Salon international de l'agriculture
Beaucoup d’inscrits, peu d’élus

Isabelle Doucet
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Derniers préparatifs avant la 60e édition d’un Salon international de l’agriculture (SIA) très attendu par ses différents acteurs.

Beaucoup d’inscrits, peu d’élus
Ondy Red, une prim'hosltein rouge de la ferme Verdel à La Tour-du-Pin, habituée des podiums. (Photo Guillaume Moy)

Pas de Salon sans agriculteur et l’Isère sera une fois de plus bien représentée à la 60e édition du SIA qui se déroulera à Paris, porte de Versailles, du 24 février au 3 mars.
Pas moins de 83 produits fermiers ou artisanaux seront présentés dans le cadre du Concours général agricole – un record -, ainsi que cinq vaches laitières en concours, mais également sept villardes et leur suite et une hérens en présentation. Il y aura aussi des chevaux du Vercors de Barraquand et... deux chèvres de la race Massif central menées par la Chèvre pastoral d'Eyzin-Pinet.
Après les grandes manifestations menées début février par les agriculteurs pour crier leur ras-le-bol de toutes les conditions qui entravent l’exercice de leur métier et dénoncer la faiblesse de leurs revenus, ce salon 2024 aura sans doute une saveur particulière.
La plus grande ferme de France sera l’épicentre de moultes négociations interprofessionnelles et politiques.
Mais il en faudrait plus pour perturber la nonchalance des plus belles laitières de France qui seront réunies dans le Hall 1. Parmi elles, on retrouvera des habituées comme Nobelle, cette prim’hosltein exceptionnelle, copropriété de la ferme Verdel de la Tour-du-Pin et de l’EARL Lepoint (59), qui depuis le début de sa carrière ne cesse de briller sur les podiums.

Nobelle (photo Guillaume Moy)

La ferme Verdel présentera aussi Ondy Red, une prim’hosltein à la robe rouge, elle aussi déjà fortement capée dans les plus grands concours de race.

« Notre meilleure vache »

Depuis 2018, le Gaec des Trois sapins, à Porte-des-Bonnevaux, voit aussi ses bêtes sélectionnées pour participer au CGA. « Avec toujours une vache et une souche différente », indique l’éleveur, Cédric Goy, qui est aussi président de l’association Prim’hosltein Isère.
Il présentera cette année Rina, une jeune vache en 2e lactation, qui a déjà quelques titres à son actif : 2e au régional Vaches en piste de la Roche-sur-Foron (74) l’an dernier et championne espoir à l’interdépartemental d’Hauterives (26).
« Rina s’est fait remarquer tout de suite. Elle est d’une souche que nous avons depuis très longtemps à la ferme, mais qui n’était jamais sortie au concours général, reprend l’éleveur. On l’apprécie beaucoup. C’est notre meilleure vache du moment. »
Robe blanche, de taille moyenne, elle correspond aux critères modernes de la race. « Elle a une super mamelle, haute, bien attachée. Elle n’est pas énorme dans son squelette, mais bien faite, bien large. Et surtout, elle produit 50 kg de lait par jour », souligne le producteur.
Le Gaec des Trois sapins compte 55 vaches à la traite. La génétique fait partie de la conduite d’élevage.
« Le travail bien fait ne coûte jamais cher lorsque l’on a des résultats comme ça », assène Cédric Goy. 

 Rina, une prim'hosltein reconnaissable à sa robe blanche. 

Il dit sa fierté de voir Rina compter parmi les six prim’holstein sélectionnées de la région.
« Énormément de gens souhaitent participer au CGA. Il y a beaucoup d’inscriptions et avoir une vache retenue, cela fait plaisir. Même s’il n’y a pas de grosses retombées et que cela représente un budget d’aller à Paris. »
Cette année, prim’holstein et montbéliardes de la région ne feront pas le voyage pour Paris ensemble, ces dernières ayant un emploi du temps décalé. « Ce sera chacun de son côté », regrette l’éleveur. L’embarquement a eu lieu ce 22 février à Confrançon (01). « Je monte et je serai présent jusqu’à mardi », ajoute-t-il.
Il peut compter sur son frère et associé ainsi que sur son père, retraité salarié, pour faire tourner la ferme pendant que Rina se compare aux 115 prim’hosltein sélectionnées (100 noires et 15 rouges).
« C’est de la préparation pour les concours, explique Cédric Goy. Cela réclame du temps et de la technique, notamment pour le remplissage de la mamelle. Il faut être au top. Il y a une échographie avant de passer sur le ring, pour le bien-être animal. Si la vache n’a pas de lait, elle ne fait rien et si elle en a trop, elle ne rentre pas sur le ring. Ce qui serait dommage. »
Mais une fois sur le Grand ring, c’est la montée d’adrénaline garantie ; une fébrilité que l’éleveur doit maîtriser. « Il faut se détendre, sinon, l’animal le ressent. »
Une Iséroise de race simmental, Mirage, du Gaec Vial Rostaing à Montferrat, concourra également à Paris, ainsi qu’une montbéliarde, Ryfone, de l’EARL du Crossey à Saint-Joseph-de-Rivière.

Plus de 30 ans de travail

Pour la 14e année, les villardes font aussi salon à Paris. Elles seront également logées dans le pavillon 1 avec le Collectif des races alpines réunies (Pavillon 1 H050).
L’autre bête emblématique du massif, le cheval du Vercors de Barraquand, sera également du voyage.
Lucien Idelon, qui a repris la ferme familiale à Izeron, possède sans doute le plus gros troupeau de vaches de race villard-de-lans, soit 40 mères, qui représentent près de 10 % de l’effectif de la race.
« Je monte tous les ans au Salon, raconte le jeune homme. Nous sommes une bonne équipe dans le Vercors, nous nous retrouvons entre jeunes, ça fait plaisir. Mais il y a aussi des copains de toute la France, que nous ne voyons qu’à Paris. » Récemment, les jeunes éleveurs du massif ont même créé l’association Villarde avenir.
Sept villardes et deux veaux, ainsi que quatre hérens et deux veaux, seront présentés à Paris.
Lucien Idelon montera avec Plaisir et son veau Violette en villarde, ainsi que Pandore en hérens.

Plaisir ou la plus belle des villardes.

« Plaisir représente bien la race, elle est dans les meilleures lignées de la maison. Sa mère était Laïka, qui était déjà montée deux fois au salon. C’est le résultat de plus de 30 ans de travail. »
Car les parents de l’éleveur, Bernard Idelon et Catherine Duboucher, comptent parmi les sauveteurs de la race villard-de-lans.
« Elles font partie du patrimoine du Vercors, il faut être engagé pour notre territoire et notre terroir », déclare l’éleveur en insistant sur sa « passion et son amour de la race ».
Plaisir, « pointée première de la race », précise Lucien Idelon, a déjà donné trois veaux. C’est une habituée des sorties, courant de Vaches en piste à la Fête du bleu.
Quant à Pandore, la jeune hérens qui a aussi son ticket pour Paris, « elle est encore plus calme et douce que Plaisir, assure l’éleveur. Comme la villarde, c’est une race bien adaptée au pâturage, qui est très attachante. Quand un éleveur commence par une hérens, après, il ne s’arrête plus ! »

Pandore, une jeune hérens très atrachante.

Les vaches sélectionnées en races alpines réunies (hérens, villardes, tarines et abondances) partent de La Motte-Servolex (73), le 23 février et resteront à Paris jusqu’à la fermeture du salon.

Isabelle Doucet

« La qualité se fait au verger »
Le jus de pomme brut du Val qui rit.

« La qualité se fait au verger »

Après dix ans de pause,  les Fruits du Val qui rit renouent avec le Concours général agricole en présentant trois jus de fruit.

Si le producteur d’alcool et spiritueux Cherry Rocher fait montre d’une implication maximale cette année dans le Concours général agricole, en présentant 38 produits sur les 83 sélectionnés pour l’Isère, le département s’illustrera tout de même par une large palette de productions.
Huiles de noix, fromages, miels, bières et jus de fruits seront ainsi soumis à l’appréciation des jurys, dans l’espoir de remporter quelques médailles en reconnaissance de leur qualité.
« J’ai été médaillé dix fois, de 2002 à 2013, puis j’ai fait une pause », raconte ainsi Jérôme Jury, producteur de fruits à Saint-Prim.
Son établissement, Les fruits du Val qui rit, présentera cette année deux jus de pommes et un cocktail pomme fraise. Le producteur, s’était éloigné du CGA car il ne se reconnaissait plus dans l’organisation.
« Les choses ont l’air de changer, c’est un peu plus sérieux, alors je retente l’aventure. Nous avons besoin de reconnaissance qualitative », explique-t-il. « Ce sont les fruits issus de l’exploitation, insiste le producteur. Je sélectionne des lots qualitatifs pour avoir un maximum d’arômes. Il n’y a aucun conservateur, aucun additif. C’est un pur jus de fruit dont la qualité se fait au verger. »
L’extraction des jus se fait en partenariat avec un transformateur basé dans la Loire, selon un process bien établi.

Assemblages

Le producteur de fruits parle de ses jus avec la même passion qu’un vigneron de son vin. Il opère des mélanges variétaux pour trouver le bon équilibre gustatif, entre le sucré et l’acidulé.
Les lots, d’environ 5 000 à 6 000 litres chacun, sont sélectionnés et les meilleurs ont été retenus pour le CGA.
Seront en lice un jus de pomme filtré et l’autre pressé.
Ce dernier est un brut de pressoir, riche en pulpe et en fructose, aromatique, mais à la robe un peu trouble, dans l’air du temps gustatif et visuel.
Quant au cocktail pomme-fraise, il est le résultat de l’excellence recherchée par l’exploitation dans la production de petits fruits. « En fraises, nous avons atteint un niveau où l’on peut difficilement faire plus », assure le producteur. Résultats le 27 février.

ID
Le jus de pomme fraise

Tous les produits de l'Isère au Concours général agricole :

Les produits fermiers :

• Miel : l’Arbre à miel à Lancey, Les Ruchers du Verderet à Grenoble, Les Miellines à Thodure.
• Huile de noix : EARL La Bérangère et Eurl Le Moulin de Damien à St Vincent de Mercuze, Gaec de Riquetière à l’Albenc, Gaec des Murailles à Tullins, Gaec du Rocher à Saint-Geoirs, Veyret Gérald à Serre Nerpol.
• Fromage fermier et Yaourts : Gaec Bergerie de Rif Clar à Saint-Andéol, GAEC Normand à Villard-Saint-Christophe
Les produits artisanaux :
• Produits laitiers : Société Fromagère de Saint-Just-de-Claix, SA Eurial à Vinay, et fromagerie du Dauphiné à Têche, Fruitière de Domessin à Val-de-Virieu.
• Charcuterie : Pâté de campagne supérieur Conserverie des Alpes au Cheylas.
• Liqueurs et apéritifs : SAS Bigallet à Virieu, Cherry Rocher à Bourgoin-Jallieu, SAS Esprit Brindille à Montseveroux
• Bières : La Furieuse à Sassenage

Au programme

Concours général agricole :
- Lundi 26 février : concours prim’holstein
- Mardi 27 mars : concours simmental
- Samedi 2 mars : concours montbéliarde

Présentation races alpines réunies :
- Villardes : samedi 24 février de 14 h 00 à 14 h 30 ; dimanche 25 février de 16 h 00 à 16 h 30 ; lundi 26 février de 9 h 00 à 9 h 30 ; mardi 27 février de 15 h 30 à 16 h 00 ; vendredi 1er mars de 13 h 00 à 13 h 30 ; samedi 2 mars de 10 h 00 à 10 h 30.
- Hérens : samedi 24 février de 14 h 30 à 15 heures ; dimanche 25 février de 15 h 30 à 16 h 00 ; lundi 26 février de 9 h 30 à 10 h 00 ; mardi 27 février de 14 h 00 à 14 h 30 ; vendredi 1er mars de 12 h 30 à 13 h 00 ; samedi 2 mars de 11 h 00 à 11 h 30.

Événements :
- Samedi 24 février, de 10 h 00 à 18 h 30 : Journée des produits Isère, sur le stand de la Région Auvergne-Rhône-Alpes (7.1D015) : jeux culinaires, quiz, recettes, interventions autour de l’omble chevalier, des ravioles du Dauphiné IGP, de la viande Ishere et du gratin dauphinois, de la noix de Grenoble AOP, du saint-marcellin IGP et du bleu du Vercors-Sassenage AOP.
- Jeudi 29 février, à 10 h 30, stand FNSEA (Hall 4, stand C068) : valorisation du partenariat entre la Chambre d’agriculture de l’Isère, le Département, et la Banque alimentaire de l’Isère, avec le collectif Plein lait yeux.
- Après-midi, stand Interfel (Hall 2.2, stand B017) : rencontre entre le CAD, les acteurs de la production végétale, les parlementaires isérois, la FNPF ainsi que la FDSEA38.

Salon international de l'agriculture
24 Février › 3 Mars 2024 
Paris Expo - Porte de Versailles 
9h à 19h - Tous les jours