clair et audible, c’est parler pour les gens. Il faut être entendu, compris, mais aussi bien écouter. Cela passe notamment par un discours authentique, sincère et vrai, mais également par une attitude. Sans oublier que la clarté dans notre discours a un effet positif sur soi. »

Un travail en amont

Ainsi, Jean-Claude Viou livre quelques clés afin de mettre tous les moyens de son côté pour mieux appréhender ces situations. Il est important d’être clair sur l’objectif de sa communication, sur son intention. Que veut-on vraiment avec notre auditoire ? Souhaitons-nous informer, influencer, transmettre ? La disponibilité émotionnelle doit aussi être prise en compte : « Il faut être conscient le plus possible de son état émotionnel interne quant au sujet dont on veut ou dont on doit parler ». Vient ensuite la question de la préparation de son discours, qu’il est indispensable d’organiser et ce, en se posant les bonnes questions : « Qu’ai-je à dire ? Dans quel ordre ? A quelles questions dois-je m’attendre ? Comment y répondre ? »


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Il est question également d’attitude : aussi et surtout préconise-t-il de savoir gérer sa respiration pour canaliser son stress. Notre expert invite à faire des exercices de cohérence cardiaque, méthode de relaxation efficace ne durant que quelques minutes et permettant d’avoir ou de retrouver une expiration libre et pleine. « Quand la respiration se tend, le corps se tend également et la communication en fait de même ». Par ailleurs, il conseille de préparer son corps à la communication, ne serait-ce que par des petits échauffements et étirements ou des exercices de détente. Un travail sur la voix doit, dans la mesure du possible, être préalablement effectué, en la chauffant ou la clarifiant. Enfin, s’assurer d’être le plus naturel et détendu possible permet d’aborder sereinement sa prochaine prise de parole.

Si tous ces conseils peuvent être applicables, tout peut être variable suivant les situations, car la diversité des cas est riche. « A chaque manière d’être interpellé, il va y avoir un conseil à suivre et une attitude à adopter. L’important, c’est de reconnaitre le droit aux gens de nous poser des questions, de reconnaitre leur légitimité. Pour bien communiquer, il faut avant tout savoir bien écouter car cela permet de bien comprendre l’interpellation, quelle qu’elle soit. » Plusieurs mises en situation ont donc été brièvement passées en revues.

Répondre aux clients sur un marché

Exemple est pris d’un commerçant présent sur un marché. Pour appréhender la clientèle, instaurer le dialogue avec elle ou lui répondre, il est important de s’intéresser aux gens et de les interroger avec des questions ouvertes. Cela signifie, de fait, d’écouter leurs réponses pour entretenir la conversation et d’instaurer une relation de confiance. Le Stéphanois d’origine invite alors à se décentrer de soi et à s’ouvrir à l’autre de manière positive. Autant que faire se peut, il est primordial d’abandonner la plainte et la défensive pour aller dans le plus positif et le constructif avec l’autre dans le dialogue.

Être interpellé en réunion

Autre scénario, lors d’un conseil municipal, une question est adressée. Son destinataire doit prendre en compte l’émotion de son expéditeur, permettant d’éviter l’escalade si l’interrogation est accusatrice ou agressive. L’interpellé doit naturellement écouter et prendre en compte l’autre. Il est de bon ton de donner son sentiment en tant que récepteur de la question et de s’assurer d’avoir bien compris la demande. Et parfois, de renvoyer une question par une autre.

Répondre aux questions de journalistes

Si les conseils évoqués précédemment par Jean-Claude Viou sont tout à fait valables dans chacun des cas, répondre aux questions des journalistes implique une responsabilité médiatique. Outre une préparation concise faite en amont et la tentative d’être le plus naturel possible, il importe de rester simple et clair dans son discours. Cela implique d’avoir bien cerné le sens de la question et de ne pas hésiter à répéter les messages importants pour soi. Ainsi, il est préférable d’employer des tournures telles que « de mon point de vue » ou « en ce qui me concerne » plutôt que des généralités.

S’exprimer dans une vidéo

Dans une vidéo, s’il y a bien un élément – et non des moindres – qui change, c’est l’image. L’objectif est donc de maîtriser celle que l’on donne et donc d’y faire attention par notre attitude et notre comportement, mais aussi en tenant compte de l’environnement. Le consultant rappelle par ailleurs que dans la communication, trois éléments prédominent : le contenu de la communication ; le ton ; l’attitude et la gestuelle. Si le premier ne représente que 15 % de ce que les gens retiennent, le second atteint les 30 % et le dernier, 55 %. « Plus qu’un détail, le non-verbal est primordial », conclut Jean-Claude Viou.

Axel Poulain