Technique
Une nouvelle technique pour traiter ses champs

Morgane Poulet
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Le 9 mars, le Chambre d’agriculture de l’Isère a organisé une matinée d’échanges autour de la pulvérisation ciblée.

Une nouvelle technique pour traiter ses champs
La Chambre d'agriculture de l'Isère a organisé une matinée dédiée à la pulvérisation ciblée.

Depuis l’été 2019, France Pulvé réalise des tests au champ et avec des machines, que ce soit en France ou à l’étranger, comme en Suisse, en Italie, en Bulgarie ou en République tchèque. L’intérêt de la pulvérisation ciblée est de ne traiter que la cible. « Cela doit donner au système un maximum d’amplitude d’utilisation », explique François-Xavier Janin, responsable produits à France Pulvé. La Chambre d’agriculture de l’Isère a ainsi organisé une matinée théorique dédiée à cette technique le 9 mars.
 
Fonctionnement
 
La pulvérisation ciblée détecte des modèles mathématiques, appelés « algorithmes », qui sont développés grâce à l’intelligence artificielle. Ces modèles reposent sur la forme, la texture et la couleur de la cible.
L’intelligence artificielle commence par apprendre à reconnaître les adventices concernées, ce qui lui permet par la suite de les identifier avec précision et de créer une carte de cibles en temps réel. Des caméras sont placées sur les outils agricoles, ce qui permet à l’intelligence artificielle d’analyser les images du capteur installé en temps réel.
Selon la méthode utilisée, toutes les cibles vertes peuvent être détectées dans l’environnement (« green on brown »), ou bien la cible verte peut être détectée parmi une culture (« green on green »). Et la pulvérisation ciblée est utilisable en désherbage total et a l’avantage de fonctionner de nuit.
 
Création d’un modèle
 
Pour revenir avec plus de précision sur la création du modèle, un « cerveau » est greffé en fonction de ce que l’on veut faire. Par exemple, pour aboutir à un modèle de maïs, des photos sont prises à intervalle régulier avec des caméras installées sur l’engin agricole. Les images sont ensuite débarquées sur ordinateur et des annotations sont réalisées pour dire au modèle à quel endroit se situe le maïs. Le modèle informatique repère ensuite la plante ciblée en fonction de sa forme, de sa couleur et de sa texture. L’intelligence artificielle doit tout de même être alimentée par un certain nombre d’images et de types de sol pour être efficace.
Et lors des utilisations suivantes, le système cherche le modèle qui a été enregistré pour analyser les données qu’il récolte. Une fois que le modèle est donné, il est soit traité en temps réel, soit de la cartographie est générée pour être donnée à un autre utilisateur qui n’a pas forcément de caméra mais qui va vouloir utiliser la détection par carte.
 
Nouvelle technologie
 
Cette technologie repose sur un élément essentiel : la couleur. Cette dernière permet de tout différencier.
Elle peut se servir de la « vegetation reflectance », un système dans lequel plus la teneur en eau est élevée, plus la réflectance de la végétation diminue.
Le deuxième système existant est celui du « greeneye » : toute la bande de couleurs visibles et invisibles à l’œil humain est utilisée. En agronomie, la bande infrarouge est intéressante, car elle donne des informations sur le stress des plantes.
Concrètement, les caméras utilisées sont montées sur des mats, tous les trois mètres, et pèsent environ 500 grammes chacune. Elles se situent à 1,7 mètres, voire à 1,8 mètres de la cible, ce qui permet une certaine anticipation pour faire tourner le modèle et repérer les cibles. Le travail continue pour améliorer ce système et les caméras intégrées aux roues sont en cours de développement, car cela permet de gagner en poids. Et sur un appareil de 30 mètres de large, onze caméras peuvent être installées.
 
Applications possibles
 
Pour le désherbage des parcelles, une première solution peut être choisie. Il s’agit du sniper « on/off ». La buse s’ouvre dès que la cible est détectée.
La deuxième solution est celle du sniper « bi-dose ». Il s’agit de modifier la dose de produit appliquée dès que la cible est détectée. Pour cela, deux volumes par hectare sont enregistrés dans le boîter. Il faut systématiquement pulvériser à une dose, par exemple 100 litres par hectare, puis en deux doses, par exemple 200 litres par hectare, à détection de la cible. Cette technique permet le traitement de cibles de petites tailles.

Morgane Poulet