PLAN POLLINISATEURS
FNSEA : Ne pas opposer apiculteurs et agriculteurs

Le gouvernement a prévu de publier, à la fin mars, le nouveau plan pollinisateur, dans lequel figurera la nouvelle directive Abeilles. L’occasion pour la FNSEA de rappeler que les métiers d’agriculteur et d’apiculteur sont complémentaires. 

FNSEA : Ne pas opposer apiculteurs et agriculteurs
La FNSEA craint que le nouveau plan pollinisateur ne crée des distorsions de concurrence et n’aille à l’encontre de la diversité des productions. ©Actuagri

Depuis qu’elle est parvenue, en décembre dernier, à faire stopper la publication de la nouvelle directive Abeilles, et depuis sa rencontre en janvier avec les ministères de l’Agriculture et de la Transition écologique, la FNSEA n’a pas eu que peu de nouvelles de ces deux ministères et « ne sait pas quelle est aujourd’hui la mouture du plan pollinisateur », a indiqué Hervé Lapie, secrétaire général adjoint de la FNSEA le 18 mars lors d’un point presse.

Le syndicat agricole est dans les mêmes dispositions qu’au mois de décembre : ne pas se focaliser sur l’élargissement de la directive Abeilles aux fongicides et herbicides mais donner une cohérence à l’ensemble de ce plan, a en substance affirmé Christian Durlin, président de la Commission environnement de la FNSEA. « Une cohérence avec le plan protéines et aussi avec l’ensemble de nos partenaires européens, avec qui nous avons échangé », a-t-il ajouté.

Ce nouveau plan « doit éviter de créer des distorsions de concurrence et doit également préserver la diversité de nos productions », a-t-il martelé. La crainte de la FNSEA est notamment de voir s’amenuiser encore plus le nombre d’hectares en colza et d’une manière générale en oléoprotéagineux. Or le colza, qui est « la tête de rotation de nos cultures, est passé d’1,4 million d’ha en 2010 à 950 000 en 2020 », a précisé Hervé Lapie. « Surtout le colza est utilisé pour dynamiser nos miellées et faire "mousser" nos ruches, c’est-à-dire que cette plante nous permet de multiplier nos colonies », a insisté Eric Lelong, apiculture bio, président de la Commission apicole de la FNSEA et président de l’Interprofession apicole, InterApi.

Poursuivre le dialogue

L’autre sujet qui inquiète la FNSEA sur le plan pollinisateur concerne les plages horaires auxquelles les agriculteurs seraient contraints d’intervenir, conformément à un avis de l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (Anses). En effet, l’Agence préconise d’effectuer tous les traitements dans les trois heures suivant le coucher du soleil, ce qui pose un problème de main-d’œuvre et de disponibilité impactant les vies familiales. Cette préconisation pose un problème social et financier quand les agriculteurs ont des salariés agricoles, et surtout quand le coucher du soleil est à 21 ou 22 heures. De plus, cette règle ne tient pas compte de la dangerosité de certaines terres qui peuvent être en pente, en devers, avoir des lignes électriques, etc.

« Dans ces conditions, le traitement de nuit est inacceptable, car il peut être dangereux.  Nous pouvons très bien passer dans nos champs deux heures avant le coucher du soleil », a affirmé Christian Durlin. Ce qu’a confirmé Eric Lelong : « Deux heures avant le coucher du soleil, il y a peu de chance de voir des abeilles dans les champs parce qu’elles sont sensibles à la lumière et à la température. De même, le traitement flash de la tavelure pour les arboriculteurs est-il "entendable" », a-t-il ajouté précisant que le « traitement doit se faire hors présence des abeilles ». « Surtout arrêtons d’opposer agriculteurs et apiculteurs », ont plaidé les trois élus de la FNSEA appelant « à la poursuite d’un dialogue qui existe ». Autrement dit la FNSEA attend que le gouvernement et l’Anses rendent une copie en adéquation avec les réalités du terrain.

Christophe Soulard