Dans l'industrie laitière, la production continue. Il n'y a « pas de souci particulier », assure Paul Faure, le président de Vercors Lait. Les process de fabrication faisant l'objet de mesures d'hygiène et de contrôles drastiques, les responsables sont sereins. « L'hygiène est notre priorité : tout est nettoyé comme jamais et nous sommes plus qu'équipés en masques et en gel hydro-alcoolique », ajoute Franck Morize, de la laiterie du Mont-Aiguille.

En début de semaine, les laiteries, quelle que soit leur taille, n'enregistraient pas de défection majeure. « Pour l'instant, ça tient, affirme Jean-Paul Picquendar, directeur de Sodiaal Union Sud Est. Nous avons quelques absences, pour garder les enfants ou parce que certains salariés pensent avoir été contaminés. Mais dans l'ensemble, ce qui est très positif, c'est que des producteurs aux salariés, tout le monde a bien conscience que nous avons une mission particulière à assurer, comme pour les professionnels de santé. »

Cette semaine, l'usine de Vienne a un « gros programme » en perspective pour reconstituer des stocks mis à mal par la ruée sur les supermarchés après l'annonce du confinement. « Nous allons faire 20 à 25% de plus que la normale, précise Jean-Paul Picquendar. Nous avions une dizaine de jours de stock, mais ils ont été écoulés en trois jours. »

Consignes sanitaires

Combien de temps les appareils de production vont-ils pouvoir tenir ? C'est la question que tout le monde se pose. Sodiaal se veut rassurant pour ce qui est de la fabrication comme de la collecte. La coopérative a transmis des consignes sanitaires très strictes : camions désinfectés entre chaque poste, mesures barrières dans les sites industriels (désinfection systématique des écrans, des outils...). Elle a par ailleurs demandé aux producteurs de lait de mettre du savon, un point d'eau et de l'essuie-tout jetable à dispositon des chauffeurs-collecteurs. « Les exploitations ont totalement joué le jeu », salue le directeur de Sodiaal Union Sud Est.

Mais la propagation extrêmement rapide de l'épidémie laisse entrevoir pas mal de complications à court terme. Par ailleurs, les mesures de confinement et la suspension de certains services vont bientôt poser des difficultés logistiques (transport, maintenance, emballage...), sans compter les problèmes techniques. Entre les contrôles techniques des camions, la validité des permis ou des certificats qui arrivent à terme (en agriculture biologique par exemple), les interrogations sont nombreuses. « Tous les audits de terrain sont suspendus jusqu'à nouvel ordre, indique Jean-Paul Picquendar. Si nous n'avons pas de souplesse sur ces sujets, nous allons rapidement gripper. »

Marianne Boilève