Exploitation forestière
Les acteurs de la forêt de Belledonne créent un « Mode opératoire » pour apaiser les tensions dus aux chantiers d'exploitation

Isabelle Brenguier
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Pour favoriser les liens entre exploitants forestiers et élus locaux, un mode opératoire prévoyant un état des lieux en entrant et en sortant des chantiers, vient d'être lancé dans le massif de Belledonne.

Les acteurs de la forêt de Belledonne créent un  « Mode opératoire » pour apaiser les tensions dus aux chantiers d'exploitation
Une formation a été organisée à Allevard pour lancer le mode opératoire prévoyant un état des lieux d'entrée et de sortie des chantiers le 5 novembre.

Dans les territoires forestiers comme le massif de Belledonne, la réalisation des chantiers s'accompagne parfois de tensions entre les différents usagers. Elles ont pour origine la sortie des bois, le passage des engins forestiers sur la desserte communale, le partage des chemins... Elles sont amplifiées parce qu'aujourd'hui il n'y a plus autant de liens entre les différents acteurs du monde rural qu'auparavant.

Pour en recréer et pour apaiser ces tensions, un outil intitulé « Mode opératoire » a été créé par l’Espace Belledonne, les Communes forestières (Cofor), l’interprofession Fibois, le Département et la Chambre d’agriculture de l'Isère. Il a pour objectif d' « augmenter le dialogue entre professionnels et élus afin de systématiser les déclarations des chantiers et de convenir d’un état des lieux avant et après chacun d’eux ».

Pour le lancer, une formation a été organisée le 5 novembre dernier à Allevard. Mis en place pour éviter les dégâts de voirie lors des chantiers, remettre du réglementaire dans les pratiques et mieux concilier les différentes activités qui se côtoient, ce protocole entre en vigueur dans l'ensemble du massif de Belledonne.

« Au service des élus et des exploitants, ce mode opératoire doit contribuer au bon déroulement des opérations sylvicoles, au maintien des voiries et de la qualité paysagère. Le but est de mettre en relation exploitants et élus locaux grâce à une démarche accessible, harmonisée sur le territoire et automatique », indiquent les élus de l'Espace Belledonne et de la Cofor. 

Réalités des chantiers

Cette mise en relation se matérialise par la réalisation d'un état des lieux de voirie qui doit être renseigné, au début et à la fin du chantier, par les forestiers et les référents communaux forestiers. Ces derniers sont accompagnés dans cette démarche par un conseiller forestier de la chambre d'agriculture.

« Dans la majorité des cas, les référents communaux sont des élus et souvent, ils ne disposent pas de toutes les connaissances forestières nécessaires. Nous intervenons pour leur expliquer les termes techniques et leur faire prendre conscience des réalités d'un chantier. Notre présence permet aussi d'éviter que ces référents n'aillent trop loin dans leurs demandes ou qu'ils ne se fassent abuser », indique David Billaut, du service forêt de la chambre d'agriculture. 

Outil d'apaisement

Pierre Francony, technicien forestier, pour la Coopérative forestière Coforêt, indique réaliser cet état des lieux depuis plusieurs années. « Au départ, nous le voyions comme une contrainte, mais en fait, nous nous sommes rendus compte que cela nous mettait un cadre et que cela nous permettait d'échanger avec tous les acteurs concernés. La démarche est aussi utile aux élus pour échanger avec les administrés et savoir ce qu'il se passe dans leur territoire », explique-t-il.

Plutôt favorables à la mise en œuvre de cet état des lieux, les forestiers présents lors de la formation ont indiqué cependant qu' « il était parfois difficile de trouver les contacts des référents communaux et qu'il serait intéressant que leurs noms, téléphones et mails soient indiqués sur les pages d'accueil des communes ». 

Pour Guénaëlle Scolan, directrice de la Fibois Isère, l'interprofession du bois Grenoble, Auvergne-Rhône-Alpes, « il n'est pas évident pour les exploitants forestiers d'avoir tout en tête. Ils n'ont pas que la voirie. Ils sont confrontés à de nombreuses exigences et contraintes. Il faut donc qu'ils trouvent le moins mauvais des compromis, la meilleure des solutions pour répondre aux différents acteurs des territoires dans lesquels ils interviennent ».

« Cet état des lieux doit être perçu comme un outil d'apaisement et de dialogue. Son idée est que tout le monde joue le jeu car tout le monde a intérêt à travailler dans un environnement de coopération intelligente », ajoute-t-elle.

Isabelle Brenguier