Covid-19
La situation sanitaire se tend en Isère

Isabelle Doucet
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La vague du variant Delta semble atteindre un plateau, mais risque d’être rattrapée par le variant Omicron. En Isère, le taux d’incidence flambe et les services de réanimation affichent complet.

La situation sanitaire se tend en Isère
Christine Cun, représentante de l'ARS et Laurent Prévost, préfet de l'Isère.

Le variant Omicron n’est pas encore arrivé en Isère que le département lutte déjà avec une nouvelle vague épidémique liée au variant Delta. 
« Un taux d’incidence élevé, un système hospitalier en tension : les chiffres traduisent en Isère comme partout en France une recrudescence de l’épidémie », a indiqué le préfet de l’Isère, Laurent Prévost, le 23 décembre. 
Au 22 décembre le taux d’incidence était donc de 727 cas pour 100 000 habitants, soit supérieur de 30% au reste de la France. Il a rapidement grimpé pour sembler atteindre un plateau à la veille de Noël.
Le taux de positivité est très élevé, à 9%, mais correspond aussi à un important nombre de tests réalisés avant les fêtes.
Les hospitalisations covid-19 ont mathématiquement grimpé pour atteindre 267 lits occupés en Isère dont 53 en réanimation au 22 décembre. Les services de réanimation sont sous pression, occupés à 90% en Auvergne-Rhône-Alpes – dont les trois-quarts par des patients Covid-19.
« Nous avons peu de marge de manœuvre », précise Christine Cun, de l’ARS. Car tous les hôpitaux du territoire sont en tension. « Il y a 30 admissions Covid-19 par jour en Isère dont 5 à 10 en soins intensifs », ajoute le responsable de l’ARS. Et les sorties ne compensent pas les entrées car ces malades restent plusieurs jours dans le service.
Elle précise que pour la plupart, les patients en réanimation sont porteurs du virus Delta et non vaccinés. Quant aux personnes vaccinées, soit elles sont immunodéprimées, soit leur dernière injection date de plus de 4 mois.
Christine Cun estime que le risque demeure très élevé avec l’arrivée du variant Omicron, qui devrait se généraliser d’ici une dizaine de jours.
Aussi l’ARS a décidé de déprogrammer toutes les opérations chirurgicales, dans le secteur privé comme public, jusqu’au 3 janvier. Pour le secteur hospitalier grenoblois, passé en plan blanc depuis le 17 décembre, les opérations sont suspendues jusqu’au 15 janvier. 

95 000 injections

La campagne de vaccination bat son plein avec 95 000 injections réalisées en trois semaines, début décembre, soit 75% de plus qu’au mois d’octobre. « Il s’agit essentiellement de rappels », note la représentante de l’ARS.
La vaccination des enfants de plus de 5 ans a débuté en Isère depuis le 22 décembre. Elle est pratiquée au CHU de Grenoble et à l’hôpital de Voiron qui vont élargir leurs créneaux, même si les débuts demeurent timides. Christine Cun signale que les enfants peuvent aussi développer des formes graves de la maladie. 
Enfin, le taux de vaccinés dans les Ehpad atteint les 93,3% chez les résidents et 92,8% chez les professionnels, des chiffres légèrement supérieurs à la moyenne nationale. 
Le préfet a tenu à souligner l’investissement des professionnels libéraux, médecins, pharmacien(ne)s, infirmier(e)s dans cette campagne vaccinale (+40%), dans une logique de proximité.
Les points de vaccination se multiplient, mais les grands vaccinodromes ne seront pas reconduits. La prise de rendez-vous se fait en ligne en Isère plutôt via le site Keldoc que Doctolib, ou encore Vitmadose pour les créneaux qui se libèrent en dernière minute.
Les plus de 65 ans dont le passe sanitaire risque d’expirer rapidement peuvent se présenter sans rendez-vous.
Pour Laurent Prévost, il convient cependant d’aller « encore au-devant des Ehpad et des personnes âgées à l’extérieur », quitte à envoyer des équipes mobiles pour qu’elles parviennent à se faire vacciner.
« Il y a encore des personnes qui ne sont pas entrées dans le schéma vaccinal, constate-t-il. Cela reste un public en direction duquel l’effort pédagogique doit encore se développer. »

Des contrôles en station

Les dépistages sont aussi allés bon train ces derniers jours de sorte qu’il n’y avait plus de créneau disponible dans les laboratoires. La seule possibilité restait l’autotest, à condition d’en trouver.
« C’est l’option la plus pertinente, a assuré Christine Cun. Il y a beaucoup de fournisseurs accrédités. » Elle se veut rassurante quant aux approvisionnements. 
Face à cette situation de tension, le préfet de l’Isère a rappelé les règles en vigueur : gestes barrière et aération des pièces, port du masque dans tous les établissements recevant du public (ERP) et en extérieur dans tous les rassemblements, marchés, brocantes, files d’attente et sorties d’école.
Les contrôles dans les lieux publics où le passe sanitaire est requis seront désormais assortis de sanctions en cas de défaut de présentation.
Les gendarmes sont déjà intervenus en station dans le Vercors pour contrôler les passes, avec quelques surprises d’usurpation de passes. « C’est contraignant, mais c’est la condition pour que la saison de ski se poursuive », a déclaré le préfet. De nouveaux contrôles seront effectués dans les grandes stations et en ville.
Enfin, le préfet a énuméré une série de recommandations pour les fêtes de fin d’année et les vœux, demandant de déprogrammer les rassemblements de personnes et « de contrôler les accès là où ces événements sont maintenus ».
Pas d’interdiction en vue donc, mais le préfet demande que ces temps forts soient reportés ou annulés. 

Isabelle Doucet