Concours départemental d’élevage
Entre filière longue et circuits courts, le Gaec de la Combe du Rasat a différentes cordes à son arc

Isabelle Brenguier
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Installée en bovin lait et production procine à Saint-Jean-de-Bournay dans la tradition familiale, la famille Gérin a fait évoluer l’exploitation pour que tous ses membres y trouvent leur compte. Rencontre.

Entre filière longue et circuits courts, le Gaec de la Combe du Rasat a différentes cordes à son arc
Céline Gérin et son fils, Guillaume, sont installés au sein du Gaec de la Combe du Rasat, à Saint-Jean-de-Bournay.

Céline Gérin est installée comme agricultrice à Saint-Jean-de-Bournay depuis 25 ans.
Après différents changements, la ferme familiale dénommée le Gaec de la Combe du Rasat, se compose aujourd’hui de 90 vaches laitières de race montbéliarde produisant 720 000 litres de lait, de 200 hectares de surfaces agricoles incluant prairies et céréales, et d’une production d’une centaine de porcs charcutiers, transformés et vendus à la ferme.

« Même si nous sommes polyvalents, les terres sont plutôt l’affaire de mon mari, Laurent, et les cochons, celle de mon fils, Guillaume, qui s’occupe exclusivement de la transformation. Quant à moi, je m’occupe du troupeau laitier », précise l’exploitante.

Le sens du collectif

Au gré des années, les propriétaires ont modernisé leur exploitation. L’installation de Guillaume en 2019 lui a fait prendre un nouveau virage avec la création de l’atelier d’engraissement et de transformation de porcs.

« Cela nous a incité à nous diversifier et à développer la vente directe », souligne l’agricultrice. Car si la production laitière est commercialisée chez Sodiaal, celle de céréales chez Oxyane et auprès de la maison Cholat, les produits issus des porcs sont vendus dans leur magasin à la ferme et dans deux magasins de producteurs du secteur.

Bien intégrés dans leur territoire, les Gérin pratiquent l’entraide pour les gros travaux, adhèrent à la Cuma de l’Avenir pour l’utilisation de nombreux matériels : remorques, bennes, plateaux fourragers, semoirs à maïs, épandeurs… et au service de remplacement (SR) du canton de Saint-Jean-de-Bournay.

Si Céline Gérin est plutôt d’un naturel solitaire, elle a aussi le sens du collectif, estimant que « même si ce n’est pas toujours facile, le collectif, c’est la vie ». Elle est ainsi trésorière de la Cuma et responsable du planning du SR du secteur.

Satisfaction personnelle et familiale

Depuis son installation en 1997, le temps a passé et elle l’avoue, l’enthousiasme des débuts aussi. « Le prix du lait n’est pas suffisant par rapport aux charges qui ne cessent d’augmenter », soutient l’agricultrice.

« Financièrement, c’est difficile. Pour y arriver, il faut de grosses fermes, des bâtiments, du matériel. Et en même temps, on se pose des questions. Nous avons construit un nouveau bâtiment en 2010. Il est fonctionnel, mais parfois, nous nous demandons si nous n'aurions pas dû simplement rester avec nos 40 vaches. Car aujourd’hui, nous sommes toujours en train de courir. Et puis les relations avec les personnes extérieures au monde agricole ne sont pas toujours faciles », avance-t-elle, un peu désabusée.

Pour autant, Céline Gérin reconnaît encore les avantages du métier : la liberté, la réalisation de tâches variées, le travail avec le vivant, le plaisir des naissances et d’élever plusieurs générations d’un troupeau. Elle en tire aussi la fierté d’avoir installé son fils conformément à ses désirs, et beaucoup de satisfaction personnelle et familiale. « Ce que nous avons, nous l’avons nous-mêmes créés », assure-t-elle.

Isabelle Brenguier