Après un mouvement bon enfant concrétisé par les retournements de panneaux dans notre département comme dans la France entière, la situation se tend parce qu’aucune de nos demandes n’est réellement entendue par les pouvoirs publics.
Ce jeudi, nous organisons donc des convois de tracteurs et de manifestants vers Grenoble et la direction départementale de l’Agriculture.
L’heure est venue de dénoncer plus fortement de véritables dysfonctionnements.
L’énergie est devenue trop chère : le GNR va supporter une taxation de 200 euros la tonne, l’électricité va être 3 à 5 fois plus chère. Même les particuliers vont voir leur facture augmenter. Les prix raisonnables que nous connaissions constituaient un avantage de compétitivité pour les exploitants agricoles mais aussi pour le tissu économique français. Ces prix acceptables représentaient aussi une compensation à la présence de centrales nucléaires sur notre sol. Parce que de l’énergie décarbonée, tout le monde en veut, mais produite chez le voisin.
Tout le monde veut aussi des règles environnementales draconiennes. L’Europe les met en place. Nous ne trouvons rien de mieux dans notre pays que de les surtransposer, pour rajouter jusqu’à l’abus, des normes aux normes. C’est ainsi que l’on arrive à la séparation de la vente de produits phytosanitaires et des conseils qui devraient les accompagner avant toute prise de décision. C’est en réalité une usine à gaz qui n’a servi qu’à faire plaisir à certains extrémistes. Le prix des traitements est tellement élevé qu’aucun agriculteur n’y a recours sans raison.
Ces dérives finissent par nous faire douter de l’Europe, nous la profession sur laquelle elle s’est construite. Les dernières moutures de la Politique agricole commune, mais aussi la perspective d’élections européennes pourraient exacerber un ultraverdissement.
Sous couvert de réchauffement climatique, les pouvoirs publics créent ou gonflent des taxes : TIPP, TGAP et bien d’autres. En réalité, ce sont des rentrées supplémentaires pour la France et l’Europe.
Les vrais enjeux aujourd’hui sont là, mais ne seront surmontables que si nous assurons la production agricole dans les décennies futures. Il faut donc renouveler les générations. Ce sera impossible si nous continuons sans cesse dans cette complexité administrative, dans les contrôles sans fin de l’OFB ou de la Dreal, le tout sans garantie de revenus décents.
Nous proposons que tous ces contrôleurs mis sur notre dos soient réorientés vers l’observation des marges abusives. Car un chou acheté 70 centimes d’euros au producteur, se retrouve à 6 euros sur l’étal des commerçants, le kilo de pommes cédé à 50 centimes oscille entre 5 et 6 euros lorsqu’il est proposé aux consommateurs.
Dès ce jeudi, nous appelons à manifester à Grenoble avec une convergence de convois agricoles à partir des trois vallées de l’Y grenoblois et la semaine prochaine, nous organiserons au niveau régional des blocages du réseau routier.
Le monde agricole devra être entendu.
Jérôme Crozat, président de la FDSEA de l’Isère
