Sanitaire
Pour se débarrasser de la BVD

La lutte contre la diarrhée virale bovine est engagée en Isère afin d’éradiquer la maladie le plus rapidement possible.

Pour se débarrasser de la BVD
Sébastien Simian, éleveur et vice-président du GDS, effectue depuis 4 ans des prélèvements de cartilages auriculaires pour la recherche de la BVD sur les veaux naissants.

« Si tous les éleveurs jouent le jeu, nous aurons une éradication de la BVD d’ici deux ou trois ans », espère Sébastien Simian, éleveur laitier à Brézins et vice-président du GDS38. Les élevages bovins doivent se mettre au diapason du plan de lutte national qui vise à éradiquer cette maladie réputée causer des pertes économiques importantes et qui se propage, de troupeaux en troupeaux, entre régions et au-delà des frontières dans le cadre des déplacements d’animaux. Certains pays européens ont déjà réussi à éliminer la maladie. La France espère en venir à bout d’ici deux ans. Elle a pris un arrêté, le 31 juillet 2019, qui a rendue obligatoire la lutte contre la BVD à partir de juillet 2020. La recherche des animaux porteurs du virus a été confiée aux GDS. En Auvergne-Rhône-Alpes, les organismes de gestion et de défense sanitaire pratiquent cette détection obligatoire sur les veaux à la naissance. Les veaux non infectés sont déclarés « non IPI » (Infecté permanent immunotolérant). 

Garanti « non IPI »

Les analyses sur les veaux naissants sont effectuées par prélèvement de cartilage auriculaire au moyen d’une boucle. Pour cela, les éleveurs disposent d’un kit de prélèvement. L’échantillon est ensuite envoyé au laboratoire vétérinaire départemental. La déclaration de naissance doit être faite sous sept jours. En échange, l’éleveur reçoit les papiers de l’animal, son passeport et son attestation sanitaire (Attestation sanitaire à délivrance anticipé ou Asda), c’est-à-dire la carte verte. Tenant compte des délais de retour des résultats du laboratoire, le GDS s’est engagé à envoyer les documents sous 14 jours. Un animal ne peut de toute façon pas sortir avant deux semaines, mais il ne peut pas non plus circuler sans passeport ni carte verte. Dans le meilleur des cas – et le plus fréquent – l’inscription « garanti non IPI » sera apposée sur la carte verte. Si l’analyse n’est pas arrivée, il n’y aura aucune mention, mais le document sera réédité dès le retour du résultat. Enfin, si le veau est IPI, ce sera inscrit sur l’Asda et il faudra l’éliminer. Aussi le GDS conseille vivement de ne pas attendre pour envoyer la déclaration de naissance.

Dépister, prévenir

« Je pratique le test BVD depuis quatre ans, avec la boucle de prélèvement du cartilage auriculaire. Jusqu’à maintenant, je n’ai pas eu d’IPI », témoigne Sébastien Simian. L’éleveur mène non seulement un dépistage systématique, mais il a aussi mis en place un certain nombre de mesures de prévention pour garder son troupeau de 60 vaches laitières de race simmental à l’abri d’une contamination. Une attention particulière est apportée à la gestion des pâtures dans cette ferme où les bêtes sont à l’herbe de mars à novembre. Des haies et des doubles clôtures évitent la rencontre avec d’autres bovins. Cette prévention s’accompagne aussi d’un objectif de contrôle de l’efficacité du plan de lutte dans la mesure où les animaux ne sont plus vaccinés depuis quatre ans. « Pour le moment, je suis épargné », constate l’éleveur sans se prononcer sur une efficacité totale. La vaccination reste cependant nécessaire dans certains types d’élevages, notamment quand les animaux sortent en concours, dans les comices, côtoient un troupeau où le taux de renouvellement est fort ou montent en alpage. Un plan BVD est déclenché dans une exploitation dès qu’un animal est détecté porteur du virus.

Des efforts financiers

Avec 4,5 veaux IPI pour 1 000 naissances, le département de l’Isère se situe dans la moyenne en termes de prévalence qui est de 0,45. Il reste quelques éleveurs à sensibiliser à cette lutte, mais le message finit par passer. D’autant que les collectivités et le GDS ont consentis des efforts financiers. Le Département a d’abord fait un effort sur le coût de l’analyse par cartilage auriculaire qui est de 7,50 euros, prix de base. Ce tarif a été négocié à 4,50 euros pour le GDS qui ne facture que 2 euros à ses adhérents (93% d’entre eux). Enfin, le GDS prend aussi en charge la prise de sang dans le cas où le test de cartilage aurait été incorrect. 

Isabelle Doucet

Analyses / Des prélèvements de qualité
Mme Perrouse, technicienne en sérologie, enregistre les cartilages auriculaires arrivés au laboratoire vétérinaire départemental.

Analyses / Des prélèvements de qualité

« Nous pratiquons en Isère des analysse PCR de recherche de BVD sur cartilage auriculaire, mais nous faisons aussi des analyses à partir des prises de sang effectuées par un vétérinaire », explique Yvette Game, directrice des laboratoires vétérinaires départementaux de l’Isère et de Savoie. Les analyses sanguines concernent les animaux en mouvement qui n’ont pas été testés à la naissance. 
Le test PCR de la BVD consiste à la recherche de l’ARN du virus. « Tout est fonction de la qualité du prélèvement », reprend la directrice. Car l’analyse de cartilage peut être compromise par un échantillon souillé, ou l’absence d’échantillon dans le tube. Le geste de l’éleveur est donc important.

Résultats en 5 à 7 jours

Le laboratoire départemental observe « une montée en puissance des contrôles ». Deux personnes sont mobilisées pour effectuer ces analyses au quotidien. Le nombre de tests peut monter jusqu’à 600 ou 700 par jour ! A partir de la réception du prélèvement, le laboratoire rend les résultats des analyses en 5 à 7 jours maximum afin que la carte verte puisse être délivrée dans le délai de 14 jours. « Entre l’an dernier et maintenant, la donne a changé », reconnaît Yvette Game. Aussi le laboratoire doit-il trouver son rythme. D’autant que ses missions sont plurielles, entre le volet sanitaire et l’hygiène alimentaire. A cela s’ajoute en Savoie la réalisation de tests Covid pour lesquels le laboratoire est équipé. 
La directrice estime, elle aussi, à deux ou trois ans le temps qu’il faudra pour éradiquer la maladie dans la région, compte tenu que le virus, comme les animaux, circule beaucoup.  

ID

La BVD

La maladie des muqueuses/diarrhée virale bovine (BVD) est une maladie virale qui se transmet par contact direct d’animal à animal. 
Un veau infecté (IPI) est un animal qui a rencontré le virus durant la période de gestation de la mère. Conséquence, à la naissance, l’animal présentera des fragilités, mais surtout, c’est une véritable « bombe à virus », capable de contaminer tout un troupeau. Un IPI doit être conduit sous 15 jours à l’abattoir et euthanasié.
Une vache qui est porteuse de la BVD pour avoir contracté le virus pendant sa vie, ne sera pas particulièrement affectée –elle développera même des anticorps à vie-, en revanche, elle donnera toujours naissance à des veaux IPI.