Evénement

Un festival en son village

Pour sa 9^e édition à Autrans, le Vercors music festival revendique toujours plus haut et fort son ancrage montagnard et villageois. Il se déroulera du 30 juin au 2 juillet avec une vingtaine d’artistes à l’affiche.
« C’est un festival avec sa spécificité », insiste Laurine Clauzier, la présidente de l’association Vercors en scène qui porte l’événement.
La manifestation est désormais bien ancrée dans son village, comme l’attestent l’initiative du Vercors summer camp et les partenariats avec les commerçants locaux, qui rassemblent chaque année davantage d’acteurs touristiques et économiques du plateau.
« Un ticket de concert donne accès à un panel d’activités pour profiter du milieu montagnard, souligne l’organisatrice. Les partenariats que nous avons mis en place avec les hôtels-restaurants créent une belle synergie. »
C’est la nouveauté de l’année : ça bouge aussi du côté des restaurants.

Moderne et vivant

« L’an dernier, nous venions d’ouvrir l’hôtel au moment du festival. Il y avait des tas de voitures devant l’établissement et nous avons découvert la manifestation, raconte Aurore André, qui a repris avec son époux Yann, en 2022, l’hôtel-restaurant Au feu de bois à Autrans. Nous nous sommes dit pourquoi ne pas créer un partenariat. Le festival apporte une activité, une dynamique, touche toutes les générations et génère du lien social. Ce sont des moments de partage. Un festival, c’est moderne, c’est vivant et cela fait découvrir le plateau. »

Aurore et Yann André
Les hôteliers, qui ont créé un bar à vin, proposeront aux festivaliers une pause tapas, le samedi 1^er juillet, à partir de midi, avant le début des concerts.
« Un verre de vin, une assiette et passer un bon moment avant de démarrer les festivités », résume Aurore André.
Les restaurateurs sont des passionnés d’œnologie et présentent une carte des vins façonnée au gré de leurs voyages en France.
Ils partagent ainsi leurs pépites avec leur clientèle, reconnaissent un faible pour les vins de l’Isérois Thomas Finot, mais ont aussi quelques adresses favorites dans le Minervois ou les Costières de Nîmes.
Ces natifs de Voiron sont aussi attachés à la Chartreuse et à ses déclinaisons qu’ils associent avec des charcuteries basques ou des produits locaux : bleu du Vercors, saint-félicien de la fromagerie Ezingeard à Saint-Just-de-Claix, miel du Rucher magique et viandes de la Ferme de la Sure à Autrans.
« Nous ne faisons ni raclette ni fondue car nos confrères en font, souligne Aurore André. Nous nous entendons très bien avec les autres restaurants du village à qui nous adressons nos clients qui ne souhaitent pas rester en demi-pension. Cela leur permet de découvrir le village et d’avoir envie de revenir. »

Festif, bon enfant

Le Vercors music festival est également partenaire de l’hôtel-restaurant La Buffe - qui a lui aussi récemment changé de propriétaire -, ainsi que du restaurant d’alpage Le Banc de l’ours.
« C’est une belle idée, nous sommes partenaires depuis plusieurs années », témoigne Éléonore Pasqualon qui a créé, à partir d’une ruine, cette auberge d’altitude avec son époux David il y a 20 ans.
« C’est vrai que sur le plateau, on est super partant pour les événements sportifs, mais c’est bien aussi de faire du culturel, ajoute-t-elle. Lorsque Laurine Clauzier nous a parlé de faire quelques concerts un peu off autour du festival, comme avec Piero2L l’an dernier, nous avons trouvé que c’était une belle idée. »
Le restaurant, situé un peu à l’écart au-dessus du village, propose régulièrement des activités à sa clientèle.
Pour le Vercors music festival, il organisera un concert en amont de la manifestation, le jeudi soir 29 juin, autour d’un repas barbecue. Dans le cadre du Summer camp, un stage de sophrologie au tarif festivalier est proposé le samedi 1^er juillet.
« Ce sera le lancement de notre saison, explique la restauratrice, avec le festival et l’intégration d’une nouvelle collaboratrice ! ».
Elle aussi souligne « les belles énergies » qui se dégagent du Vercors music festival.
« Nous sommes contents de voir ce mouvement dans le village. C’est festif, bon enfant, il y a un vrai brassage, un mélange des générations. »
Le restaurant peut recevoir jusqu’à 80 personnes et propose une carte « qui colle au lieu » : ronde de fromages issus de la production locale, ravioles aux morilles, spécialités locales ou des formules plus estivales comme des aubergines à l’huile d’olive sur croûte, des viandes grillées et l’incontournable bleu du Vercors.
Le Banc de l’ours est accessible par la route forestière l’été.
C’est un lieu atypique où les propriétaires cherchent sans arrêt à se réinventer. « Un festival, c’est bien quand il y a de la vie autour et les acteurs économiques d’Autrans ont envie que ça fonctionne. Plus on a d’énergie à mettre en commun et plus cela donne du relief », lance encore Éléonore Pasqualon.

Un équilibre

Cette communauté qui rassemble les hôteliers, restaurateurs et prestataires d’activités touristiques est largement animée par Laurine Clauzier.
Les billets de concerts  permettent en effet d’accéder à des tarifs avantageux pour la pratique du canyoning, de la spéléologie, de la randonnée avec un accompagnateur de moyenne montagne, à la speed luge d’Autrans, à la tyrolienne de Méaudre et même à l’initiation au saut à ski sur le tremplin des J0 de 1968.
L’organisatrice insiste aussi sur l’implication du monde agricole puisque c’est un exploitant qui prête gracieusement le terrain de camping et l’Afrat pour partie – avec la commune - celui du festival.
« Il y a un bon équilibre entre les acteurs agricoles et touristiques. Nous avons la chance d’avoir ces près. C’est un modèle de confiance, on ne nous demande rien, sauf de laisser le terrain bon pour la pâture. Cela pèse dans la balance. »
Sans oublier les food trucks présents dans l’enceinte du festival, qui ont l’obligation de se fournir au moins pour 50 % en produits locaux et de saison.

Comme tous les festivals, le Vercors music festival connaît un équilibre financier fragile. S
on budget de 612 000 euros est en augmentation de 12 % et les organisateurs ont été contraints de faire des choix, notamment en supprimant la scène de Méaudre.
La fréquentation attendue est d’un minimum de 1 900 spectateurs par soir. Un recentrage en un seul lieu et la mobilisation des bénévoles avec un stand restauration participent par exemple à l’amélioration des recettes.

Isabelle Doucet