Concours départemental d’élevage
L’évolution réussie de l'exploitation familiale de Julien Armanet

Isabelle Brenguier
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L’exploitation familiale de Julien Armanet à Saint-Jean-de-Bournay n’a pas toujours eu la configuration qu’elle a aujourd’hui. Elle s’est adaptée. Aux évènements, à son temps, à son environnement. 

L’évolution réussie de l'exploitation familiale de Julien Armanet
Éleveur à Saint-Jean-de-Bournay, Julien Armanet est très attaché au bien-être de ses bêtes.

Julien Armanet a depuis toujours la passion de l’élevage. C’est donc tout naturellement qu’il a marché dans les pas de son père pour continuer de faire vivre la ferme familiale de Saint-Jean-de-Bournay. Mais les crises de la vache folle et de la fièvre aphteuse ne lui ont pas permis de s’installer avec lui comme prévu.

Qu’importe, il est allé travailler à l’usine pendant plusieurs années, le temps de réfléchir au modèle à développer pour pérenniser l’exploitation : une activité d’élevage de charolaises achetées dans le bassin éponyme et une autre de production de foin.

« Grâce à ces deux productions, je suis plus serein. Si l’une vacille, l’autre compense », assure l’agriculteur qui compte aujourd’hui sur un chiffre d’affaires de 120 000 euros.

Bien-être animal

Son activité d’élevage repose sur la mise en œuvre d’une rotation sur trois ans. Chaque année, il achète une quinzaine de bêtes, qu’il nourrit à 95 % des produits de son exploitation - du foin de ses prairies naturelles, agrémenté d’un complément de luzerne et de farine d’orge.

Pour Julien Armanet, le bien-être animal n’est pas un concept, c’est le mode de vie de ses bêtes. « L’été, elles sont dans les prairies environnantes. L’hiver, elles sont dans des stabulations équipées de brosses mécaniques pour être constamment brossées. Elles sont nourries et paillées matin et soir et comme je suis organisé en petites bottes, c’est moi qui leur donne. En fait, je suis toujours avec elles », explique l’agriculteur.

Aujourd’hui, il fait abattre une quinzaine d’animaux par an. A l’abattoir de Corbas, moins loin que celui de Grenoble. Cela l’empêche de prétendre à la marque « IsHere », mais fait gagner un confort à ses animaux.

Il avait commencé par trois à quatre bêtes par an. Puis il a développé cette activité. Il a construit un laboratoire de découpe dans l’enceinte de son exploitation et utilise les services d’un boucher professionnel, engagé comme prestataire.

Attaché à produire une viande de qualité, Julien Armanet travaille des génisses âgées de trois ans et demi, quatre ans, qu’il fait maturer en chambre froide pendant une dizaine de jours avant de les faire préparer. Ainsi, il propose des colis de différentes pièces conditionnées sous vide.

L’installation lui a demandé des investissements, mais elle en valait la peine.

Biodiversité

Initialement, les terres de l’exploitation étaient réparties entre prairies et céréales. Aujourd’hui, tout (75 hectares) est en prairies. Uniquement. Elles servent à l’alimentation de ses génisses et à la production et à la vente de foin (environ 300 tonnes par an commercialisées à 70 %) qu’il promet à une clientèle de fidèles. Il assure lui-même une partie des livraisons et en sous-traite une autre à un transporteur.

Comme tout le ramène à son élevage, Julien Armanet s’est aussi posé des questions sur la qualité de ses prairies. Intéressé par les légumineuses et les graminées, il s’est rapproché des services spécialisés de la Chambre d’agriculture de l’Isère pour mettre en place des essais de variétés semées en direct.

« En 2021, j’ai franchi le cap et investi dans un semoir pour faire du semis direct dans mes prairies sans dégrader ce qui est en place. Depuis toujours, je n’utilise aucun désherbant. Je suis à fond dans la biodiversité, avec des actions telles que l’entretien des haies et la rénovation d’une mare », poursuit-il.

Sa conduite d’exploitation lui a permis d’être labellisé HVE 3 (Haute valeur environnementale) sans changer ses pratiques. Cela représente pour lui une réelle reconnaissance qui l’a aussi amené à intégrer le dispositif de PSE (Paiements pour services environnementaux).

Isabelle Brenguier

Julien Armanet commercialise des colis de viande bovine.