Agriculture biologique
« La filière bio est porteuse »

Morgane Poulet
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Le 4 avril, Mangez Bio Isère constatait l’importance de consommer bio et local lors de son assemblée générale, à Chevrière.

« La filière bio est porteuse »
Franck Rousset, président de Mangez Bio Isère, a insisté sur l'importance de manger bio et local.

Créée il y a dix-sept ans, l’enseigne Mangez Bio Isère s’inscrit dans une dynamique de développement des circuits-courts et bio.
Lors de l’assemblée générale de la structure, le 4 avril à Chevrières, son président, Franck Rousset, a insisté sur le besoin de reterritorialiser l’activité bio pour, à terme, renouer l’engagement entre le consommateur et le client, car, pour lui, « la filière bio est porteuse ».
 
Marché obstrué
 
Mangez Bio Isère a progressé de 20 % sur le marché du bio, pourtant en régression ces derniers temps. Un nombre encourageant, pour Lydéric Motte, directeur de la structure.
« Le marché bio est pourtant tendu, car après dix années d’extension et un volume multiplié par 3,5, le bio connaît un recul de 3 % depuis la moitié de l’année 2021 », précise-t-il.
En 2022, le marché bio a diminué ses parts de 4 % dans les magasins généraux et de 16 % dans les magasins spécialisés. Une baisse générale de la consommation du bio est ainsi constatée, en particulier en ce qui concerne la partie de vente au détail.
La tension exercée sur le pouvoir d’achat (les produits alimentaires ont connu une hausse des prix de 12,1 %) n’épargne ainsi pas le bio, qui est régulièrement laissé de côté, jugé trop cher.
Qui plus est, « il y a un engorgement au niveau des débouchés », ajoute Lydéric Motte, car 2 175 déconversions ont eu lieu en 2022, ce qui représente 5 % des labels bio.
« La bio reste pourtant une valeur sûre, notamment en ce qui concerne les pratiques environnementales, précise-t-il, et l’inflation a été généralement moins forte pour les produits bio. » Il y a ainsi, pour Mangez Bio Isère, un enjeu de taille : « réussir à remettre la bio dans les priorités de consommation ».
 
Miser sur les jeunes
 
Pour cela, certains mettent tous leurs espoirs sur les jeunes générations. C’est le cas d’Imen de Smedt, conseillère départementale et adjointe à la mairie de Saint-Marcellin.
« L’alimentation fait partie d’un axe fort de l’éducation : nous devons sensibiliser les enfants à une alimentation saine et équilibrée », explique-t-elle.
En ligne de mire, les restaurations collectives. Depuis 2015, le Département œuvre à ouvrir un service responsable au bénéfice de l’ensemble des collégiens isérois. Le taux d’utilisation des produits locaux et bio a ainsi largement augmenté dans les cantines scolaires, passant de 25 % en 2015 à 38,5 % cinq ans plus tard.
L’objectif du Département pour 2028 étant de passer à du 100 % bio ou local.
Pour y arriver, un travail est réalisé depuis septembre 2021 dans l’agglomération grenobloise. Une expérimentation propose un parcours 100 % bio ou local, c’est-à-dire que pour chaque repas, au moins une offre bio est proposée.
 
Gestion directe
 
Du côté de Saint-Just-de-Claix, la cantine scolaire est en gestion directe depuis trente ans, ce qui a permis à la commune de s’engager activement dans le développement du bio local.
« J’aimerais pouvoir étendre ce projet sur l’ensemble du territoire du Sud-Grésivaudan et travailler avec des communes plus petites », explique Joël Obaton, maire de Saint-Just-de-Claix. La cuisine, mutualisée avec celle de Saint-Romans depuis 2017, permet d’offrir 140 repas à Saint-Romans et 110 à Saint-Just-de-Claix.
Et cette dernière commune est « la seule du département qui est associée à Mangez Bio Isère ».
Le CEA de Grenoble, qui possède trois restaurants d’entreprise, est également un partenaire de Mangez Bio Isère qui souhaite, à son échelle, participer au développement du bio dans les assiettes.
Ainsi, sur les trois restaurants, la part de produits bio représente 40 % des achats, en grande majorité fournis par Mangez Bio Isère. Et ces aliments sont le plus possible livrés bruts, afin d’être cuisinés sur place.
Autant d’initiatives soutenues par Mangez Bio Isère et que la structure souhaiterait voir fleurir dans le département.

Morgane Poulet
Une tribune pour maintenir le bio à flot
Imen de Smedt, Franck Rousset et Joël Obaton ont signé La Tribune de Mangez Bio Isère.

Une tribune pour maintenir le bio à flot

En pleine période d’inflation, Mangez Bio Isère recommande les filières bio locales pour faire le plein de courses sans se ruiner.

Alors que l’inflation bat son plein depuis plusieurs mois (6,7 % en décembre 2022), Mangez Bio Isère a écrit une tribune pour expliquer les raisons qui font de la filière bio et locale une bonne solution pour s’alimenter sans se ruiner.
Les producteurs locaux de la coopérative ont en effet maîtrisé l’évolution tarifaire de leurs produits à 5 % en moyenne, cela grâce à moins de transports, moins d’emballages et moins d’intrants, qui sont pour leur part soumis à une très forte inflation.
 
Accélérer la transition alimentaire
 
Dans sa tribune, Mangez Bio Isère cite l’Observatoire de la restauration durable, qui « montre que les établissements intégrant 20 % de produits bio locaux ont un coût en matières premières équivalent à ceux dont ce pourcentage est infime ».
En Isère, ce sont à ce compte environ 26 % de produits bio et 34 % de produits locaux qui sont intégrés dans les menus des collégiens.
Pour Mangez Bio Isère, les filières bio et locales constituent « une chance » pour le territoire, dans la mesure où elles « s’appuient sur des structures économiques qui dynamisent l’activité », où elles « renforcent l’attractivité des territoires », « créent de l’emploi », « apportent des bénéfices environnementaux induits par l’agriculture bio », notamment par la préservation des sols, des eaux et de la biodiversité. Mais les filières bio permettent également de « recréer du lien entre mangeurs et producteurs, entre territoires de consommation et de production, trop souvent perdus et éloignés ».

MP