2014 : année transitoire avant le retour à l'équilibre

Faire autant, voire mieux, avec moins. Comme toutes les institutions remplissant des missions de service public, la chambre d'agriculture est au régime sévère. En cause : le niveau stable de la taxe sur le foncier non bâti (TFNB) et la contraction drastique des financements publics. Pour l'organisme consulaire, cela ne représente pas moins d'un million d'euros en moins en trois ans. Pas simple de boucler un budget dans de telles conditions. C'est pourtant l'exercice auquel a dû se prêter l'équipe dirigeante de la chambre. Avec une contrainte de taille : maintenir coûte que coûte les interventions sur le terrain auprès des agriculteurs et des collectivités. Impossible de résoudre l'équation sans réduire les charges de structure. D'où le plan de restructuration présenté aux salariés cet automne. « Je tiens à redire la nécessité que nous avions à mettre en place ce plan pour notre institution, a indiqué Jean-Claude Darlet, lors de la session de la chambre le 22 novembre. Notre objectif n'est pas de diminuer les effectifs à tout prix, mais bien de mettre en œuvre notre projet de mandature en privilégiant notre intervention sur le terrain. Pour maintenir nos moyens opérationnels, il a fallu diminuer sensiblement les fonctions support, les moyens d'assistance et de l'encadrement. » Autrement dit supprimer 12 postes (dix équivalents temps plein : cinq postes d'assistance-logistique, trois postes de conseillers et quatre postes d'encadrement), soit près de 10% des effectifs. Cependant, compte tenu du plan de reclassement interne et du plan de départs volontaires, le solde de licenciements secs n'est « que » de deux assistantes.
Cet effort sans précédent doit permettre de redresser progressivement la barre avant un retour à l'équilibre prévu fin 2014. « Sauf coup de Trafalgar », prévient Jean-Claude Darlet. Partie avec plus de 600 000 euros de déficit début 2013, la chambre est déjà parvenue à en éponger près de 200 000. Et si le plan de restructuration a été chiffré à 500 000 euros, « son financement ne sera pas pris sur le fonctionnement de la chambre », assure l'équipe dirigeante. Les orientations stratégiques pour 2014, telles que définies en session vendredi dernier, ne devraient donc pas en pâtir.
Orientations stratégiques
Premier axe stratégique : la préservation du niveau de prestations et la politique de contractualisation avec les collectivités. Jean-Louis Goutel, directeur adjoint de l'organisme consulaire, souligne qu'avec le renouvellement des équipes municipales au printemps prochain, un gros travail de sensibilisation est à prévoir, notamment sur la gestion de l'espace et du foncier, et ce « dans un contexte d'année transitoire sur la programmation européenne ».
Plus globalement, sur le terrain, l'action de la chambre devrait se traduire par un ancrage territorial renforcé (un conseiller par territoire programme) et par la poursuite de la politique de prestations techniques, notamment en termes d'agronomie, de techniques de production et de pilotage d'entreprise. Les techniciens de la chambre continueront d'accompagner les agriculteurs dans leur recherche de valeur ajoutée (conseil stratégique, production fermière, vente directe, économies d'énergies, énergies renouvelables, diversification...). A noter : la chambre a décidé de ne pas augmenter le coût journée de ses conseillers, inchangé depuis 2010, mais de pratiquer des « hausses ciblées » sur les coûts utilisateurs.
L'effort est également maintenu côté formation : agriculteurs et salariés se verront proposer près de stages (adaptation à la nouvelle Pac, formation technique, réglementaire...). La promotion des métiers de l'agriculture (soutien au service de remplacement, promotion de l'apprentissage, prévention des risques...) et des actions en faveur des publics fragiles sont également budgétées.
« Ne pas se faire avoir »
En 2014, l'organisme consulaire va poursuivre ses actions en matière d'accompagnement des filières (alimentation, agriculture biologique, agritourisme, viticulture...). Au cours de la session, des élus - éleveurs - en ont profité pour demander à la chambre « les moyens de ne pas se faire avoir face aux grands groupes quand il s'agit de négocier le prix du lait ». Certains ont même évoqué la possibilité de « mandater un négociateur de haut vol » pour défendre les intérêts des éleveurs. Pascal Denolly, vice-président de la chambre, s'est montré très réservé face à cette proposition : « Il est vrai que ce n'est pas évident de se retrouver face à des cadres formés et aguerris. Mais c'est aux éleveurs de défendre leurs revenus. Reste à savoir comment faire et quels moyens déployer pour que, via les OP, les éleveurs soient capables de négocier face aux metteurs en marché. »
Concernant la filière forêt et bois, il est prévu de mettre en œuvre des « actions de développement forestier au service des propriétaires en partenariat avec l'ensemble des acteurs de la forêt, en particulier le centre régional de la propriété forestière (CRPF) ». Faisant allusion au fonds stratégique pour la forêt et le bois (FFS) prévu dans la loi d'avenir en préparation, Jean-Claude Darlet a prévenu : « Il faut absolument préciser l'usage de ce futur FFS dans lequel les chambres et les CRPF auraient toute leur place pour réaliser les actions de développement forestier ».
Priorité aussi sera donnée au renouvellement des générations. Pour cela, trois leviers d'action : la mise en œuvre de la charte départementale installation, l'accompagnement des porteurs de projet et la poursuite du dispositif favorisant la transmission et la création d'activité. La chambre affirme également une ambition forte concernant l'accompagnement des groupes, qu'il s'agisse de comités territoriaux, de Cuma, de structures de commercialisation ou de GIEE (1). Là encore, le président de la chambre, faisant référence à la loi d'avenir, a déclaré que la chambre était « prête à accompagner les futurs GIEE, mais il est impératif que le E de l'économie ne soit pas oublié ».
Marianne Boilève
(1) Groupement d'intérêt économique et environnemental.
Subvention confirmée
Financement confirmé par le conseil général pour les trois actions portées par la chambre d'agriculture dans les domaines de la microméthanisation, de l'agroforesterie et de la qualification agricole des inventaires des zones humides et pelouses sèches. Christian Nucci, vice-président du conseil général en charge de l'agriculture, a en effet, confirmé en session consulaire, la subvention publique à hauteur de 65 000 euros.