Dégâts de gibier
Croissance du chevreuil dans le Nord-Isère

Morgane Poulet
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Le 16 mai, des représentants de la Fédération de la chasse se sont rendus sur les parcelles de Dominique Bonnardon, pépiniériste, pour constater des dégâts de gibier.

Croissance du chevreuil dans le Nord-Isère
Dominique Bonnardon montre que ses plantations devraient atteindre le sommet des tuteurs de 3,66m mais qu'elles en sont empêchées par les chevreuils, qui grignotent les jeunes pousses.

« Je demande à ce que mes cultures soient sauvées », a expliqué Dominique Bonnardon aux représentants isérois de la Fédération de la chasse. Le 16 mai, ces derniers se sont rendus dans les parcelles côtoises du pépiniériste pour constater les dégâts occasionnés par les lièvres et surtout par les chevreuils. Ses 85 hectares de cultures étant représentatives des dommages subis dans le reste des pépinières iséroises, il s’agissait d’apporter des prémices de solutions pour lutter contre ce problème.

Prolifération des chevreuils

L’implantation des chevreuils en plaine s’est considérablement accélérée dans la Bièvre, ces dernières années. Et pour se nourrir, l’espace étant déboisé, il ne leur reste que les pépinières. Chose d’autant plus aisée pour eux que les chasseurs ne peuvent pas effectuer de tir au cœur des pépinières pour des raisons de sécurité.
Pour Dominique Bonnardon, qui possède 85 hectares de pépinières sur dix communes, dont 30 hectares à La Côte-Saint-André, il est nécessaire de trouver une solution. « Le chiffre d'affaires généré par un hectare de pépinière avoisine les 150 000€ », explique-t-il, ce qui justifie une demande de régulation.
Les lièvres et les chevreuils mangeant les jeunes pousses, les arbres ne peuvent pas grandir. « Il faut compter trois à quatre ans avant de commercialiser un arbre. Je ne connaîtrai donc pas de répercussion tout de suite mais dans trois ans, oui », précise Dominique Bonnardon. Il prend l’exemple de ses cornouillers, « qui font la même hauteur depuis trois ans ». « Nous sommes obligés de laisser des arbres frottés afin que les chevreuils, voire les cerfs, ne s’en prennent pas à d’autres », ajoute-t-il. Il a par exemple retrouvé l’un de ses mélèzes couché par les frottements des bois du gibier.
Antoine Grain, administrateur à la Fédération départementale des chasseurs de l’Isère, explique que le tir d’affût ne suffirait pas à éloigner les nombreux chevreuils présents dans les pépinières. « Il faut que nous trouvions quoi faire avant l’ouverture de la période de chasse », ajoute-t-il, « nous devons faire du dérangement ».

Entente trouvée

Hubert Avril, représentant agricole de la Commission départementale de la chasse et de la faune sauvage au titre de la FDSEA de l'Isère, explique qu’il n’est « pas possible de rester comme cela » et qu’il est « nécessaire de faire évoluer les techniques de chasse ».
Pour cela, un accord a pu être trouvé. Dominique Bonnardon fera une déclaration de dégâts de gibier qui servira « d’élément probant sur lequel les chasseurs pourront s’appuyer », explique Jean-François José, vice-président de la Fédération de la chasse d’Isère. Les chasseurs lui fourniront également une dizaine de manchons pour tenter de protéger les jeunes plants. Lorsque la période de chasse sera ouverte, ils pourront réaliser des battues autour des parcelles après avoir planifié cela avec le propriétaire des lieux. Ils pourront aussi se rendre dans les parcelles avec leurs chiens, mais sans fusil.

Morgane Poulet

Les dégâts de gibier dans les pépinières
Le plant a été coupé nettement, ce qui indique qu'un lièvre l'a mangé.

Les dégâts de gibier dans les pépinières

Dans les pépinières, les chevreuils et les lièvres mangent les jeunes pousses des arbres. Chez Dominique Bonnardon, les plus touchés sont les cornouillers, les érables et les tilleuls. Pour reconnaître quel animal s'est attaqué au plant, il faut observer la pousse : les chevreuils la grignotent tandis que les lièvres la cisaillent nettement.
Il existerait différents moyens pour tenter de lutter contre ces dégâts :
- la mise en place de manchons, qui sont de grands cylindres pouvant mesurer jusqu'à 1,20 m ;
- l'installation de clôtures autour des parcelles ;
- l'utilisation de cheveux (l'odeur de l'homme éloigne les chevreuils) ou de laine de mouton, mais cela n'a pas fonctionné pour Dominique Bonnardon ;
- l'emploi de répulsifs comme celui de la marque Trico, qui serait bien toléré par les feuillus et les résineux et qui ne bloquerait pas leur croissance. Dominique Bonnardon essayera de l'utiliser.

Emma Collomb