Rhône-Alpes
La moitié des cours d’eau jugée "en bon état écologique"

Le 18 novembre, l’Agence de l’eau Rhône-Méditerranée-Corse a présenté les résultats d’analyses des rivières et nappes souterraines de son réseau. Si la présence de micropolluants est en baisse, des efforts restent à fournir concernant les prélèvements en eau.

La moitié des cours d’eau jugée "en bon état écologique"

Toutes filières confondues, le leit­motiv est le même : 2022 a été l’année de tous les records, mar­quée par une sécheresse importante et une baisse historique de la pluviométrie. « Le 18 juin, il faisait 9,8°C au sommet du Mont-Blanc », a tenu à souligner Martial Saddier, président du comité de bas­sin Rhône-Méditerranée de l’Agence de l’eau Rhône-Méditerranée-Corse.

Chaque année, cet organisme contrôle la qualité de l’eau grâce à près de 5,5 millions d’analyse réparties sur l’en­semble de son réseau. « La tendance est que la qualité s’améliore… Mais nous sommes persuadés que l’eau doit repas­ser sur la pile du dessus et devenir la priorité nationale en matière d’enjeux environnementaux. » 

Un état écologique en progression au fil des années

Dans les bassins de Rhône-Méditerranée et de Corse, cette amélioration est no­tamment le résultat d’une baisse notable des pollutions organiques. Les concen­trations en ammonium et en phosphore ont été divisées par vingt et dix en trente ans. Concernant la zone Rhône-Alpes, 52 % des rivières sont jugées en « bon état écologique », tandis que 81 % des nappes souterraines affichent un bon état chimique. Les états jugés mauvais ou médiocres concernent surtout les zones de plaine.

Concernant les micro­polluants, le niveau de concentration en métaux dans les rivières a été divisé par six en quinze ans. Le résultat d’opéra­tions collectives mobilisant les collecti­vités et le tissu industriel, afin de mieux traiter les eaux usées avant leur rejet. Les efforts paient, certes. Mais les défis en termes de concentration de subs­tances toxiques dans les eaux restent omniprésents. Selon l’Agence de l’eau, plus de 50 % des substances toxiques dans les rivières sont des pesticides, le glyphosate et son métabolite l’AMPA arrivant en tête. «

Pour pallier l’inter­diction des triazines dans les traitements herbicides, elles ont été majoritairement remplacées par une autre substance, le smétolachlore, dont les produits de dé­gradation se retrouvent très fréquemment dans les eaux », assure l’Agence de l’eau. Au total, 280 substances phytosanitaires différentes ont été quantifiées dans les cours d’eau du réseau en 2021. Pour les eaux souterraines, ce chiffre a été évalué à 61.

Diversifier les cultures pour préserver la qualité de l’eau

Face à cette menace pour l’alimentation en eau potable, Bièvre Isère communauté développe, pour les vingt prochaines années, la culture de 3 ha de miscanthus sur l’aire d’alimentation de captage de Saint-Jean-de-Bournay. « La culture de miscanthus nécessite peu d’intrants et quasiment pas d’engrais ni d’irrigation », indique Nicolas Alban, directeur de la délégation de Lyon de l’Agence de l’eau. Surtout, cette plante herbacée offre plusieurs débouchés exploitables, dont le chauffage en tant que biomasse.

En septembre 2024, la collectivité compte donc installer une chaudière à miscanthus poly combustible pour son gymnase neuf. « Un choix ambitieux, qui coûte plus cher qu’une chaudière normale, mais qui va faire travailler trois agriculteurs et qui va avoir un impact direct sur la qualité de l’eau de ce captage », conclut le responsable. Coût de l’opération ? Près de 326 000 €, dont 83 000 € de subventions pour l’achat de la chaudière à miscanthus au sein du futur gymnase. Un exemple de projet qui démontre bien le maître-mot de l’Agence de l’eau : économiser la denrée et limiter l’écoulement de l’eau.

Léa Rochon

Des projets de réserves en eau admis « dans certains cas »

Dans ce cadre, des projets de réserves en eau peuvent-ils émerger comme une solution à la sécheresse persistante en agriculture ? « Dans certains cas et en respectant beaucoup de règles », a indiqué le président Martial Saddier, avant de détailler qu’une des conditions sine qua non sera d’avoir « un arrêté du préfet qui indiquera les périodes durant lesquelles il sera possible ou non de les remplir » et dont les usages devront être multiples (N.D.L.R. pastoralisme, incendies de forêt, eau potable).

Une solution qui n’a également pas été écartée par le président concernant la neige de culture. « Pas systématiquement pour, pas systématiquement contre : c’est-à-dire, en prêtant attention à l’endroit où ils sont installés et en mesurant la capacité du bassin-versant, avec des arrêtés de remplissage précis et un multi-usage. »

L.R.