Santé mentale
« La goutte d’eau qui fait déborder le vase »

Morgane Poulet
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Le 5 février, la MSA Alpes du Nord et Saint-Marcellin Vercors Isère Communauté intervenaient sur la question du suicide chez les agriculteurs.

« La goutte d’eau qui fait déborder le vase »
Saint-Marcellin Vercors Isère Communauté ainsi que la MSA Alpes du Nord souhaitent soutenir davantage les agriculteurs en difficulté.

Le 5 février marquait la journée du suicide en France. Saint-Marcellin Vercors Isère Communauté et la MSA Alpes du Nord ont choisi cette date pour rappeler les dispositifs qui existent dans le département, notamment pour les agriculteurs, qui constituent la profession ayant le taux de mortalité par suicide le plus élevé des catégories socio-professionnelles.
 
Accommpagner les situations difficiles
 
Même si Auvergne-Rhône-Alpes (Aura) fait partie des régions possédant les taux de suicide les plus bas de France, les agriculteurs d’Aura sont tout aussi touchés que les autres par des taux de suicide particulièrement élevés.
Pour François Thévenas, présidente de la MSA Alpes du Nord, « le mal-être agricole est une réalité qui ne doit pas être un tabou. Par exemple, de nombreux agriculteurs s’estiment victimes de harcèlement au travail, mais ils sont également sujet à l’accumulation des crises météorologiques qui surviennent plusieurs fois dans l’année. Rapidement, elles deviennent la goutte d’eau qui fait déborder le vase ». Les difficultés économiques, l’endettement, l’isolement, les conditions de vie ou encore de travail, les contraintes administratives, la défiance de certains consommateurs sont autant de raisons qui peuvent aussi les conduire à l’irréparable, précise la communauté de communes.
En Isère, l’indice de risque de suicide chez les agriculteurs est de 3/5. Lorsque le film Au Nom de la terre est sorti en 2019, de même que des rapports sur le bien-être des agriculteurs, « les services de la MSA se sont réorganisés et ont embauché des personnes dédiées à ce sujet », ajoute Fabien Champarnaud, directeur général de la MSA Alpes du Nord.
La mise en place d’un réseau de sentinelles animé par la MSA depuis fin 2021 a également été décidée pour épauler les agriculteurs en difficulté. En 2023, douze formations ont été effectuées, permettant de former 137 sentinelles supplémentaires en Isère, en Savoie et en Haute-Savoie, dont 20 élus MSA. Une formation spécifique à la nuciculteur a été donnée à Saint-Marcellin. En 2024, six sessions de formations sont prévues : les 8 mars, 3 mai, 14 septembre et 22 novembre en Savoie et en Isère et les 27 juin et 14 octobre en Haute-Savoie.
A l’avenir, la MSA Alpes du Nord souhaite se rapprocher davantage des MFR et des lycées agricoles pour pouvoir « parler plus directement de la santé mentale, notamment avec ceux qui s’installeront ». Fabien Champarnaud constate qu’aujourd’hui, il y a une meilleure acceptation des relais mis en place pour épauler les agriculteurs en difficulté. Mais pour lui, l’association en société reste la meilleure solution « pour sortir la tête du guidon et pour avoir des possibilités de roulement ».

Morgane Poulet

Aides existantes

3114 : numéro national de prévention suicide. Gratuit, accessible 24/24h et 7/7 jours.
Agri Ecoute : 09 69 39 29 19 ou par tchat sur agriecoute.fr pour les personnes relevant de la MSA.
VigilanS, 04 72 34 74 00 : pour maintenir le contact après une tentative de suicide. Du lundi au vendredi de 8h30 à 12h30 et de 13h30 à 17h30.
Conseil local de santé mentale, 04 76 38 45 48 (Maison intercommunale des familles) : co-présidé par Saint-Marcellin Vercors Isère Communauté et le Centre hospitalier Alpes Isère
Dispositifs intercommunaux de prévention, 04 76 38 45 48 : les permanences passerelles pour parler de ses difficultés ; « En route vers la santé » pour favoriser l’accès aux soins ; les permanences spécifiques à la Maison intercommunale des familles de Saint-Marcellin Vercors Isère Communauté.

Des chiffres encore trop importants

L’Observatoire national du suicide constate en 2022 une dégradation de la santé des Français pendant et après la crise sanitaire. Deux phénomènes sont observés :
-       Une baisse des décès par suicide et des recours aux soins pour des lésions auto-infligées lors des deux confinements de 2020
-       Une hausse très marquée des gestes suicidaires chez les adolescents et les jeunes femmes au deuxième semestre 2020
Pour autant, le taux de suicide est en baisse depuis vingt ans, en France. Il représente tout de même 10 000 décès et 200 000 tentatives par an.
Le taux de suicide français est de 13,4 suicides pour 100 000 habitants contre 10,2 pour l’Europe. Chez les hommes français, il s’élève à 20,4 pour 100 000 habitants contre 6,2 pour les femmes.
Un tiers de la population sera touchée par un trouble mental au cours de sa vie.
Un tiers de la population sera touchée par un trouble mental persistant au cours de sa vie.