ACTIONS SYNDICALES
Les départements pleinement mobilisés contre le loup

Soixante-dix départements ont répondu à l’appel national de mobilisation contre le loup lancé par les principales organisations professionnelles agricoles. Dans notre région, manifestations, rencontres en préfecture et visites d’élevages ont animé le 15 octobre.

Les départements pleinement mobilisés contre le loup
À Chambéry, les manifestants ne sont pas passés inaperçus. ©TDS

 

Particulièrement touchées par la prédation du loup, Savoie et Haute-Savoie ont représenté le 15 octobre dernier le centre névralgique des mobilisations en région. À l’appel de la FDSEA et de JA, près de quatre cents agriculteurs, chasseurs et élus ruraux se sont rassemblés devant les deux préfectures. À Chambéry (Savoie), ils étaient près de deux cents agriculteurs et chasseurs devant les portes de la préfecture, dont de nombreux jeunes agriculteurs. René Féchoz, secrétaire général de la FDSEA des Savoie, a pris la parole : « Nous étions là pendant le confinement pour continuer à vous nourrir et nous avons bien l’intention de poursuivre notre noble métier, si les loups ne nous ont pas exterminés d’ici là ». Si Régis Clapier, président de la fédération départementale de chasse de Savoie était présent pour apporter le soutien des chasseurs aux éleveurs, Mathieu Richel, président de JA de Savoie a profité de l’occasion pour présenter les revendications du syndicat au sujet du loup. Après l’entrevue avec le préfet, les manifestants se sont dispersés dans le calme. Côté Haute-Savoie, sur la remorque qui barrait l’accès à la préfecture d’Annecy, Guillaume Mollard (JA pays du Mont-Blanc) a le premier pris la parole : « On ne peut pas laisser se développer des meutes de loups spécialisées dans la consommation de nos troupeaux domestiques, il faut davantage de régulation ». Maire de Mieussy (Haute-Savoie), Régis Forestier a lui appelé à « prendre soin de la ruralité » et dénoncé l’incohérence des politiques publiques. Comme convenu, le préfet Alain Espinasse a ensuite reçu une délégation de responsables professionnels avant qu’un cortège bruyant, moutons et génisses en tête, ne s’improvise en ville.

La Saône-et-Loire dans la rue

Autre mobilisation d’importance du côté de la Saône-et-Loire, département désormais inscrit sur la liste des fronts de colonisation du loup. Ce vendredi 15 octobre en sous-préfecture de Charolles, une cinquantaine d’éleveurs étaient présents pour interpeller l’État, les pouvoirs publics et les élus locaux. En plus des revendications syndicales nationales, FDSEA et JA de Saône-et-Loire ont rappelé les spécificités de l’élevage bocager de Saône-et-Loire, difficile à protéger du loup par des filets ou des patous. « Le plan loup n’est pas applicable et la colère monte », a prévenu Christian Bajard, président de la FDSEA de Saône-et-Loire qui a dit regretter de devoir en arriver là pour obtenir des tirs de prélèvement supplémentaires. JA a de son côté alerté sur le fait que face aux dégâts causés par le loup, de jeunes éleveurs se découragent aujourd’hui au moment de s’installer alors qu’un important renouvellement des générations est nécessaire pour maintenir l’activité de ces territoires ruraux.

Les Drômois reçus par leur préfet

Dans la Drôme, les responsables de la fédération départementale ovine (FDO), de la FDSEA et de Jeunes agriculteurs ont été reçus par la secrétaire générale de la préfecture et la directrice départementale des territoires. Leur mot d’ordre : la prédation reste trop importante sur le département avec déjà plus de 120 constats et 275 victimes indemnisées entre le 1er janvier et le 10 octobre de cette année. La profession agricole a notamment alerté sur un sujet brûlant : la cohabitation entre les chiens de protection des troupeaux et les autres usagers. « La responsabilité juridique ne doit pas reposer sur les épaules des éleveurs qui se voient imposer ces chiens. Les autres usagers doivent être éduqués et se comporter correctement en leur présence. L’État doit assumer cette responsabilité », ont plaidé les représentants de la FDO, de la FDSEA et de JA. Sans oublier d’alerter sur la méthode de comptage de la population de loups, jugée « peu fiable » car reposant en grande partie sur des indices de présence identifiés par des bénévoles. Sans une prise de conscience collective, l’élevage sera selon eux menacé à moyen terme. Et d’interroger : « Combien coûtera à la société, dans dix ou trente ans, l’entretien des sentiers, des estives et des bois qui ne seront plus pâturés ? »

Le Rhône sous surveillance, l’Auvergne mobilisée

Même son de cloche du côté du Rhône où une délégation d'agriculteurs représentant la FDSEA du Rhône et Jeunes agriculteurs a rencontré le sous-préfet de Villefranche-sur-Saône, Jean-Jacques Boyer. Composée de Pascal Girin, président de la FDSEA, Xavier Gonnet, éleveur caprin à Chambost-Allières et Philippe Poix, éleveur ovin à Sainte-Consorce, la délégation a présenté au sous-préfet les revendications du réseau syndical. À la suite de cet entretien, le département du Rhône reste pour le moment au stade de mise en garde mais si la situation venait à s’aggraver, des mesures supplémentaires de neutralisation seraient appliquées. Côté auvergnat, les responsables professionnels n’ont pas non plus manqué à l’appel. En Haute-Loire d’abord, le préfet a été interpellé par les élus de la FNSEA et de JA le 12 octobre lors d’une visite de terrain sur une exploitation à Saint-Beauzire. À l’approche de la journée de mobilisation, la FNSEA de l’Allier a de son côté adressé un courrier au préfet du département dans l’espoir d’obtenir un rendez-vous. Dans le Cantal, les élus ont pu rencontrer leur préfet le 15 octobre. Ce même jour dans le Puy-de-Dôme, la FNSEA du département avait convié la presse et transmis un courrier au préfet.

Des visites d’élevages sinistrés en Ardèche

En Ardèche, la FDSEA et JA ont organisé une visite de terrain à Sceautres sur l’exploitation de Damien Chaussignand, victime d’une attaque sur son troupeau ovin le 25 septembre dernier. « L’idée n’est pas de le chasser pour le tuer mais de faire en sorte qu’il s’en aille, de gérer l’urgence et de préparer l’après. Le loup fait des dégâts, provoque de l’émotion, c’est bien normal, mais ne brûlons pas les étapes », a expliqué le préfet Thierry Devimeux. La présidente de la FDSEA, Christel Cesana, a de son côté salué le sang-froid des éleveurs ainsi que la rapidité et l’efficacité des réponses apportées par les services de l’État. Elle appelle désormais à mettre à disposition des éleveurs des chiens de protection et un large réseau pour épauler les délégations de tirs via des aides à l’emploi ou un service de remplacement. Aux actions spectaculaires, les syndicats ont ici préféré « temporiser et expliquer calmement » les conséquences de la prédation, particulièrement sur des secteurs comme celui du Coiron, difficile à travailler. De nombreux représentants du monde agricole et élus ardéchois étaient également présents pour rappeler que la cohabitation avec le loup était impossible. Tous appellent les pouvoirs publics à aller plus loin.

Apasec