Transhumance
Lutter contre la besnoitiose dès la montée d’alpage

Morgane Poulet
-

Lors de la montée en alpage de 300 bovins en mai, au Sénépy, les éleveurs et le GDS ont été particulièrement attentifs à la besnoitiose. 

Lutter contre la besnoitiose dès la montée d’alpage
Les animaux sont triés par troupeaux mais également par sérologie pour garantir des cheptels sains à leur descente d'alpage.

Les 9 et 10 juin, l’alpage du Sénépy a accueilli environ 300 bovins pour l’été. Séparés en deux groupes – l’un positif à la besnoitiose et l’autre négatif à la maladie – ils ont été précautionneusement pris en charge par Sylvain Turc, berger de l’alpage depuis 30 ans.

Préparation en amont

La préparation des troupeaux est très importante et ne doit pas être négligée, comme l’explique Pierre Nicolas, président de l’alpage du Sénépy. Ils sont tout d’abord vaccinés contre le charbon car « il y a eu des cas d’anthrax par le passé », précise Sylvain Turc. Ils sont ensuite pesés avant d’être transportés jusqu’à l’alpage, ce qui permet à ce dernier de réaliser des statistiques sur la prise de poids estivale des animaux.
Cette année, 31 éleveurs de la région mais également du département des Hautes-Alpes ont placé leurs bovins sous la garde de Sylvain Turc. Il s’agit majoritairement de charolaises, de limousines et de montbéliardes. « Cela paraît beaucoup, mais plusieurs éleveurs nous envoient seulement quelques vaches, parfois trois, parfois cinq, en fonction du nombre d’individus qui n’ont pas pu être placés en alpage plus près », explique Pierre Nicolas. « Mais le secteur est aussi connu pour ses reliefs et ses prés au-delà des frontières du département. »
Cela constitue donc beaucoup de brassage et d’interactions entre les différents troupeaux, d’où une attention particulière portée par l’alpage à la besnoitiose.

Limiter la contagion

Pour différencier les bovins positifs des bovins négatifs une fois les individus montés en montagne, leurs médailles sont de couleurs différentes. « Jaune pour les positifs, vert pour les négatifs, explique Pierre Nicolas, ce qui permet de les repérer de loin ».
« Nous les avons séparés en deux groupes pour éviter la contagion de besnoitiose », ajoute-t-il. La montée en alpage constitue en effet un moment particulièrement crucial pour les troupeaux, car il s’agit de la période à laquelle les bovins ont le plus de chance d’être en contact. Et lorsque le premier cas clinique apparaît, 30% des individus sont déjà contaminés, ce qui rend la lutte contre la propagation très compliquée.
Mais les résultats sont au rendez-vous. L’an dernier, sur 400 bêtes, seulement six ont été contaminées. En 2020, sur un troupeau de 350, elles étaient huit à avoir été touchées par la maladie et en 2019, elles étaient six sur 270. « C'est le signe que les clôtures sont efficaces », note Pierre Nicolas. « Nous faisons également attention au parcours que les bêtes suivent, c’est-à-dire qu’elles passent à mi-côte et non pas sur l’arête, ce qui limite les interactions entre les deux groupes », précise le président de l’alpage.
« Les éleveurs prennent de plus en plus conscience de l’importance à endiguer la besnoitiose, en Isère », explique Pierre Nicolas.
D’autant plus que le GDS de l’Isère prend en charge une partie des dépenses liées aux tests de détection de la besnoitiose, ce qui revient à environ 3,50€ le test pour l’éleveur. En revanche, ce n’est pas le cas dans tout le territoire français. Le GDS des Hautes-Alpes n’a pas la même politique, ce qui coûte entre 7,50 et 15€ par test aux éleveurs.

Morgane Poulet

Détecter la besnoitiose

Les animaux passent par trois phases :
- La fébrile, qui dure entre trois et dix jours. L’animal cesse de s’alimenter, larmoie, s’isole, est essoufflé et présente de la fièvre.
- Vient ensuite la phase des œdèmes, qui dure une à deux semaines et au cours de laquelle l’animal a du mal à se déplacer et a des œdèmes à la tête et aux membres.
- Vient finalement la phase de dépilation, après six semaines de maladie et au cours de laquelle un épaississement de la peau apparaît, l’animal perd ses poils, a des crevasses aux articulations et s’amaigrit. Des kystes au niveau de la sclère oculaire peuvent survenir. C’est au cours de cette phase que les tests sérologiques sont positifs.

En cas de doute, il convient de contacter immédiatement son vétérinaire et le GDS et d'isoler son animal.

MP