ENVIRONNEMENT
Sous l’impulsion des filières d’élevage, des démarches bas-carbone se développent

Disposant d’un immense potentiel pour réduire ses émissions de gaz à effet de serre et piéger du carbone, l’agriculture est au cœur de la stratégie bas-carbone de la France. Depuis plusieurs années, des démarches d’évaluation de l’activité et de développement de meilleures pratiques sont en cours.

Sous l’impulsion des filières d’élevage, des démarches bas-carbone se développent
Marie-Thérèse Bonneau, présidente de France Carbon Agri : "Faire l’interface entre les vendeurs et les acheteurs de crédits carbone". ©France Carbon Agri

Régulièrement critiquées, les filières d’élevage sont les premières à avoir pris les devants en matière de gestion du carbone. Dès 2015, l’outil Cap’2ER a été lancé par l’Institut de l’élevage pour sensibiliser les éleveurs et évaluer l’empreinte environnementale de quelque 22 680 exploitations. Un outil qui porte aujourd’hui ses fruits notamment pour la filière bovine qui dévoile déjà ses premières fermes labellisées bas-carbone. Créé en avril 2019 par le ministère de la Transition écologique, ce label vise à récompenser l’ensemble des démarches engagées par les filières pour réduire leurs émissions de gaz à effet de serre. Il devrait prochainement s’appliquer à la filière volaille qui a démarré des travaux pour adapter l’outil Cap’2ER aux spécificités des productions avicoles. Du côté de la filière porcine, un outil nommé Geep, lancé en 2014, a permis de réaliser 600 diagnostics de performance environnementale. L’objectif fixé est de diviser par deux l’empreinte carbone moyenne du porc pour atteindre 1,5 kg de CO2 par kg de viande. Les filières végétales ne sont pas non plus en reste. Si en arboriculture aucune méthode à grande échelle n’a encore été déployée malgré plusieurs démarches localisées, la filière grandes cultures devrait quant à elle bénéficier dès l’année prochaine du label bas-carbone. Plusieurs initiatives prometteuses comme le projet Syppr de Terres Innovia et Arvalis sont également menées un peu partout sur le territoire.

Création de France Carbon Agri Association

Décidément très impliqués dans la lutte contre les émissions de gaz à effet de serre, les représentants d’éleveurs ont lancé en avril 2019 France Carbon Agri Association. « Cette association a pour but de faire l’interface entre les vendeurs et les acheteurs de crédits carbone. Nous souhaitions optimiser les crédits carbone au profit des agriculteurs afin d’assurer une retour financier proportionnel à la réduction des émissions », explique Marie-Thérèse Bonneau, présidente de France Carbon Agri Association. Concrètement, l'association travaille à la création de contrats tripartites sécurisants avec les acheteurs et les vendeurs et à la constitution d’offres groupées plus valorisantes. Une démarche largement soutenue par la FNSEA qui a fait de la lutte contre les émissions de gaz à effet de serre l’un de ses axes stratégiques. « L’agriculture a déjà diminué de 12 % ses émissions de gaz à effet de serre depuis 1990 mais le prochain objectif est de réduire de 40 à 45 % nos émissions. Le potentiel en matière de piégeage du carbone est là et nous nous efforçons d’encourager toutes les initiatives », explique Olivier Dauger, référent énergie climat à la FNSEA. Carole Le Jeune, chargée de mission énergie climat à la FNSEA, a travaillé aux côtés de l'agriculteur à la rédaction du rapport d’orientation du syndicat majoritaire sur le changement climatique. Le piégeage du carbone y a toute sa place. « L’idée, c’est d’être pro-actif en matière de communication, de faire comprendre que le défi climatique peut représenter une opportunité pour l’agriculture. Pour nous, l’enjeu est surtout d’éviter que les initiatives ne partent dans tous les sens et nous nous efforçons de rassembler les filières autour de cet objectif commun », explique-t-elle.

Pierre Garcia