Beaucroissant
« On a assassiné l’élevage »

Isabelle Doucet
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Max Josserand, négociant à Saint-Cassien et habitué de la Foire de Beaucroissant, pose un ragard lucide sur le monde de l'élevage.

« On a assassiné l’élevage »
Max Josserand et une future installée en élevage bovin.

Infatigable marchand de bestiaux, pilier de la Foire de Beaucroissant, humaniste et fin analyste du monde de l’élevage, Max Josserand n’a pas eu les honneurs du cortège cette année.
Peu importe, le négociant de Saint-Cassien livre ses impressions aux très nombreuses personnes qui viennent lui taper dans la main. « L’élevage bovin, que ce soit en lait ou en viande, refait surface, constate-t-il, au rayon du positif. Les cours sont bons et il n’y a pas de surproduction ».
Mais il ponctue ses propos d’un lourd bémol. « On a pratiquement assassiné l’élevage », se désole-t-il.
L’élevage est accusé de tous les maux et les jugements autoalimentés par le grand public et les médias ont fait basculer les éleveurs de la fierté à la honte. Résultat : la lassitude et « des cessations à répétition. Trois fermes d’élevage bovin qui arrêtent en Isère cette semaine », constate Max Josserand.
Le périmètre du no man’s land laitier autour de Grenoble ne cesse de s’élargir.
« À la foire, on cherche les éleveurs, reprend le négociant. Pourtant c’est un espace de liberté et un lieu de rencontre qui a toujours sa valeur. »
L’homme ne perd pas espoir pour autant – ce n’est pas son genre – car il a rencontré sur le foirail des jeunes encore mordus par le métier d’éleveur. « 60 ans d’écart, ça fait plaisir ! »
Enfin, il serait parfaitement heureux si quelques ingénieurs grenoblois parvenaient à mettre au point un système pour récupérer le méthane émis par les vaches.

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