Éthologie
Une pratique ancrée

Morgane Poulet
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Au cours de l'automne, le centre équestre Le Troubadour, à La Buisse, organisait un stage d’éthologie pour ses cavaliers afin de leur montrer que cette discipline fait partie intégrante du travail avec le cheval.

Une pratique ancrée
Charlotte Manganese, monitrice au Troubadour, explique qu'il ne faut pas qu'il y ait de tension dans la longe pendant l'exercice.

« On a mis un mot sur une pratique qui existe depuis les débuts du travail équestre et qui en est indissociable, puis on l’a mise à part », constate Yves Perret, directeur du Troubadour, à La Buisse. Lors du stage organisé par le centre équestre l'automne dernier, l’éthologie était appréhendée au regard du fonctionnement des exercices effectués lors de la monte.
 
Lien indissociable
 
« Attraper le cheval au pré, savoir comment le faire monter dans un camion, le longer, voir et s’adapter à ses réactions, savoir choisir une selle et un mors qui lui correspondent… Tout ça, c’est de l’éthologie », précise le directeur. Et d’ajouter qu’auparavant, il était expliqué aux cavaliers et aux futurs moniteurs comment aborder un cheval, alors qu’aujourd’hui, « on le fait moins car c’est soi-disant plus propre à l’éthologie, on en a fait une discipline à part entière ». L’éthologie doit, pour lui, être pratiquée en continu, car il s’agit d’un réel besoin, comme par exemple lorsqu’un jeune cheval ou un cheval mal éduqué est manipulé.
 
Compréhension
 
Côté pratique, le stage consistait en un travail à la longe qui donnait des exemples concrets pour travailler l’anticipation, l’écoute du cheval et l’imposition de certaines règles. Mais il s’agissait aussi de travailler l’adaptation : « Si votre cheval est sensible, il faudra adapter vos mouvements et les rendre plus amples. Avec les chevaux de club, qui sont plus désensibilisés que les autres, cela peut être plus difficile, mais c’est encore une histoire d’adaptation », explique Charlotte Manganese, monitrice d’équitation au Troubadour, à ses stagiaires.
Pour elle, « le travail réalisé dans le cadre de l’éthologie permet aux cavaliers d’avoir accès à un aspect visuel de la situation, qu’ils n’ont pas d’habitude. Ils comprennent ainsi mieux comment l’exercice agit sur le cheval et comment ce dernier réagit ». Transposé à un exercice monté, le travail à pied permet aux cavaliers de comprendre où placer leurs aides.
En ce qui concerne celui qui consiste à placer les hanches de son cheval « en dedans »1, par exemple, « on voit plus facilement comment les hanches se déplacent, ce qui complète la monte où l’on a seulement le ressenti, précise-t-elle. C’est-à-dire qu’habituellement, on ne fait que sentir si les hanches se déplacent ou pas ». Dans ce cas-là, l’éthologie permet de mieux comprendre le fonctionnement physique de l’animal.
 
Interaction
 
« On ose davantage, également, car on n’a pas peur de la chute, ça permet donc de se désinhiber », ajoute-t-elle. C’est ce que les cavaliers ont pu expérimenter dans un exercice consistant à faire se caler le cheval à sa vitesse de marche. « Il ne doit pas y avoir de tension, le cheval doit trotter lorsque l’on court et s’arrêter en même temps que nous », explique la monitrice. Et en cas de tension à mettre dans la longe pour que le cheval avance, par exemple, « il faut relâcher dès qu’il cède ». Une façon de procéder et de gérer le confort du cheval qui se rapproche donc du travail monté, comme pour arrondir l’encolure.
« L’éthologie permet aussi de se faire plus confiance, car on voit tout de suite qu’on réussit à faire des choses et ça fait plaisir de voir que le cheval est à notre écoute et inversement, ajoute Charlotte Manganese. On crée un lien différemment. »
C’est ce qu’elle a souhaité enseigner à ses élèves dans un exercice de confiance : « Le principe de la boîte, c’est d’aller dans un cadre formé par des barres au sol avec le cheval, placer la longe sur son encolure et s’en aller sans le regarder. L’objectif est qu’il ne bouge pas », explique la monitrice aux stagiaires. Et de préciser que cet exercice rejoint le travail monté, dans le sens où « la situation doit être confortable pour lui et il doit comprendre ce que vous lui demandez, vous devez interagir ».

Morgane Poulet

1 Il s’agit d’un exercice dans lequel le cheval se déplace latéralement, les épaules sur la piste et les hanches à l’intérieur, incurvé dans le sens de la marche.

Signaux visibles
Exemple d'un cheval qui s'est arrêté avec les hanches décalées.

Signaux visibles

Lors de la monte, la partie détente consiste à détendre le cheval et à l'aider à se tenir dans une bonne position. Le cavalier doit lui permettre de trouver de la rectitude. Un cheval est droit lorsqu'il peut s'incurver des deux côtés et se déplacer avec aisance aux trois allures. Qui plus est, ses postérieurs doivent suivre ses antérieurs en ligne droite.
Ici, le travail à la longe a permis, grâce à son aspect visuel, de constater que le cheval à l'arrêt n'avait pas les postérieurs alignés, ce qui est un signe de déséquilibre. A pied comme à cheval, le confort de ce dernier doit être recherché pour lui permettre de se mouvoir avec aisance et sans douleur.

Détente

Détente

Dans l'exercice de la boîte, le cheval doit être détendu, dans une situation confortable et respectueuse, pour rester à l'arrêt avant de recevoir le signal lui disant qu'il peut avancer.
Le travail à la longe fait ainsi partie des exercices permettant de voir concrètement si le cheval est détendu.